Range Rover Evoque : chic, turbulent, cher et... à la pointe du progrès

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1451  mots
Ce Range Rover compact était déjà luxueux, raffiné, avec un « look » d’enfer. L’arrivée d’une inédite boîte automatique à neuf rapports rend ce baroudeur compact des beaux quartiers bien plus plaisant à conduire. Mais il est peu habitable et hors de prix !

Carré, agressif, trapu, original, le Range Rover Evoque interpelle. Provocateur ? Sûrement. Pour une fois qu'une voiture a une vraie personnalité, on applaudit ! Ce « Baby Range » massif, large, doté d'une ceinture de caisse très haute, a l'air visuellement d'un énorme engin, alors qu'il reste en fait très sage dans ses mensurations. Bel effet visuel. En fait, il est bien plus court que les autres 4x4 compacts. Mais il en jette.

 

 

Chaleureux et raffiné

 

A l'intérieur, on trouve un salon cossu, élégant, avec des matériaux soignés, solides, des assemblages sérieux. Rigoureux à l'allemande et très classe à l'anglaise ! A l'heure où tant de voitures sont grises avec intérieur noir, le choix de coloris extérieurs et intérieurs réchauffe le coeur. « Notre » Evoque cuivre métallisé avec un habitacle en cuir cognac était chic et accueillant. Les sièges en cuir, au dossier un peu dur mais maintenant parfaitement le dos, sont magnifiques, les placages en aluminium de bon goût. La position de conduite est excellente.

L'écran tactile est aisé de fonctionnement, mais l'ordinateur de bord trop compliqué et agaçant. Mais, ne chipotons pas ! L'ensemble ne manque pas d'originalité et mélange agréablement  tradition et modernité. Certains détails sont très soignés. Pour faciliter l'entrée et la sortie du véhicule, le siège conducteur s'éloigne ainsi automatiquement du volant à l'ouverture de la portière et reprend sa position initiale au démarrage. Bien vu. Cette fois, et contrairement à un précédent essai, le système fonctionnait sans problèmes.

Le système audio distille un son digne d'une salle de concert. Les sièges chauffants chauffent très vite, voire trop. De quoi vous sécher le pantalon immédiatement si vous venez de prendre la pluie ! Notons également avec satisfaction l'absence de grincements et crissements de mobilier ou de suspensions, même sur très mauvaise route. C'est la preuve d'une bonne qualité de fabrication.

Ce Range renvoie les rivaux japonais ou coréens au rôle de camionnettes sans grâce ! Mais, il a des défauts. Côté habitabilité et accessibilité, ça dépend en effet où on s'asseoit.  Aux places antérieures, tout va bien. Mais, à l'arrière, l'espace disponible pour les jambes est très limité. Et, si la visibilité est bonne vers l'avant, elle devient désastreuse vers l'arrière. Enfin, l'accès sans clé manque nettement de sensibilité. On a beau appuyer les doigts contre la poignée, la portière ne se verrouille pas toujours au premier ni même au deuxième ou troisième coup. Crispant. Dans le genre agaçant, il y a les sonores bips-bips de parking, pour ceux qui ne savent pas se garer. Ce tintamarre pas classe du tout est d'autant plus énervant qu'il y a une caméra de recul bien plus douce et efficace.

 

Superbe boîte auto

 

Le moteur diesel de 2,2 litres de cylindrée est issu de la coopération entre Ford (ancien actionnaire de la marque Land Rover) et PSA. C'est globalement celui qu'on retrouve sur les Peugeot 508 et Citroën C5. Il était jusqu'ici doux et linéaire, assez performant. Mais il manquait quand même de peps et de répondant à bas régime.

La toute nouvelle boîte auto inédite à neuf rapports, fabriquée par le spécialiste allemand ZF dans son usine américaine, change tout. Voilà un vrai avion de chasse, qui égrène les vitesses sans qu'on s'en rende compte. L'ancien trou gênant en ville persiste, mais il est très atténué. Bref, et engin devient extrêmement vif et dynamique. Accélérations et reprises canon sont au programme. Quel plaisir ! Dommage que PSA ne monte pas une telle transmission sur ses voitures.

La combinaison moteur-transmission automatique est donc désormais très efficace et réactive. A condition de placer la molette en position « S » (pour Sport), l'ensemble rétrograde rapidement de lui-même au coup de frein avant un virage… Nous avons toutefois deux critiques à formuler.

Les reprises sont telles que l'arrivée brutale du couple donne un léger à-coup et vient parfois même perturber la motricité ! Enfin, il y a tellement de vitesses que, au rétrogradage en virage, on a la sensation intellectuellement désagréable de ne pas du tout savoir sur quel rapport on est. Surprenant et destabilisant. Mais on doit s'y habituer.

