Peugeot 2008 : Une petite baroudeuse des villes sympa et... « made in France »

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1451  mots
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Elle rencontre un grand succès, à peine commercialisée. Mélange de break et de (faux) 4x4 aventurier, la 2008 est une petite voiture polyvalente, bien dessinée, confortable, sûre, pratique et sobre. En plus, elle est « made in France ». Bien dans l'air du temps, ce « Crossover » de poche est réussi. Reste à peaufiner la qualité de finition...

A partir d'une 208, Peugeot a concocté un sympathique break surélevé aux airs de (faux) 4x4. Une sorte d'Audi Allroad de poche, bien dans l'air du temps, puisque la mode est aux petites baroudeuses des villes, au détriment des monospaces. Soigneusement proportionné, joliment dessiné - Peugeot a enfin changé de designers depuis les 207 boursouflées de partout et la 407 caricaturale avec son énorme groin -, ce « Crossover » original séduit. La preuve : il a recueilli plus de 24.000 commandes en Europe entre le 26 avril, date de la commercialisation, et le 19 juin dernier, soit 126% des objectifs selon Peugeot. Les pare-chocs et les protections latérales en plastique noir, qui avaient totalement disparu pendant des années, réapparaissent ici, pour donner un genre « aventurier ». Un rien prétentieux, peut-être ? Très utile en tous cas pour préserver la voiture dans la jungle urbaine.

Bons sièges, mais plastiques légers

A l'intérieur, on retrouve la planche de bord et les contreportes de la 208 - économies d'échelle obligent. Comme sur sa cadette, le style est aéré avec une tablette tactile au centre et le bloc d'instruments fiché, façon « Lego », sur ladite planche. On n'adore pas, mais, avec une position de conduite surélevée, on a moins de problèmes pour lire les compteurs par-dessus la jante du petit volant que sur une 208. Avec cette assise haute, l'ergonomie est donc meilleure. Sinon, l'impression d'espace est réelle et bravo aux sièges remarquablement dessinés et confortables. Mais, question finition, ce n'est toujours pas formidable. Nous déplorons notamment les plastiques creux et un peu légers dans toute la partie basse de la planche de bord et sur la console. Pas très valorisant.

Ambiance chaleureuse (Féline Cuivre)

Notre version de pointe « Féline Cuivre » offre une ambiance couleur... cuivre, douce et chaleureuse. Ca, c'est bien. Enfin sort-on du sinistre noir habituel. Avec le toit vitré de série, l'habitacle se révèle très lumineux. Cette version offre des sièges (partiellement) en « alcantara », ce tissu soyeux et très agréable au toucher entre le daim et le velours, créé naguère par l'italien Lancia et quasiment abandonné aujourd'hui. Dommage quand même pour les inserts en faux cuir et vrai skaï, qui gâchent l'ensemble. On retrouve d'ailleurs ce skaï sur le haut de la planche de bord avec des coutures façon cuir. Il y a aussi des placages décoratifs en faux cuivre (et vrai plastique). Pourquoi pas ? Mais ça fait beaucoup de « faux »... L'éclairage bleuté autour des cadrans et du toit vitré est inédit, mais ce bleu se marie moyennement avec l'harmonie cuivrée.

Habitacle assez spacieux

La tablette tactile « high tech » reste pratique a priori, mais pas forcément a posteriori. On apprécie en effet moyennement de ne pas pouvoir sélectionner de station de radio sans tâtonner dans des menus et sous menus, quand on a le GPS par exemple... L'habitacle est fonctionnel, assez spacieux vu le gabarit, avec un coffre carré et logeable et des dossiers de sièges arrière rabattables à l'horizontale pour obtenir un plancher parfaitement plat. Malgré nos réserves, reconnaissons qu'on se sent bien à bord, au fil des kilomètres. Mais les bruits de roulement et aérodynamiques sont un petit peu trop présents sur autoroute.

Moteur souple et sobre

Notre véhicule était équipé du diesel HDi 1,6 de 115 chevaux. Disons-le d'emblée : c'est le meilleur moteur de sa catégorie, moins rugueux que le TDi de Volkswagen, moins léthargique à bas régime que le 1,5 dCi de Renault. Souple, onctueux, avec suffisamment de répondant à bas régime, ce moteur au fonctionnement plutôt linéaire est agréable. Sa douceur en ville surprend, sans aucun à-coup. C'est dix fois plus plaisant dans les embouteillages que le 1,6 à essence de 200 chevaux de la 208 GTi essayé récemment. Cet HDi dispose en outre d'un « Stop and Start » (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge) particulièrement doux, le plus discret de la production actuelle. En plus de ses qualités de fonctionnement, cette mécanique à gazole se montre très sobre. Sur un parcours routier et autoroutier, nous avons consommé 5,7 litres aux cents. En ville, ça grimpe à 8,5 litres - et oui, plus un véhicule est empêtré dans les encombrements, plus il consomme et rejette de C02, ce que certains élus qui multiplient sciemment les embouteillages semblent ignorer ! Mais, même 8,5 litres dans les embarras de plus en plus inextricables de la circulation parisienne, ça reste modéré. Bref, ce moteur a tout bon, même si, évidemment, il n'est pas fait pour les accélérations canon au démarrage. Cette mécanique est couplée avec un embrayage ne souffrant pas de critiques et un levier de vitesses correctement guidé, ce qui n'a pas toujours été le cas chez PSA !

