Mercedes ML : Un super 4x4 de luxe... cher et encombrant

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1108  mots
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Ce gros costaud allemand fabriqué aux Etats-Unis en impose. Sûr, confortable, puissant, luxueux, il se révèle aussi très, très cher. Et son gabarit « XXL » le rend un peu disproportionné sur nos routes.

Avec sa «trogne » de gros 4x4 à l'américaine, le ML en impose. Massif, très (trop) large, doté d'une grosse étoile sur (ou plutôt dans)  la calandre, il se montre agressif, ce qui plaira aux amateurs de ce genre de véhicules. On ne passe pas du tout inaperçu. A l'intérieur, le ML fait aussi dans le genre costaud, avec des matériaux solides, même si quelques plastiques bas de gamme comme ceux qui cerclent les compteurs de vitesse en faux chrome détonnent. L'engin est spacieux, avec des sièges accueillants et une bonne position de conduite en hauteur, mais une présentation très « yankee », pas super-raffinée, avec notamment les inévitables porte-gobelets et un large espace de rangement coulissant à la place du levier de vitesses qui a migré sur la colonne de direction comme sur les Chevrolet ou Ford des années soixante. Destiné principalement aux Etats-Unis où il est d'ailleurs fabriqué, le Mercedes est à l'évidence taillé pour les villes, parkings et routes d'outre-Atlantique.

Suspensions souples

Les premières impressions de roulage sont aussi très américaines. Les suspensions fort souples donnent une impression de mollesse qui inquiète a priori. Pas de quoi cependant, tant le véhicule est sûr. Contrairement aux apparences, il s'accroche parfaitement à la route et les enchaînements de virages ne le dérangent pas. Disons qu'il combine des suspensions « chewing gum » qui plaisent outre-Atlantique avec une rigueur toute européenne. Un exercice difficile et réussi. Même si nous préférerions, personnellement, être un peu moins isolés de la route et mieux la sentir. Car, avec une masse pareille, le ML fait quand même gros paquebot. Il faut dire que le bestiau pèse 2,2 tonnes !

Confort premier choix

A la clé toutefois : un incroyable confort qui efface les déformations de la chaussée, notamment les dégradations volontaires des pouvoirs publics (ralentisseurs), idéologiquement en vogue. Le ML est une excellente routière - à la réserve près des bourdonnements lancinants à haute vitesse provenant des pneus. Précisons que notre véhicule était doté de la suspensions pilotée « Air Matic » en option, particulièrement efficace.

Vrai 4x4 sauf pour les pneus

« Notre » ML était aussi doté du « Pack Off Road » qui permet des tas de réglages électroniques sur mesure selon le revêtement (neige, sol accidenté, très accidenté...), avec des hauteurs de caisse variables. Très bien, sauf que nos pneus sportifs hyper-larges à taille basse étaient tout sauf adaptés à la neige ou à la boue. Rappelons que l'arsenal 4x4 sert la motricité, mais que, pour la tenue de cap sur sol glissant, il faut l'accompagner de pneus idoines, au moins de montes « mixtes ». Sinon, ça ne sert pas à grand-chose... Il y a là comme une contradiction dont nous nous sommes aperçus durant notre essai sur terrain peu adhérant.

Belle mécanique

Le moteur six cylindres diesel dépollué aux normes américaines de la 350 Blue Tec atteint les trois litres de cylindrée et développe 258 chevaux. Il se montre souple, onctueux, plaisant, avec de la puissance et du couple à revendre. Bien agréable d'avoir un gros moteur. Même si parfois il est un peu difficile de doser ladite puissance en ville ou dans les manoeuvres. La mécanique est couplée à une boîte auto à sept rapports douce mais pas aussi réactive qu'une transmission à double embrayage de chez Audi. Nous apprécions toutefois l'habitude Mercedes - reprise par Lexus (Toyota) - de pouvoir bloquer manuellement deux, trois, quatre, cinq, six rapports. Ainsi, quand vous sélectionnez la « 3 », par exemple, la boîte se charge de gérer automatiquement les trois premiers rapports, contrairement aux boîtes séquentielles actuelles qui vous obligent en pilotage manuel à les passer une par une. En revanche, nous n'aimons pas le petit levier au volant et les changements de vitesses par mini-palettes planquées derrière les branches dudit volant. Quand on se laisse surprendre par un virage avec le volant tourné, on tâtonne pour trouver ces maudites palettes. Agaçant. Le rétrogradage manuel de « 4 » en « 3 » ou de « 3 » en « 2 » génère aussi parfois des à-coups. Sur le plan des consommations, ce n'est pas si mal. Nous avons avalé autour de 10,5 litres de gazole aux cents. C'est beaucoup dans l'absolu, mais pas par rapport au poids et à la puissance.

Tarif archi-dispendieux

Le prix est évidemment très, très élevé. Pour un ML 350 Blue Tec, il faut compter 60.950 euros en version dite de base, qui mérite son nom tant elle est peu pourvue. A ce tarif, pour accéder au « Pack off road », il faut débourser 5.400 euros. Une option groupée avec le « Pack Airmatic » (suspensions pilotées). Le cuir est à 2.800 euros pour échapper à un affreux mélange tissu-skaï noir en série qui serait plus à sa place dans une Dacia Logan break que sur un ML ! Les sièges avant chauffants sont à 400 euros, la caméra de recul à 600 euros, tout comme le « pack antivol », les radars de stationnement à 750, le démarrage sans clé à 1.250, le toit ouvrant panoramique à 2.150... Notre modèle de test, équipé normalement pour un véhicule de luxe, était autour de 75.000 euros !

Aïe, ce gabarit !

Le très dispendieux ML, bien plus cher que ses concurrents à équipement égal, est un engin réussi dans son genre. Ce doit être proche de l'idéal pour un américain. Mais, outre les défauts déjà notés, ce 4x4 Mercedes souffre d'un coffre manquant de hauteur, d'un système de navigation tellement complet qu'il en devient compliqué et exaspérant à manipuler. Nous nous sommes surpris à regretter le GPS tout simple de la Dacia Sandero, c'est dire. L'ordinateur de bord est aussi peu intuitif. Les phares ne sont pas non plus ce qui se fait de mieux. Et les essuie-glaces sont à forte cadence bruyants. Ce sont certes des détails. Mais, surtout, ce beau 4x4 lourd et encombrant se révèle disproportionné pour nos conditions de roulage françaises.
Alain-Gabriel Verdevoye

Prix du modèle d'essai : Mercedes ML 350 Blue Tec 4 Matic: 60.950 euros (+2.000 euros de malus)

Puissance du moteur : 258 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,81 mètres (long) x 1,93 (large) x 1,80 (haut)

Qualités : confort onctueux, tenue de route sûre, aptitudes 4x4 (avec « Pack Off Road » et pneus adaptés), belle mécanique, lignes et présentation flatteuses (avec options)

Défauts : prix dispendieux, options mesquines, caractère pataud, palettes de transmission peu pratiques, ergonomie parfois complexe, gabarit démesuré

Concurrentes : BMW X5 3,0d : 56.900 euros ; Infiniti Fx 3,0d GT : 58.650 euros ; VW Touareg 3,0 V6 TDi 245 Carat : 61.740 euros

Note : 14 sur 20