Kia Sportage : Un (faux) 4x4 coréen sobre, confortable, familial et... garanti sept ans

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1213  mots
Copyright Reuters (Crédits : <small>Kia</small>)
Jouissant de la bonne fiabilité des derniers modèles coréens, le (faux) 4x4 Sportage, ici essayé avec un petit diesel, est séduisant. Il n'a rien de sportif et ses tarifs ne sont plus si attractifs. Mais, bien dessiné, habitable, doux à l'usage et peu vorace en carburant, il mérite qu'on s'y intéresse.

Ah, les Coréens ? Il y a vingt ans, tout le monde rigolait devant leurs modèles bas de gamme et peu fiables. Mais, aujourd'hui, qui oserait se moquer de Hyundai-Kia, le cinquième groupe automobile mondial qui produit deux fois plus que PSA Peugeot Citroën ? Avec la berline compacte Cee'd, l'une des meilleures de son segment, le 4x4 compact Sportage démontre le savoir-faire de la marque Kia. Assemblé dans l'usine slovaque ultra-moderne de Zilina, garanti sept ans ou 150.000 kilomètres, ce (faux) 4x4 d'allure ramassée, carrée, solide, est séduisant. Il est vrai que le patron du design de Kia, l'allemand Peter Schreyer, est un transfuge d'Audi, où il avait créé l'emblématique TT...

Intérieur noirâtre

A l'intérieur, le design est moins réussi, plus banal. Le côté massif suggère la robustesse. Rien à redire de ce côté là. Mais les plastiques durs, bas de gamme, sont peu flatteurs. Décevant par rapport à l'extérieur. L'ambiance noirâtre, sinistre, n'est pas chaleureuse, ni raffinée. Quant au tissu de sièges rugueux, il n'arrange rien. En revanche, saluons la bonne position de conduite, en hauteur, et l'ergonomie simple. Pas besoin de se creuser la tête pour trouver les diverses fonctions. Cette évidence des commandes nous ravit, comme le maniement du système audio où tout est parfaitement repérable en un clin d'?il. Bravo. Audi ou BMW devraient s'en inspirer. Les assemblages apparaissent rigoureux, à la japonaise. Et nous n'avons pas retrouvé les bruits divers du premier modèle essayé il y a deux ans. Il y a donc visiblement du mieux côté insonorisation. L'habitabilité et l'accessibilité sont tout à fait accueillantes. Mais le coffre, géométrique, n'est pas suffisamment haut. Saluons le très agréable toit ouvrant panoramique (option à 800 euros), mais pas le « pack navigation » cher (1.800 euros) et comportant une caméra de recul qui se projette en tout petit sur le rétroviseur intérieur. Enfin, sous la pluie, déplorons des essuie-glaces, de série eux, bruyants et pas très efficaces. Quant à la fonction déclenchement automatique, elle apparaît trop paresseuse. Dans les petits détails irritants, signalons aussi des portières qu'il faut claquer pour qu'elles se ferment. Un petit réglage en usine serait le bienvenu.

Conduite sans problèmes, mais direction inconsistante

La conduite ne pose pas de problème, même si les seules roues avant motrices (sur notre modèle d'essai) sont parfois dépassées par les événements en cas de trop forte accélération sur des pavés mouillés. Mais, bon, un Volvo XC60 ou un Volkswagen Tiguan 4x2 ne font pas mieux. Les enchaînements de virages et changements d'appui ne sont pas son fort, surtout que les pneus coréens ne valent pas une monte européenne. La voiture, aux suspensions très souples, se montre placide, absolument pas sportive. Mais, comme en contrepartie, le confort impressionne par son moelleux, nous ne nous montrerons pas trop critiques sur ce point. Car c'est quand même bien agréable un modèle aussi prévenant sur les dégradations de la chaussée, involontaires à cause de l'usure du temps ou volontairement provoquées par les pouvoirs publics afin de brutaliser les automobilistes, considérés a priori comme d'ignobles chauffards en puissance... Mais il y a un gros défaut, quand même ! Nous n'avons pas en effet apprécié cette foutue direction, trop légère et inconsistante, qui donne une fâcheuse sensation de flou à haute vitesse comme en virage. Au début, ça surprend. Evidemment, au bout de deux ou trois jours, on s'y habitue. Mais, un peu plus de précision ne ferait pas de mal. Et ce, d'autant qu'il faut assimiler un manque de rappel en ligne droite, le volant étant plutôt lent à revenir au point milieu. Bref, le Sportage est un véhicule calme, appréciable pour sa douceur et son confort.

