Paris est-elle oui ou non une ville riche ?

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  745  mots
" Paris n’est plus la ville riche d’autrefois, la ville s’est appauvrie minée par ses charges de fonctionnement et peine d’autant plus à investir que ses investissements vont principalement dans les équipements collectifs, en particulier le socio culturel."
Anne Hidalgo a présenté un budget sage pour la prochaine mandature, sans augmentation de fiscalité et avec des économies dans l’organisation et la gouvernance. Jérôme Dubus, conseiller de Paris UMP, a calculé lui que la Ville avait dévoré ses hausses de prélévements en dépenses de fonctionnement et n’avait plus de marge pour l’investissement...

« C'est un projet qui est loin d'être frileux » a lancé Anne Hidalgo. Certes. Mais, c'est la règle en période de restrictions, c'est un projet de budget pour la ville de Paris relativement sage, basé sur des hypothèses de rentrées financières qui même modestes peuvent être un peu optimistes et dans la continuation des deux mandatures de Bertrand Delanoë. 8.5 milliards d'investissements sur les 6 prochaines années c'est un peu plus, en moyenne annuelle que de 2001 à 2014 (1.41 milliard annuels contre 1.383 milliards avant). 

 

Un projet optimiste

Mais même prudente, elle est peut être un peu optimiste : 200 millions d'euros chaque année de cession de biens c'est beaucoup dans un marché immobilier qui n'est plus aussi flambant qu'avant. De même 1 milliard par an de recettes dues aux droits de mutations c'est égaler le record de l'année 2010.

Idem pour les économies dans les dépenses de fonctionnement. Le fonctionnement de la Ville allant augmenter (222 millions supplémentaires pour le budget 2020), et Anne Hidalgo ayant décidé de ne pas augmenter l'endettement, le financement de son programme se fera par des économies un peu partout : dans la gouvernance (10 à 20 millions par an), dans les mutualisations et synergies (10 à 20 millions), dans la modernisation des services et la réduction des frais de gestion.

 

La nécessaire hausse des prélèvements ?

Dit autrement Anne Hidalgo se prépare à une gestion de bon père de famille, n'a aucunement l'intention en période électorale de remettre en cause le passé et surtout sait que les marges de maneuvre sont extrêmement faibles. Jerôme Dubus conseiller de Paris et secrétaire national de l'UMP a ainsi épluché toutes les données financières issues des comptes administratifs de la ville et du département de Paris. Et il a constaté que Bertrand Delanoë avait mis fin à une tradition parisienne :

"Paris est une ville chère, très chère et les élus ont toujours pensé que les Parisiens ne devaient pas avoir une double peine avec un coût de la vie de 25% de plus qu'en province et une imposition forte. Comme dans les autres capitales, Londres évidemment, on ne matraque pas deux fois le citoyen. Or depuis 2008-2009, les prélèvements ont flambé. Et si l'on regarde bien les données on s'aperçoit que ces augmentations n'étaient pas forcément nécessaires et que l'on aurait pu préserver la stabilité fiscale, car elles ont pratiquement été entièrement consacrées à des embauches et des dépenses de personnel ( engagées pour l'essentiel dès la première mandature.)" 

 

Tableau issu du rapport de Jérôme Dubus (ci-dessous)


 "La dette des parisiens va quadrupler en 2014"

Les charges de personnel de la collectivité parisienne ont augmenté de 40.3% en 10 ans, celles de la Ville de Paris de 33.3% et celles du département de Paris de 253%. En clair on se retrouve dans une ville ou les capacités d'investissement ont été très largement obérées par le poids croissant des dépenses de fonctionnement.

"Certes il y a de nouveaux services, de nouveaux emplois liés à l'essor de la population, mais personne n'a été faire le ménage dans les emplois devenus inutiles, explique Jérôme Dubus. Paris n'est plus la ville riche d'autrefois, la ville s'est appauvrie minée par ses charges de fonctionnement et peine d'autant plus à investir que ses investissements vont principalement dans les équipements collectifs, en particulier le socio culturel. La dette des parisiens a triplé en 12 ans et va quadrupler en 2014."

 Jérôme Dubus pense que l'on peut dégager entre 600 et 700 millions sur les charges de personnel pour retrouver de quoi investir. Sauf que personne, ni Anne Hidalgo, ni Nathalie Kosciusko-Morizet  n'ont encore pu chiffrer le coût de la Métropole pour Paris. La nouvelle structure est en effet prévue pour réorganiser la péréquation financière et l'Etat, à la manœuvre, ne cache pas que les Hauts de Seine et Paris seront plus donateurs que receveurs. Paris Metropole estime que la Métropole devrait avoir par transfert ou par une fiscalité nouvelle  un budget de 7.5 milliards dont au moins 650 millions de recettes fiscales non encore créées. C'est certainement pour cela que le budget d'Anne Hidalgo reste très sage...

 

>> Pour aller plus loin, lire le rapport de Jérôme Dubus  :