Peugeot 3008  : Un vrai succès tricolore, entre faux 4x4 et monospace compact

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1117  mots
Qualités routières ainsi que prestations mécaniques sont flatteuses. Et le restylage affine la silhouette de ce modèle à succès. Un véhicule familial compact agréable dans la vie de tous les jours. Mais on aimerait moins de petits crissements et grincements...

Monospace compact ? Ah non, Peugeot ne veut surtout pas de cette appellation censément peu valorisante. La firme au lion préfère le définir comme un "Crossover" ou "SUV", vocables anglo-saxons à la mode qui ne veulent... rien dire en français et désignent aux Etats-Unis des grands 4x4 à vocation routière. Or, le 3008 n'a rien d'un tout-terrain. Il reste en effet une stricte traction avant - sauf dans sa version hybride ! Cette difficulté à le nommer n'a heureusement pas nui à sa carrière.

 

Ce véhicule "made in France" est même un grand succès. Et le restylage, qui affine (un peu) sa silhouette, va permettre de prolonger sa vie. Le 3008 arbore une silhouette assez haute, ramassée, moins massive toutefois que précédemment. On ne regrettera pas la calandre caricaturale de la première mouture, qui essayait de singer les 4x4 Audi.  

 

Luminosité à bord mais intérieur triste

 

A l'intérieur, la luminosité surprend toujours grâce au grand pare-brise et au toit panoramique en verre. L'énorme planche de bord - avec là aussi des faux airs d'Audi - en jette. Et la présentation semble flatteuse, en apparence. Mais cette masse noire apparaît surannée, face à la planche épurée de la dernière 308 avec son écran tactile… Ce plastique encombrant rogne inutilement sur la place disponible. Il ne recèle même pas d'espaces de rangement. Et certains matériaux creux et toc,  font un rien léger. Pis: petits crissements et grincements sur les inégalités de la chaussée, "clong-clong" des suspensions, bruits de roulement, agacent. Un défaut des voitures du groupe PSA.

Ceci dit, l'habitabilité comme l'accessibilité sont satisfaisantes. Sans plus. On aurait souhaité une banquette arrière coulissante, comme sur un vrai monospace. Mais non. Par ailleurs, si le coffre est géométrique, donc logeable, nous déplorons le hayon en deux parties qui oblige à des opérations successives et rend l'accès au fond dudit coffre difficile. Une mauvaise idée. La position de conduite nous convient en revanche parfaitement. La vie à bord est globalement satisfaisante. Mais il faut s'érafler les doigts pour chercher la boucle de ceinture coincée entre les sièges et l'envahissante console. Nous recommandons l'ambiance intérieure grise, qui permet d'échapper au noir sinistre de notre modèle d'essai.

 

 

Un excellent moteur diesel

 

Le moteur diesel 1,6 HDi de 115 chevaux nous avait surpris par sa relative douceur, mais évidemment avec des performances somme toute limitées. Le 2,0 HDi 150 est, lui, autrement plus à l'aise sur un tel véhicule. Un peu lent au démarrage, avec des à-coups si on veut démarrer trop vite, il convient bien néanmoins à ce 3008. Lisse, souple, civilisé, il assure un dynamisme de bon aloi à partir de 1.300 tours. La consommation est évidemment un peu plus forte. Il y a quelques années, nous avions relevé 7,2 litres aux cents sur un 3008 doté du "petit" diesel . Là, nous avons avalé en moyenne 7,6 de gazole aux  cents,ce qui n'est pas exagéré.

 

Les qualités routières demeurent  de très bon niveau, comme toujours chez PSA. Ce 3008 n'a pas droit à la nouvelle plate-forme de la 308 ou du dernier C4 Picasso de Citroën. Il reste donc plus lourd, un peu pataud de l'avant, avec un médiocre rayon de braquage. Et de trop fortes accélérations peuvent malmener le train avant. Mais, par rapport à la concurrence, ce véhicule se distingue par sa rigueur. Pas évident avec un véhicule au centre de gravité assez haut. Les metteurs au point des châssis chez PSA ont un savoir-faire historique.

 

Le 3008 assure un haut niveau de sécurité. Il ne bronche pas, ne s'écarte jamais de sa trajectoire, quelle que soit la chaussée et par tous les temps. Nous continuons d'apprécier ce véhicule homogène, sûr, sérieux, mais pas forcément amusant. Le confort  est un peu ferme mais satisfaisant dans l'ensemble.

 

 

 

Prix un peu élevés

 

La gamme démarre à 23.150 euros en version Access, dépouillée avec un moteur à essence 1,6 de 120 chevaux. Pour un équipement correct, montez à la version Active, qui propose  notamment la climatisation. "Notre"  Allure (le niveau plus complet derrière la Féline) comportait en particulier le toit panoramique en verre, la climatisation bizone automatique. Avec le moteur HDi 150, elle est à 32.000 euros. Ca commence à faire assez cher. Surtout avec des tissus de sièges peu valorisants qui gâchent le paysage. Le cuir, pas extraordinaire car il continue d'être mal plaqué à l'armature de siège - un défaut traditionnel - , est à 1.860 euros en option.

 

Le "Grip control", utile car une molette commande divers modes agissant sur l'antipatinage et permettant de donner plus de motricité sur la neige, requiert 260 euros, un supplément cette fois économique et recommandable. Les prix sont dans l'ensemble pas si attractifs que ça, surtout rapportés à l'équipement, proches de ceux d'un Audi Q3 équivalent.

 

Ce 3008 fait preuve d'une belle homogénéité. Il se révèle un compagnon fidèle. Les premiers exemplaires du 3008 avaient joué toutefois des tours à leurs propriétaires avec des pépins de jeunesse. Le 3008 a heureusement bonifié avec le temps. Et, aujourd'hui, il semble fiabilisé. Mais on souhaiterait plus de rembourrages ça et là, d'insonorisants. Sans être idéale, la berline 308, plus récente de conception,  fait mieux. Un bon achat, cependant, pour qui veut rouler dans un véhicule familial fabriqué en France, à Sochaux, berceau des Peugeot.

Ah, n'oublions pas de signaler un horripilant avertisseur de radars lié au GPS! Les données sont systématiquement fausses avec un décalage de plusieurs centaines de mètres fatidiques ... Les radars sont dans la réalité situés après l'endroit affiché sur la carte par le GPS. Si vous lui faites confiance, vous réaccélérez exactement au moment où il faudrait freiner et vous tombez dans le piège. Comment peut-on faire un système aussi erroné, mal étalonné et dangereux? Inacceptable. Sans parler des indications de vitesse limite parfois fantaisistes et des radars de feux rouges signalés... quand ils sont sur des rues adjacentes!

 

Modèle d'essai : Peugeot 3008 2,0 HDi 150 Allure : 32.000 euros

 

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,36 mètres (long) x 1,84 (large) x 1,64 (haut)

 

Qualités :  tenue de route sûre, châssis rigoureux, confort correct, mécanique souple et globalement agréable, bonne position de conduite, polyvalence

 

Défauts : crissements et grincements, console centrale envahissante, rayon de braquage élevé, hayon peu pratique, avertisseur de radars systématique faux

 

Concurrentes : Nissan Qashqai Connect Ed dCi 130 : 29.990 euros ; Citroën C4 Picasso Intensive Blue HDi 150 : 32.110 euros ; Audi Q3 Ambiente TDi 140 : 32.990 euros

 

Note : 14 sur 20