Les écologistes seront-ils les grands perdants du scrutin européen ?

Par Romaric Godin  |   |  590  mots
Le groupe écologique pourrait ne compter qu'une quarantaine de membres au prochain parlement européen.
Les Verts sont en recul partout en Europe. Ils pourraient même être concurrencés au sein de leur propre groupe parlementaire par les régionalistes dans la prochaine mandature.

Ce pourrait être les grands perdants de l'élection européenne des 22 et 25 mai prochains. Selon les dernières projections en sièges réalisés par Pollwatch en reprenant la moyenne des enquêtes d'opinion des 28 pays de l'UE, le groupe écologiste ne compterait en effet plus que 41 membres dans le futur parlement. Selon la projection de l'administration du parlement européen, le groupe gagnerait 45 députés. Les Verts avaient réussi en 2009 à enlever 58 eurodéputés. Ce serait donc un revers important qui pourrait les ramener à une représentation inférieure aux 42 députés de 2004, du jamais vu depuis 1994.

Recul en Allemagne et surtout en France

Il y a plusieurs explications à la projection d'un tel revers. D'abord, en 2009, les Ecologistes avaient réalisé de très bons scores dans les deux plus grands pays de l'Union, l'Allemagne et la France. Outre-Rhin, les Grünen avaient glané 12,1 % des voix, soit deux points de plus que leur futur score aux élections au Bundestag  et leur record dans une élection nationale. Ils avaient alors obtenu 14 députés. Cette fois, les sondages ne leur donnent que 10 % d'intentions de vote, ce qui est supérieur aux 8 % des élections fédérales de septembre dernier, mais qui ne leur donnera que 10 élus (le nombre d'élus allemands passe de 99 à 96).

En France, le choc est encore plus fort. Portés par Daniel Cohn-Bendit, la liste Europe Ecologie les Verts avaient, en 2009, réussi à parvenir en troisième position avec 16,3 % des voix et avait ainsi gagné 14 députés. Cette fois, les sondages donnent aux Verts entre 8 et 9 % des voix, soit pas davantage que 5 élus. Même si, dans l'absolu, il ne s'agit pas d'un mauvais score en France, c'est un coup dur pour le groupe écologique européen.

La concurrence eurosceptique

Plus généralement, les Ecologistes semblent en retrait partout. Malgré leur campagne contre le traité de libre-échange transatlantique, ils semblent souffrir plus que les autres de la vague d'euroscepticisme et sans doute y a-t-il un glissement de leur électorat vers les partis de la gauche eurosceptique. Du reste, le groupe de la Gauche unie européenne (GUE) pourrait leur ravir leur place de quatrième groupe au parlement.

Les Verts moins nombreux dans leur propre groupe

Enfin, la voix des Ecologistes risque d'être encore moins audible en raison de la composition de leur groupe. Le Parti vert européen (PVE) est en effet allié au parlement européen avec l'Alliance libre européenne (ALE), un regroupement de partis régionalistes et indépendantistes plutôt à gauche, mais pas seulement (la conservatrice N-VA flamande en fait partie). Or, si les Verts sont en recul, l'ALE a le vent en poupe. La gauche républicaine catalane pourrait gagner deux sièges au lieu d'un, les indépendantistes basques pourraient entrer au parlement européen et la N-VA flamande devrait passer d'un à quatre députés.

Le rapport des forces au sein du groupe en sera singulièrement modifié : l'ALE pourrait compter quelques 11 élus sur 41, soit 27 % du groupe, alors qu'elle n'avait jusqu'ici que 7 des 58 élus du groupe, soit 12 % du total. L'unité du groupe Verts-ALE supportera-t-elle un tel changement de poids relatif de ses deux composantes ? A priori, l'ALE ne pouvant former seule un groupe (il faut 25 députés provenant de 7 pays), elle a peut de chance de provoquer la rupture. Mais elle exigera sans doute que le groupe lui donne plus d'audience. Et, parfois, les positions des membres de l'ALE (eux-mêmes assez diverses) sont loin de celles des Ecologistes.