 

Petit moteur réussi

Si le comportement routier n'est pas vraiment convaincant, le petit moteur de 1,7 litre de cylindrée et développant 115 chevaux, lui, est une réussite. Souple, efficace - même si un rien bruyante et limitée à bas régime -, cette mécanique diesel fait toujours preuve d'une parfaite éducation, ne distillant jamais un à-coup. Beaucoup mieux que le dCi Renault de 1,6 litre avec lequel on risque de caler au démarrage. La boîte de vitesses est un tantinet rugueuse, mais sa précision la rend tout de même très plaisante à manipuler - sauf la marche arrière qui accroche un peu. Elle est secondée par un embrayage au poil. Tout cela est intelligemment conçu, très homogène, distillant un excellent agrément en ville. Qui plus est, cette mécanique est sobre. Nous avons consommé moins de 7 litres aux cents durant notre test, ce qui est une très bonne valeur pour un engin pareil.

Deux roues motrices qui en font un faux 4x4

Dans la mouvance des 4x4 compacts actuels (Nissan Qashqai, Mitsubishi ASX, Ford Kuga, Volkswagen Tiguan...), le Sportage est essentiellement vendu en version simplifiée à deux roues motrices. Dans ce cas, il s'agit donc d'un faux 4x4, qui bénéficiera certes d'une garde au sol légèrement relevée mais ne fera pas mieux dans la boue ou la neige que n'importe quelle berline. Une transmission 4x4 est disponible, moyennant un lourd supplément de 3.100 euros (par rapport à notre version de test 1,7 CRDi 4x2) Car elle n'est disponible qu'avec un moteur 2,0 CRDi plus puissant (136 chevaux). Rien que ce moteur requiert 1.400 euros de plus. Intéressant toutefois pour ceux qui pratiquent les routes hivernales dans des régions à climat rude, voire doivent emprunter des chemins de campagne.

Un engin fidèle pour un bon service

Au final, malgré un comportement routier peu dynamique à cause notamment de cette direction trop floue et un certain manque de charme de l'habitacle, nous avons apprécié la fréquentation de ce véhicule coréen. Ce Sportage très civilisé force le respect pour sa bonne volonté. Un véhicule aux lignes avenantes, plein de discrètes qualités pour fournir un agréable service au quotidien. Sans chichis

Tarifs gourmands

Le hic, c'est que, comme sa maison mère Hyundai, Kia a fortement augmenté ces tarifs ces dernières années. Fini les prix d'attaque. Avec notre petit diesel 1,7, la gamme démarre à 24.640 euros. Pour la finition Active (milieu de gamme) bien équipée dont nous disposions, comptez 27.040 euros ! Une version de luxe Premium, avec le cuir mais aussi d'inutiles grandes jantes de 18 pouces, c'est 2.500 euros de plus. Pas très bon marché.
Alain-Gabriel Verdevoye

Prix du modèle essayé : Kia Sportage 1,7 CRDi 4x2 Active : 27.040 euros

Puissance du moteur : 115 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,44 mètres (long) x 1,85 (large) x 1,63 (haut)

Qualités : Lignes flatteuses, bonne position de conduite, commandes douces, fonctions simples, belle accessibilité, confort moelleux, moteur souple et sobre

Défauts : Direction inconsistante, comportement routier trop placide, plastiques bas de gamme, intérieur triste, coffre manquant de hauteur, essuie-glaces inefficaces

Concurrents : Nissan Qashqai 1,5 dCi Acenta : 24.090 euros ; VW Tiguan Edition TDi Blue Motion : 25.990 euros ; Citroën C4 Aircross HDi 115 Confort : 28.100 euros

Note : 14 sur 20