La crise économique a-t-elle cassé le potentiel de croissance en France ?

Par Eric Heyer - docteur en sciences économique  |   |  357  mots
Pour Eric Heyer, docteur en sciences économique et directeur adjoint au département analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), il y a un vrai potentiel de croissance en France... si l'on zappe l'austérité. | DR
Les Journées de l'économie organisées chaque année à Lyon, dont Acteurs de l'Economie et La Tribune sont partenaires, se déroulent cette année du 14 au 16 novembre. Pour Eric Heyer, docteur en sciences économique et directeur adjoint au département analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), il y a un vrai potentiel de croissance en France... si l'on zappe l'austérité.

Penser que la croissance a disparu, c'est d'abord oublier que nous avons atteint en 2010 et 2011 respectivement 1,7 % et 2 % de croissance de notre PIB, atteignant même un pic en glissement annuel à 2,8 % au premier trimestre 2011, et ce malgré des chocs - budgétaires et monétaires notamment - très forts.

 

"Il y a un vrai potentiel de croissance en France"

Par ailleurs, la grande  majorité des chefs d'entreprises indiquent aujourd'hui à l'Insee, avoir des marges de production inutilisées. Ce qui freine notre croissance, c'est donc avant tout un problème de demande. Il y a en réalité un vrai potentiel de croissance en France même si notre économie devrait connaître en 2013 une croissance atone de son PIB (0,2%) et un modeste  rebond en 2014, avec une croissance de 1,3%.

Cette performance particulièrement médiocre est très éloignée du chemin que devrait emprunter une économie en sortie de crise. Seul un changement de cap dans la stratégie budgétaire française - et plus globalement européenne - permettrait de relancer notre économie. Voilà pourquoi nous prônons un scénario "moins d'austérité mais du sérieux budgétaire".

 

"Le pire moment pour vouloir tout résoudre par l'austérité"

Cette nouvelle stratégie conduirait certes à une réduction plus lente des déficits mais également et surtout à plus de croissance économique. L'austérité violente n'est en effet valable que lorsque les difficultés (déficits, chômage, etc.) sont structurelles. En revanche, si la croissance est très en deçà de son potentiel - comme c'est le cas en ce moment d'après les institutions internationales- cette austérité est alors associée à des multiplicateurs très élevés. C'est en fait le pire moment pour vouloir tout résoudre par l'austérité... 

Le scénario idéal consisterait  à stopper toute politique qui impacte l'économie. Si celle-ci repart, c'est tant mieux et cela indiquerait que la stratégie d'aujourd'hui n'était pas adaptée. Sinon, il faudra alors adopter les réformes structurelles nécessaires. Mais il faut avant tout "payer pour voir". C'est primordial pour ne pas se tromper de diagnostic.