Peugeot 208 GTi : Enfin une petite sportive française !

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1510  mots
Copyright Peugeot (Crédits : <small>DR</small>)
La 208 GTI arbore 200 chevaux. Cette bombinette, qui évoque l'emblématique 205 GTi des années 80, se veut une petite « voiture plaisir » rageuse et amusante, sûre et confortable. Vive le « made in France » ! Mais est-ce raisonnable à l'heure du tout-radar?

L'industrie auto tricolore ne valorise pas suffisamment son patrimoine. Alors que Fiat, BMW (Mini), Volkswagen, s'inspirent des modèles emblématiques de leur passé, rien de tel en France jusqu'ici. Ne parlons pas des DS de Citroën, qui, à part les deux lettres magiques, n'évoquent en rien, esthétiquement, la glorieuse DS19 de 1955. Heureusement, Peugeot ose. Se souvenant de la 205 GTi des années 80, la firme au lion ressort une petite sportive sur-vitaminée, pleine de petits clins d'?il à l'illustre devancière. Un pari courageux, tant l'acharnement anti-voitures est fort dans l'Hexagone (fiscalité archi-dissuasive, répression tous azimuts avec la politique du tout-radar, création d'embouteillages « écolo-citoyens » à Paris pour écoeurer l'automobiliste...). Avec la 208 GTi de 200 chevaux (!), Peugeot démontre qu'il sait aussi s'adresser aux passionnés, comme les constructeurs allemands ! Voilà donc la GTI qui, suscitant le désir, doit tirer vers le haut l'image de la 208 et de Peugeot en général. Mais, qu'on se rassure ! Même avec une telle cavalerie, la citadine reste politiquement correcte, côté C02. Elle n'en rejette pas plus de 139 grammes au kilomètre, ce qui demeure très modéré. Elle ne pâtit donc que de 100 euros de surtaxe (pardon, de malus écologique). Enfin, l'acheteur pourra se targuer de favoriser l'emploi en France, puisque cette GTI est produite à Poissy (Yvelines).

Du rouge, partout

La nouvelle « petite » arbore une foule de détails de carrosserie, comme la forme des vitres latérales arrière, rappelant son aînée de 1985. Quelle que soit la teinte choisie, les étriers de frein, le jonc inférieur de calandre, le lettrage Peugeot du volet arrière et de la calandre sont toujours... rouges ! Autant de discrètes touches sportives pour différencier la GTi des autres 208, en hommage à la 205 du même nom. Même recette à l'intérieur, avec les discrètes décorations rouges de-ci de-là, y compris des liserés sur les ceintures de sécurité. Le tout sur fond noir comme il sied à une sportive. Mais, si la présentation apparaît pimpante lors d'un examen superficiel, ce n'est pas tout à fait le cas a posteriori.

Petit volant bizarre

L'habitacle surprend toujours en tous cas, avec ce fameux petit volant et un combiné d'instruments surélevé, que l'on regarde par dessus la jante du volant. Une disposition bizarre. En mettant le siège en position haute, ça va. Mais, si l'on préfère conduire plus bas, ce qui devrait être le cas avec une sportive, le volant cache les compteurs. Et, si l'on règle l'assise en position haute, le levier de vitesses apparaît à son tour un peu court. Mmmmouais... L'écran central tactile, fonctionnel et aux fonctions bien repérables, est une bonne idée. En théorie. A l'usage, il manque de sensibilité et impossible de trouver une station de radio mémorisée quand on a le GPS, sans changer de menu et sous-menu. Finalement, ce n'est pas si pratique, voire moins que des boutons dédiés que l'on repère avec l'habitude. On ne dispose d'ailleurs plus de lecteur de CD. Côté finition, les divers placages décoratifs ne changent malheureusement pas la planche de bord de la 208, avec beaucoup de plastiques durs et creux, peu valorisants. Après les gros progrès des constructeurs français sur les Laguna, C5, 508, c'est ici une régression. Tout ça fait un peu léger, « économique », au niveau (pas terrible) d'une Ford Fiesta ou d'une Toyota Yaris. Pas vraiment « Premium » pour une petite voiture à 25.000 euros.

