Peugeot 308 SW : La voiture de l'année « made in France »... en break

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1880  mots
Peugeot 308 SW
Dotée d’un bon diesel, spacieuse, très sûre, plutôt confortable, la 308 SW pourrait être le meilleur break compact de sa catégorie... Si la finition et l'insonorisation n’étaient pas perfectibles.

L'anti-Golf. PSA Peugeot Citroën le proclame ouvertement. Après la berline, élue « Voiture de l'année » par un jury européen de journalistes spécialisés - dont nous faisons partie - et plébiscitée par les clients, voici le break SW. SW comme... le break Golf. La carrosserie, classique, équilibrée, sans les fioritures disgracieuses de ses prédécesseurs, est nette, propre, fonctionnelle. Après les outrances, Peugeot veut faire sage... comme Volkswagen, véritable obsession de la marque au lion. Certains diront que ça manque d'originalité. Nous, on apprécie ces lignes assez simples et donc plus difficilement démodables.

A l'intérieur, on retrouve la présentation épurée, sans chichis. La planche de bord ne compte presque plus de boutons. Place au grand écran tactile central muti-fonctions,  pratique et facilement manipulable... a priori. C'est tellement mieux en tous cas que sur une BMW, une Mercedes ou une Lexus archi-complexes à souhait. Pas de molette centrale ici, qui oblige à détourner les yeux de la route. Non, on va directement sur l'écran à portée de doigts. Ben oui, c'est plus simple. Louable effort.

Mais, dans la pratique, ce n'est pas toujours hyper-fonctionnel comme on peut le croire a priori.  Ca oblige à deux ou trois opérations quand, avec un bouton répérable facilement, il en faut une. Et essayez de taper dans l'icône désirée quand la voiture roule et bouge ! Mais, bon, les menus et sous-menus, c'est la mode. En tous cas, dans le genre, c'est mieux que chez les rivaux.

 

Coffre très logeable

On apprécie l'habitabilité à l'avant. A l'arrière, c'est mieux que sur la berline grâce à l'empattement allongé de la SW. Mais l'espace n'est pas formidable pour autant. Le rallongement de 34 centimètres profite surtout au coffre, qui devient très logeable, avec des formes géométriques pratiques. Et on peut abaisser parfaitement les dossiers de sièges arrière pour obtenir un long plancher plat pour les objets encombrants. Les sièges avant, quant à eux, offrent un bon maintien latéral. Mais nous ne sommes pas séduits par le petit volant avec les cadrans placés en surplomb. Ca fait bizarre, mais, honnêtement, ça ne nous a pas gênés. On s'habitue. Toutefois, cette position de conduite particulière ne conviendra pas à tous les gabarits.

Saluons par contre, comme toujours, la vitesse qui s'affiche en chiffres lisibles pile devant les yeux. Mais déplorons le témoin lumineux qui signale quand on s'approche d'un autre véhicule... et remplace l'affichage de la vitesse à laquelle on roule ! Sur voie rapide encombrée, le témoin s'affiche en quasi-permanence et on ne peut donc pas lire les chiffres de sa vitesse. Malin, hein ? En fouillant dans les sous-menus, on a heureusement réussi à mettre hors service ce gadget ridicule.

Félicitons d'ailleurs PSA qui permet au conducteur de vrais choix... qui sont toujours respectés. Si l'on met les radars de stationnement en position hors service par exemple, ils ne se réenclencheront pas tant que le conducteur n'aura pas réactivé la fonction. Ce qui n'est absolument pas le cas des allemandes, où la plupart des fonctions annulées se remettent en marche automatiquement quand on remet le moteur en route, qu'on réenclenche la marche arrière ou au bout de quelques minutes tout simplement - comme le recyclage de l'air conditionné chez Mercedes. Vive la liberté chez PSA !

