Mitsubishi Outlander : Ne l’appelez plus Peugeot ni Citroën

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1125  mots
Ce 4x4 compact japonais remplace l’ancien Outlander que l’on a beaucoup vu en France sous le nom de Peugeot 4007 ou Citroën C-Crosser. Mais, les liens entre Mitsubishi et le groupe PSA s’étant distendus, la nouvelle mouture n’a pas de dérivé « français ». Dommage, car on aurait apprécié la mise au point des ingénieurs tricolores. Une variante hybride rechargeable apparaîtra bientôt.

Ses lignes carrées, très 4x4, avaient eu leur heure de gloire avec les Peugeot 4007 et Citroën C-Crosser, deux modèles dérivés étroitement du précédent Mitsubishi Outlander. Les deux modèles français étaient d'ailleurs fabriqués au Japon par Mitsubishi. Mais las, l'actuel Outlander n'aura pas de pendant tricolore, Mitsubishi et le groupe PSA ayant mis fin à la plupart de leurs collaborations.

 

Ligne très discrète

 

Le « SUV » de Mitsubishi n'est donc diffusé en Europe que par le (petit) réseau du constructeur japonais. Inutile d'aller chez votre concessionnaire Peugeot ou Citroën. Ce tous chemins familial nippon sera donc forcément moins populaire que le précédent. Pas une raison a priori pour ne pas s'y intéresser, vu la renommé de Mitsubishi, spécialiste mondial des tout-terrains.

 

Le dernier-né change d'ailleurs son fusil d'épaule. Il abandonne ses reliefs massifs, très 4x4, de l'ancien modèle pour une carrosserie beaucoup plus douce, genre break-monospace. L'agressivité n'est plus à la mode chez Mitsubishi. Résultat : des lignes consensuelles, pas désagréables, mais banales et passe-partout. Les gens discrets seront ravis. Ils passeront totalement inaperçus.

 

Habitabilité intéressante

 

L'intérieur est mieux fini qu'auparavant, avec, là aussi, des lignes plus douces. Comme toujours chez les japonais, on apprécie la rigueur des assemblages. C'est du sérieux. En revanche, malgré les progrès, les plastiques ne sont pas très valorisants et la planche de bord n'a pas une personnalité folle. C'est propre, net, à sa place, mais passe-partout et tristoune. Dans notre finition de pointe Instyle avec sièges en cuir, la présentation n'est pas spécialement raffinée.

 

Notons malheureusement des grincement et crissements sur chaussée abîmée, dus à une insonorisation négligée. A cela s'ajoutent d'ailleurs des bruits de roulement. Par ailleurs, l'écran tactile n'est pas si pratique que ça. Avec les cahots de la route, il est impossible d'appuyer au bon endroit et on tâtonne. Bof.

 

La position de conduite, elle, est facile à trouver, agréable, mais les sièges n'ont pas de réglage lombaire. On déplore aussi que les japonais n'indiquent pas la vitesse en gros chiffres devant les yeux comme chez PSA ou Volkswagen. Un cadran est moins précis. L'habitabilité apparaît sinon très intéressante, le coffre aussi. Et on peut utiliser la banquette supplémentaire arrière rabattable pour en faire une sept places - occasionnellement. Ca, c'est un point fort.

 

Transmission à l'ancienne

 

Au démarrage, on remarque tout de suite un gros défaut : la transmission. Le gros inconvénient de l'Outlander, c'est sa boîte de vitesses. La version manuelle est rêche, avec des passages de vitesses durs, parfois difficiles à enclencher du premier coup, comme sur le modèle essayé il y a quelques mois. Mais, aujourd'hui, nous voici au volant d'un véhicule équipé d'une transmission automatique. Nous espérions donc que ce serait beaucoup mieux. Hélas, non. Car, Mitsubishi a abandonné la moderne boîte à double embrayage du précédent modèle (et des Peugeot 4007 comme des Citroën C-Crosser), trop onéreuse ! Il revient ici à une boîte auto classique, dépassée, lente, peu réactive.