Moteur commun avec BMW

Le moteur, issu de la coopération avec BMW, est le petit 1,6 turbo hyper-sophistiqué à injection directe poussé ici à 200 chevaux. C'est la même mécanique à la base que celle la DS3 Cabrio essayée la semaine dernière, qui ne faisait, elle, que 155 chevaux. Cette mécanique, aussi brillante soit-elle, nous a déçus. Si la cavalerie se déchaîne rageusement à partir de 3.000-3.500 tours-minute, vous plaquant au dossier à travers des accélérations canon qui permettent de doubler avec une étonnante rapidité, les chevaux semblent en revanche bien atones au-dessous de 2.000 tours. Dans les plages d'utilisation les plus fréquentes, ce moteur de 200 chevaux ne se distingue pas vraiment de la version n'en comportant que 155. Nous, on aurait préféré moins de vivacité en haut du compte-tours mais moins d'apathie en bas, un défaut de plus en plus récurrent avec l'avènement de ces mécaniques de faible cylindrée. Cette atonie à bas régime génère d'ailleurs des petits à-coups en ville, comme si le moteur manquait de rondeur. Un défaut déjà relevé sur la DS3 Cabrio. Bref, on ne sent vraiment les 200 chevaux que dans moins de 5% seulement des conditions d'utilisation quotidiennes. Tout cela est évidemment la rançon de consommations et de rejets de C02 maîtrisés. Nous avons consommé en conduite dynamique 7,5 litres aux cents sur route et autoroute, ce qui n'est pas trop pour un engin sportif à essence. Une voiture au sans plomb consommera toujours plus qu'un diesel. En ville, on a avalé 8,3 litres de carburant. Ca reste acceptable. Mais, côté plaisir,  il faut vraiment pousser cette GTi pour qu'elle s'exprime !

Agile et amusante

La 208 normale est très, très agile, parfois même trop, tant les changements rapides de trajectoire surprennent. Et la direction, trop légère, reflète exagérément la moindre anfractuosité de la chaussée. La GTi hérite en revanche de nouveaux réglages qui rendent la voiture beaucoup plus précise, mieux assise sur la route. Et la direction, durcie, est moins sensible à l'état de la chaussée. Du coup, le plaisir de conduite est d'un niveau très supérieur. La voiture accroche parfaitement au bitume et se balance d'un virage à l'autre sans rechigner. Sur mauvaise route, il faut bien tenir le volant pour éviter la répercussion des cahots dans le volant. Mais, globalement, le comportement routier est très neutre et efficace, mais sans le côté joueur et parfois surprenant d'une 205 GTi d'autrefois, qu'il fallait savoir maîtriser. La 208 est donc une GTi à la portée de tout le monde.

Confort étonnant

Le confort est évidemment plus ferme que sur une 208 de base. Mais, le raidissement des trains roulants et les pneus à flancs bas (45R17) se justifient sur une GTi. Le confort est même étonnant pour une telle voiture. Applaudissons encore une fois aux mérites des metteurs au point de PSA, capables de concocter des trains roulants parmi les meilleurs du monde. Ceux de Renault ne sont pas mal non plus. PSA prouve ici que confort et tenue de route ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Bravo. Critiquons tout de même des bruits de roulement trop présents sur certains revêtements. Côté confort auditif, nous n'avons pas non plus apprécié les grincements et crissements en provenance du mobilier intérieur sur des pavés disjoints...


Prix compétitif

En France, cette toute nouvelle GTi s'octroie déjà 5% des commandes de 208. Pas mal pour un véhicule exclusif à 24.500 euros (gamme 208 à partir de 12.050 euros). Evidemment, c'est cher en soi, mais compétitif par rapport à la concurrence. C'est 1.000 euros de moins que sa seule vraie rivale, la Renault Clio RS de même puissance mais dotée d'une boîte à double embrayage. L'équipement, assez complet, comprend des sièges mi-cuir - mi-tissu (très bien dessinés), l'écran tactile multifonctions, le GPS, les rétroviseurs extérieurs rabattables... Peu d'options possibles : l'alarme à 300 euros, la peinture métallisée à 490 (abordable). C'est (presque) le tout compris. On n'est pas chez Audi ou BMW !

A quoi ça sert ?

La 208 GTi est une voiture très performante si on la pousse dans ses retranchements, extrêmement sûre et assez confortable. Mais elle a deux défauts : une finition décevante et un moteur peu démonstratif à bas régime. Reste la question essentielle: des GTI aussi typées, qui ne s'expriment vraiment qu'à fond, ont-elles une place sur le marché, à l'heure du tout-radar ? Certes, on peut toujours trouver des petites routes sinueuses et désertes (on en connaît, mais chut !) pour s'amuser en toute sécurité. Mais, il faut les chercher. Pour le reste, ces GTi n'ont pas un grand intérêt en ville, sur autoroute ou à la queue-leu-leu sur des nationales encombrées et surveillées de près. Pour ce prix-là, finalement, nous préfèrons une DS3 Cabrio, moins puissante, mais qui donne plus de sensations capote ouverte...

Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Peugeot 208 GTi : 24.500 euros (+100 euros de malus)

Puissance du moteur : 200 chevaux (essence)

Dimensions : 3,96 mètres (long) x 1,73 (large) x 1,46 (haut)

Qualités: clins d'oeil stylistiques à la 205 GTi, bons sièges, agilité, direction précise, confort (pour une sportive), moteur rageur au-dessus de 3.500 tours...

Défauts: ...mais atone au-dessous de 2.000, petits à-coups à bas régime, plastiques décevants, bruits divers

Concurrentes: Ford Fiesta ST : 23.700 euros ; Renault Clio RS : 25.560 euros ; Audi A1 1,8 TFSi 185 S-Line: 27.810 euros.

Note : 14 sur  20