Finition encore perfectible

PSA, qui réalisait naguère des habitacles chaleureux et colorés, s'est mis au noir-noir depuis quelques années. Histoire de singer les allemandes ou les asiatiques dans ce qu'elles font de pire et aussi de simplifier la gamme en réduisant les coûts de la diversité. Sur notre modèle de test, c'était effectivement tout noirâtre, froid et triste. Heureusement, on peut choisir (gratuitement) un gris plus lumineux. Le tissu de sièges rugueux en série ne réjouit guère non plus. Notre modèle d'essai avait toutefois reçu le cuir optionnel (1.710 euros). Mais, bon sang, quand Peugeot plaquera-t-il enfin le cuir sur la mousse du siège ? La peau, d'apect moyen, donne la fâcheuse impression d'une simple housse. Pas très classe.

Alors, la qualité perçue ? C'est là qu'on l'attendait au tournant, cette Peugeot. Les progrès sont indéniables. La nouvelle 308 SW est plus soignée que la précédente, avec des plastiques de meilleur aloi et des assemblages plus rigoureux. Mais, hélas, certains matériaux et assemblages font toujours léger, à l'intérieur comme à l'extérieur, traités à l'économie. Le cerclage des cadrans en faux chrome fait toc. Les portières ne génèrent pas le bruit sourd rassurant de certaines rivales. Quand on manipule un rien brutalement les pognées de portes extérieures, la tôle se tord un peu... Et, dès que la chaussée se dégrade, grincements et crissements agacent.

Bref, on n'a pas la même impression de solidité et de longévité (rien à voir avec la fiabilité) qu'à bord de la Golf. Nous la citons abondamment, puisque ce sont les gens de PSA qui en parlent ! Là, nous sommes déçus, après les discours enthousiastes du constructeur, qui se vantait justement d'avoir rattrappé Volkswagen ! La qualité est certes à peu près équivalente à celle des autres concurrentes telles que  les Ford Focus ou Renault Mégane. Mais, après le sommet atteint par les 508, C5 ou DS5, le groupe PSA fait moins bien, pour des raisons d'allègement mais aussi d'économies. Ayant repris une 508 dernièrement, nous constatons  qu'il y a une vraie différence avec la 308... Et ça, on le regrette.

Boîte assez brutale

Contact. Le moteur 1,6 e-HDi de 115 chevaux, testé à l'automne dernier sur la berline, nous était apparu doux, souple, assez silencieux. Cette fois, nous voici au volant du moteur 2,0 Blue HDi 150, couplé à la toute dernière boîte auto à six vitesses (1.200 euros de supplément). Là, nous en attendions un agrément hors normes. Mais ce n'est pas vraiment le cas.  La mécanique est en elle-même assez plaisante et la boîte auto lisse en principe les petits à-coups ainsi que le guidage encore un peu rêche de la boîte manuelle.

En position « Sport », la transmission auto est très réactive à l'entrée de virage. Mais elle est hélas... assez brutale. Sur route, ça va. Mais, en ville,  la boîte manque de fluidité, provoquant une conduite heurtée, des  relances assez brusques à bas régime. A la montée des rapports, quand on accélère, on sent nettement les passages de 1ère en 2ème, 2ème en 3ème, avec des chutes de régime trop marquées. Par moments, on se croirait à bord d'une voiture équipée de la désagréable boîte robotisée accompagant les petits moteurs de Peugeot ou Citroën. On aurait aimé un fonctionnement plus douillet.

Avec le moteur Blue HDi de 180 chevaux plus conséquent, essayé récemment sur une DS5, la fluidité était nettement supérieure. La transmission bride aussi un peu trop les 150 chevaux, dont une bonne vingtaine semblent manquer à l'appel. Une Golf TDi 150 ou une Ford Focus TDCi avec boîtes à double embrayage nous avaient semblé plus dynamiques.

Cette mécanique, réglée pour abaisser consommations et rejets de CO2, est plutôt sobre. Le bilan énergétique de cette nouvelle boîte auto n'a rien à voir avec celui de la précédente. Les consommations sont assez basses avec moins de 7 litres aux cents de moyenne durant notre essai. Mais l'agrément a été un peu trop sacrifié.