 

Les reprises à bas régime sont faiblardes. Le creux du moteur en-dessous de 1.500 tours-minute, combiné à cette transmission lymphatique, agace lors des relances en ville. En règle générale, cette transmission à l'ancienne réagit avec un fort glissement comme sur les américaines d'antan, ce qui génère un décalage marqué par rapport aux impulsions du conducteur, induisant du coup une conduite imprécise, manquant de finesse.

 

Comparativement aux transmissions auto modernes de PSA, Volvo, BMW ou aux boîtes à double embrayage de Volkswagen et Ford, on a l'impression de se retrouver quinze ans en arrière ! La transmission, manuelle ou automatique, reste donc le point noir de cet Outlander.

 

Amortissement peu soigné

 

Les suspensions souples mais mal amorties génèrent pour leur part un comportement pataud et flou, chaque défaut du bitume faisant rebondir la voiture sèchement et de façon désordonnée. Ce qui nuit au confort comme à la précision de conduite.

 

L'Outlander actuel est moins abouti que l'ancien… Le comble. Normal : l'ancien, comme les Peugeot 4007 et Citroën C-Crosser, avait été mis au point avec l'aide des excellents ingénieurs châssis de PSA… Le nouveau, non. Et on voit la différence.

 

Equipement généreux

 

Si la gamme démarre à 27.600 euros en version essence à deux roues motrices, elle grimpe à 29.800 en diesel. Pour les quatre roues motrices, indispensables sur un tel modèle - sinon, quel est l'intérêt d'un 4x4 ? -, le prix de départ atteint 31.600 euros. La boîte auto n'est disponible que sur la version Instyle la plus équipée et onéreuse. Comptez 39.990 euros ! Avec en prime 1.600 euros de malus. Seule option : la peinture métallisée à 560 euros.

Au moins l'Instyle est-elle généreusement dotée, avec le GPS, la caméra de recul, le toit ouvrant, le siège conducteur électrique, et les systèmes sécuritaires, tels le système d'alerte de franchissement de ligne, le régulateur de vitesse adaptatif, le système anti-collision. Ces « machins » sécuritaires sont parfaits sur le papier mais insupportables au quotidien. Dans les embouteillages, ça couine en permanence. Le système anti-collision est tellement intrusif qu'on finit par le couper ! On a eu aussi droit à des « bips » occasionnels sur route, sans que nous ayons pu en déterminer la raison. Un détecteur de quoi ? de mouches, de brins d'herbe sur le bord de la route ?

 

Pourquoi pas ?

 

Si vous avez un concessionnaire Mitsubishi près de chez vous et que l'agrément de conduite ne figure pas dans vos critères prioritaires, l'Outlander est un choix qui se défend. Pour qui veut un véhicule sept places discret, sans histoires, réputé robuste, apte à démarrer tous les matins sans problèmes et pendant longtemps, pourquoi pas ? Mais, question agrément de conduite, on fait mieux ailleurs. Ah, au fait, une version hybride (essence et deux moteurs électriques) rechargeable est désormais disponible à… 50.590 euros ! Elle sortira le 21 mars.

 

Prix du modèle essayé : Mitsubishi Outlander Di-D 4WD AT Instyle : 39.990 euros (+1.600 euros de malus)

 

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,67 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,68 (haut)

 

Qualités : Habitabilité intéressante, sept places, équipement généreux, véhicule réputé robuste

 

Défauts : Ligne passe-partout, boîte (manuelle ou auto) désagréable, amortissement médiocre, bruits de roulement, trou à bas régime

 

Concurrentes : Renault Koleos dCi 175 4x4 bva Initiale : 35.150 euros ; Toyota RAV4 D-CAT D Bva 4WD Lounge : 38.490 euros

 

Note : 10 sur 20