 

Excellent confort

 

La plate-forme est aussi d'origine Ford. Une excellente base. Certes, il faut compter avec le poids coquet (1,7 tonne) et un centre de gravité élevé. Mais la tenue de route ne pose aucun problème. Notre version d'essai « Dynamic » était équipée d'énormes roues optionnelles de 20 pouces avec des pneus très larges aux flancs ultra-bas. Cette monte sportive (245-45R20) améliore la tenue de la caisse en virage. Et, de fait, on se fait plaisir à virevolter d'un virage à l'autre, non sans agilité. C'est même assez extraordinaire, vu le type d'engin.

Mais la monte pneumatique répercute un peu trop le profil de la route avec de légers tressautements qui nuisent un peu à la précision sur mauvais bitume, donnant une impression de flou. Et des pneus aussi larges ne sont pas idéaux sur route détrempée.

 Sinon, cette monte pneumatique fragile et onéreuse dégrade le confort. Mais, reconnaissons que, sauf sur de petites inégalités, la douceur des trains roulants demeure étonnante. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de cet Evoque ! Un baroudeur très civilisé.

Pour continuer sur ces pneus, ajoutons que cette monte caricaturale annule les aptitudes 4x4 de l'engin. Ce Range à quatre roues motrices dispose certes d'un arsenal électronique complet avec des positions et hauteurs de caisse variables selon les utilisations (normal, terrain accidenté et boueux, neige…), permettant d'affronter les pires conditions. Mais à condition d'avoir des pneus ad hoc.

Or, les pneus larges au profil uniquement routier de « notre » véhicule d'essai rendaient toute progression dans la boue (ou sur la neige) aléatoire. Vous aurez vite fait de vous retrouver dans le champ voisin. Paradoxal ! Conseillons donc la monte pneumatique moins extrême (jantes de 17 pouces) de la version d'entrée de gamme de l'Evoque. Car c'est quand même idiot d'avoir un modèle de marque Land Rover et d'être handicapé dans la boue ou sur la neige.

 

Dispendieux à souhait

 

Bon, il est peu habitable et pas très rationnel, d'accord. Mais ce Range Rover Evoque nous a conquis. Il est superbe, charmeur, insolite, et désormais extrêmement vivant à piloter. Nous, on a aimé. Mais l'Evoque a un gros point noir: son prix, très élevé par rapport à l'habitabilité. Même s'il est mieux équipé, il se révèle plus onéreux qu'une Audi ou BMW concurrente ! Notre version sportive Dynamic SD4 automatique est à 49.000 euros ! Et, comme chez Audi ou BMW, les options sont nombreuses et dispendieuses. Pour un système de navigation sophistiqué, c'est ainsi 3.320 euros d'option combinée à un agaçant détecteur d'obstacles. Ah, signalons que le fisc (prétendument écologique) vous prendra 2.200 euros de malus !

Conseillons pour notre part l'Evoque TD4 (150 chevaux) avec la même boîte auto à 9 vitesses en finition « de base » Pure, déjà très beau et bien présenté, doté de jantes plus sages de 17 pouces seulement et avec moins de gadgets, donc moins de sources de dysfonctionnements potentiels. Il coûte 37.650 euros. Négligeons en revanche l'offre à 33.500 euros pour une version à simple traction avant, indigne d'un véhicule du spécialiste légendaire des 4x4. A signaler : pour 1.000 euros de… plus, on vous enlève les deux portières arrière, histoire de transformer l'engin en faux coupé. Bof.

On ne se consolera malheureusement pas des tarifs par les consommations… encore assez élevées, même si le constructeur britannique (propriété de l'indien Tata) affirme qu'elles sont en baisse de 10%. De toutes manières, ni les consommations ni les tarifs ne semblent constituer d'obstacle au fantastique succès de cet Evoque.

 

Prix du modèle d'essai : Range Rover Evoque SD4 Dynamic bva : 49.000 euros (+2.200 euros de malus)

 

Puissance du moteur : 190 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,35 mètres (long) x 1,96 (large) x 1,63 (haut)

 

Qualités : Ligne inimitable, intérieur chaleureux et raffiné, finition de qualité, sièges bien dessinés, boîte auto à 9 vitesses dynamique, tenue de route satisfaisante, confort remarquable

 

Défauts : Consommation et prix élevés, habitabilité arrière limitée, mauvaise rétrovision, monte pneumatique inapte au tout-terrain (option), reprises parfois brutales, petits "bugs"

 

Concurrents : BMW X1 2,0d X drive auto Lounge Plus: 43.952 euros ; Audi Q3 2,0 TDi 177 Quattro S Tronic Ambition Luxe  : 44.950 euros

 

Note : 15 sur 20