Confort sympathique

Le groupe PSA n'a pas perdu la main. Ses ingénieurs châssis demeurent parmi les meilleurs du monde. La 2008 étonne par son confort. Il n'y a guère que sur les petites inégalités à basse vitesse qu'elle se montre un peu ferme. Sinon, la voiture est très prévenante. Et confort rime avec tenue de route. La voiture se tient très bien à haute vitesse en ligne droite, mais aussi en virages, même sur route mouillée, avec une direction plaisante. Evidemment, dotée d'un centre de gravité plus haut, elle n'a pas la précision d'une 208 GTi. Le train avant donne ainsi l'impression de flotter en virage serré. Mais, il accroche bien et l'arrière suit sans problèmes. Notons que ledit train avant a l'avantage d'être moins sensible aux cahots de la chaussée que celui d'une 208 GTi. En revanche, la motricité a ses limites. Si l'on accélère fort sur des pavés mouillés, les roues avant motrices ont tendance à hésiter. Mais le phénomène apparaît moins accentué que sur les concurrentes. Signalons enfin, de série sur les Féline, le « Grip control », un système électronique à plusieurs positions (boue, neige...) qui joue sur l'anti-patinage et permet d'améliorer un peu la motricité sur la neige ou dans la boue - sans évidemment prétendre à l'efficacité des quatre roues motrices, non prévues même en option, contrairement aux concurrentes Mini Countryman, Opel Mokka, Nissan Juke... Le « Grip control » est combiné à des pneus mixtes « quatre saisons », plus polyvalents que des enveloppes normales.

Prix dans le marché

Elle n'est pas donnée cette 2008. Comptez 15.300 euros pour la version de base Access 1,2, qui n'est pas recommandable avec son très déplaisant mini trois cylindres de 82 chevaux. Pour la finition Active, ajoutez 1.950 euros avec une présentation plus complète et notamment l'air conditionné manuel. Moyennant 1.700 euros de supplément (par rapport à l'Active), l'Allure offre en plus l'aide au stationnement arrière, l'air conditionné automatique... « Notre » 2008 Féline culmine à 23.350 euros avec le diesel HDi de 92 chevaux et 24.550 avec le HDi 115, nettement préférable. La Féline profite du GPS, du toit panoramique, du « Grip control ». Elle s'affiche au même prix en Féline Cuivre, avec intérieur brun et sièges en « alcantara »-skaï, ou en Féline Titane avec sièges en cuir mais un habitable noir. Les prix sont au niveau de la concurrence. Le Renault Captur est moins cher, mais il est disponible avec un moteur nettement moins puissant (90 chevaux).

Homogène et plaisant

La 2008 est un petit véhicule homogène, efficace, bien conçu, aussi confortable que sûr. Avec le 1,6 HDi, elle devient une bonne routière. Même si Peugeot définit la voiture comme un « Crossover » urbain, ce qui est à la fois restrictif et complètement paradoxal ! Au fond, il n'y a véritablement à lui reprocher qu'une finition que nous aurions aimée plus robuste - à la Volkswagen -, même si la 2008 fait mieux que ses rivales Nissan Juke ou Renault Captur. Mais ces deux là ne sont pas terribles de ce point de vue. Ah, on oubliait, la Peugeot est produite en France, à Mulhouse !
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Peugeot 2008 e-HDi 115 Féline : 24.550 euros (-200 euros de bonus)

Puissance du moteur : 115 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,16 mètres (longueur) x 1,74 (largeur) x 1,56 (hauteur)

Qualités : Design soigné, présentation chaleureuse (Féline Cuivre), polyvalence, confort, tenue de route, diesel souple et sobre

Défauts : Encore des plastiques « légers », tablette tactile pas si pratique, train avant parfois dépassé.

Concurrentes : Renault Captur Intens dCi : 21.300 euros ; Nissan Juke Tekna 1,5 dCi : 22.740 euros ; Opel Mokka Cosmo Pack CDTi 4x2 : 25.530 euros ; Mini Countryman Cooper D Pack Chili : 27.850 euros

Note : 14,5 sur 20