Peugeot 508 GT : Le summum du « made in France »

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1188  mots
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Homogène, sûre, plaisante, spacieuse, bien présentée, la 508 GT 2,2 HDi de 204 chevaux est la grande routière tricolore du moment. Dommage, le malus gouvernemental plombe un peu cette belle berline française.

Avec la fin des Renault Vel Satis, Peugeot 607 puis Citroën C6, les ministres et tous ceux qui se doivent de rouler « français » se retrouvent en 508. La Peugeot de gamme moyenne supérieure se retrouve propulsée au rang de grande routière tricolore. Et, franchement, elle joue très bien son rôle. Quelques jours passés en compagnie d'une 508 GT 2,2 HDi de 204 chevaux, dans d'épouvantables conditions météo, nous en ont convaincus. C'était le moment de reprendre le volant de la plus grande des berlines françaises. Silhouette sage, classique, élégante - très loin des extrêmes caricaturaux de la 407 - , cette jolie voiture fait un clin d'?il à la Volkswagen Passat dont elle semble s'inspirer ou aux Audi. Du « bon chic bon genre » bourgeois, qui fut la marque de fabrique des Peugeot 504, 305, 405, 406, mais aussi 607. Si vous voulez vous démarquer de nos gouvernants, vous pouvez toujours opter pour le beau break SW.

Un intérieur accueillant et qualitatif

L'intérieur est tout aussi inspiré de la Passat allemande. Et c'est tant mieux. Tout est simple, discrètement cossu, sans excentricité, comme cette planche de bord plane, rationnelle, qui ne fait pas intrusion dans l'habitacle. Le classicisme a du bon. Et la finition ? Elle est globalement au niveau. Avec du très bon (matériaux moussés sur le haut de la planche de bord) et... du moins bon. Quelques placages décoratifs un peu légers, des assemblages pas partout aussi soignés qu'on l'aurait souhaité et parfois certaines résonnances dénotent un peu. Du coup, on ne ressent pas exactement la même impression de robustesse qu'à bord d'une allemande. Mais c'est franchement bien mieux que la moyenne des familiales proposées sur notre marché. Sans doute l'une des françaises les plus soignées...

Sensation d'espace sympathique

L'ambiance intérieure est satisfaisante. L'accessibilité ne pose aucun problème, la colonne de direction n'est placée ni trop bas, ni trop haut. L'impression d'espace est sympathique. La visibilité reste très correcte, ce qui devient rare avec la mode des ceintures de caisse hautes. Sauf le pilier central latéral droit qui gêne ! La position de conduite semble a priori excellente... et même a posteriori, après des centaines de kilomètres. Mention bien pour l'indicateur de vitesses en chiffres entre les compteurs devant les yeux, qui rend du coup l'affichage de la même vitesse sur le pare-brise parfaitement superflu. Les sièges sont accueillants, moelleux et ils maintiennent bien le dos. Notre modèle d'essai arborait un habitacle marron clair, plutôt chaleureux. On se sent bien à bord. On déplorera certes quelques détails qui fâchent, comme la forêt de boutons sur le volant. Le recours, en plus, à une molette centrale pour diverses fonctions, copiée d'Audi, n'est pas forcément non plus une bonne idée. Mais nous avons quand même trouvé tous les réglages possibles sans recourir au manuel de bord. Contrairement à ce qui se passe sur bien des rivales. Donc, finalement, l'ergonomie n'est pas si mal. Mais ça manque d'espaces de rangement. On met le ticket de parking dans le cendrier, faute de mieux. C'est dire.

Moteur civilisé

Le moteur diesel 2,2 litres de 204 chevaux est plaisant. Même s'il ne s'agit que d'un quatre cylindres et non d'un six. Rien à lui reprocher. La boîte automatique (de série) n'est pas toutefois aussi réactive qu'une boîte à double embrayage (Volkswagen, Ford), loin de là. Cette transmission assez ancienne semble absorber pas mal de puissance. Ceci dit, en position « S » (Sport), elle se montre réactive et induit une conduite agréable. Un simple coup de frein en entrée de virage, et la voiture rétrograde sans rechigner. Tout cela reste très civilisé, sans à-coups et plutôt onctueux. Bref, l'ensemble moteur-boîte ne permet pas des performances exceptionnelles comme on l'attendrait vu le nombre de chevaux affiché, mais se montre quand même à la hauteur des ambitions de ce modèle de pointe. Malheureusement, les consommations sont assez élevées. Nous avons ainsi avalé 10,2 litres de gazole aux cents, avec beaucoup de parcours urbains et en profitant des ressources de la mécanique. C'est deux litres de plus qu'une BMW 330d six cylindres de 258 chevaux autrement plus performante essayée en fin d'année dernière ! Evidemment, cette GT diesel est bien moins "verte" que la 508 hybride, mais elle est beaucoup, beaucoup plus agréable. Trop lourde et handicapée par une boîte robotisée simpliste, la version Hybrid 4 nous avait en effet déçus.

Equilibre confort-comportement réussi

Avec le train avant à double triangulation, le comportement routier est formidable. La voiture demeure collée à la route, vire à plat et inspire un rassurant sentiment de sécurité sur route et autoroute. Même sur des pavés gras et humides, en pleine accélération, le train avant subit sans broncher l'arrivée de la puissance. Pour une simple traction avant, c'est une jolie prouesse. Dommage : le rayon de braquage démesuré pénalise la voiture en man?uvres mais aussi en agilité. Le nez semble un peu lourd. Mais tout cela se révèle docile et prévenant. Nous sommes plus réservés sur le confort, traditionnel point fort des voitures tricolores. Avec les grandes roues de 18 pouces de série sur la GT et des pneus à flancs bas, le toucher de route est ferme et la voiture rebondit trop sèchement sur une route bosselée. Ceci dit, la 508 GT reste globalement confortable par rapport à la concurrence, y compris sur les ralentisseurs. Nous apprécions moins les bruits de roulement et de suspensions un peu trop présents.

Bien-être général mais prix élevés

Oui, c'est vrai, nous avons apprécié cette grande voiture française, homogène, sûre, fidèle, qui distille un bien-être réconfortant. Evidemment, la Peugeot 508 fait payer assez cher au client ses bonnes manières. Une 508 GT, il est vrai au sommet de la gamme, coûte 39.150 euros, plus 400 de malus pseudo-écologique. Le break 508 SW doté du même moteur est à 40.500 euros. Mais, manque de chance, à cause de quelques grammes de C02 en plus, le super-malus gouvernemental grimpe ici... à 1.000 euros. Ben voyons ! L'équipement demeure pléthorique, avec les radars de stationnement (déconnectables, merci Peugeot), l'accès et démarrage sans clés - mais le déverrouillage apprécie peu l'humidité ! -, le GPS, les sièges électriques... Dommage, le cuir est mesquinement en option, à 1.500 euros.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Peugeot 508 GT: 39. 150 euros (+400 euros de malus)

Puissance du moteur : 204 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,80 mètres (long) x 1,85 (large) x 1,46 (haut)

Qualités : comportement routier excellent, ensemble moteur-boîte auto plaisant, habitabilité, intérieur accueillant, position de conduite, accessibilité, ligne élégante

Défauts : quelques détails de finition un peu négligés, bruits de roulement, monte pneumatique trop ferme, consommations

Concurrentes : Citroën C5 2,2 HDi Exclusive : 38.750 euros ; Opel Insignia CDTi 195 ch. bva Cosmo Pack Innovation : 38.850 euros ; Volvo S60 D5 Summum : 42.750 euros

Note : 15 sur 20