 

Trains roulants très efficaces

Côté trains roulants, on ne s'inquiétait pas, le groupe PSA étant traditionnellement le roi des châssis. La berline 308 nous avait impressionnés. Le break SW est un peu plus lourd. Mais les ingénieurs se sont surpassés avec cette plate-forme « EMP 2 » allégée et optimisée. La voiture est maniable et précise, quelles que soient les conditions climatiques. Même si le break est un rien plus pataud que la berline. La 308 ne dévie jamais de la trajectoire. On a l'impression d'en faire ce qu'on veut. Quel sentiment de sécurité ! C'est dix fois plus rassurant sur chaussée détrempée par grand vent qu'avec bien des voitures de marque prestigieuse essayées récemment. La 308 affiche le meilleur comportement routier parmi les compactes de la production mondiale, en virage comme en ligne droite à haute vitesse ! 

La tenue de route s'accompagne d'un confort satisfaisant. Sur les petites inégalités à faible vitesse, on aurait souhaité davantage de douceur. Et nous restons sceptiques sur la monte de notre voiture avec des jantes de 17 pouces et des pneus à flancs bas (45R17), en option inutile à 510 euros, qui n'améliorent évidemment pas le confort. Ceci dit, on est ici à de fort bons niveaux. 

Notre enthousiasme retombe toutefois sur un autre aspect du confort, à savoir le niveau sonore. Là, PSA a  des progrès à faire. Outre les craquements de mobilier évoqués tout à l'heure, les diverses résonnances et bruits de roulement, aggravés par le profil des pneus taille basse, dégradent singulièrement la perception de confort. Un défaut persistant et exaspérant. On avait déjà noté ces défauts sur les 208, 2008, 3008...

Des prix dans le marché

La gamme démarre à 22.350 euros avec un diesel 1,6 HDi de 92 chevaux correct en version de base suffisante avec ce qu'il faut (climatisation,verrouillage centralisé, vitres avant électriques, autoradio). A 26.150 avec le même moteur, une version Allure apporte GPS, rétroviseurs électriques rabattables, frein de stationnement électrique, limiteur-régulateur de vitesse. Notre version d'essai Blue HDi 150 avec la boîte auto est à 30.700 euros. 500 euros sont requis pour l'accès-démarrage mains libres, 610 pour le toit en verre (non ouvrant). Faites l'impasse sur la version supérieure Féline avec ses pneus « taille basse »  de série ! Notre break SW de test valait exactement 900 euros de plus que la même voiture en berline. Un surcoût raisonnable.

Docile, sobre, extrêmement sûre, globalement confortable, pratique, avec un coffre logeable,  la 308 SW pêche, sur cette version, par une boîte automatique insuffisamment fluide, mais surtout une finition pas encore au niveau d'une Golf, la référence des ingénieurs de  PSA. Les divers grincements, crissements et bruits de roulement devraient être réduits. Il faudrait que PSA injecte des insonorisants. C'est d'autant plus agaçant que, sinon, Peugeot aurait pu passer près du sans-faute avec cette voiture « made in France ».

 

Modèle d'essai : Peugeot 308 SW Blue HDi 150 Allure (bva): 30.700 euros

 

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,59 mètres (long) x1,81 (large) x 1,47 (haut)

 

Qualités : Tenue de route tous temps, agilité et maniabilité, confort convaincant (sauf sur les petites inégalités), mécanique souple et sobre, coffre logeable, tablette tactile pratique

 

Défauts : Bruits de roulement et grincements, encore des matériaux légers, boîte auto parfois brutale, puissance (150 chevaux) bridée

 

Concurrentes : Seat Leon ST TDi 150 DSG Style:  28.140 euros; Ford Focus  SW TDCi 40 Powershift  Titanium X : 28.450 euros ; VW Golf SW TDi 150 DSG Carat: 33.110 euros 

 

Note : 14 sur 20