2015, l'année de la revanche des maires

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  726  mots
Valérie Pécresse s appuiera sur les maires pour conquérir l'Ile-de-France
A la Région, dans les départements et, bien sûr, à la Métropole, les maires d’Ile-de-France devraient être les grands gagnants de l’année électorale. Les nouvelles lois et le nouveau découpage leur ouvrent un boulevard; Valérie Pécresse l’a compris, pas la majorité sortante...

Et, à la fin, ce sont les maires qui gagnent... On ne les attendait pas vraiment. Parents pauvres des diverses et contradictoires réformes territoriales, boulottés par les grandes intercommunalités et les métropoles, privés de la quasi-totalité de leurs compétences, beaucoup les voyaient condamnés aux chrysanthèmes. Sauf que... ils sont en train de devenir les piliers de la future métropole du Grand Paris comme ceux des conseils départementaux et, beaucoup plus étonnant, du Conseil régional d'Île-de-France. D'eux naîtra, peut-être, la symbiose des intérêts et des actions de ces collectivités qui se regardent en chiens de faïence. Valérie Pécresse, pour l'UMP, et Chantal Jouanno, pour l'UDI, l'ont parfaitement compris : ils formeront le gros du bataillon des futurs candidats aux régionales.

Le découpage favorise les gagnants des municipales 2014

Le schéma est simple. Il découle à la fois de la victoire de l'UMP et de l'UDI aux municipales de 2014, des nouvelles lois sur le cumul des mandats et du redécoupage électoral. En 2014, la droite a pris 14 villes de plus de 10.000 habitants dans la petite couronne et obtenu la majorité dans la future métropole.

Dans toute l'Ile-de-France, 51 villes de plus de 5.000 habitants sont au total passées de gauche à droite. Une nouvelle génération a émergé: Brice Rabaste, qui a pris la mairie de Chelles à Jean-Paul Planchou, vice-président PS du conseil régional; Franck Le Bohellec, qui enlève au PC l'historique mairie de Villejuif; Bruno Beschizza, à Aulnay-sous-Bois; Vincent Jeanbrun, à L'Haÿ-les-Roses; Delphine Bürkli, dans le 9e arrondissement de Paris; Robin Reda, à Juvisy-sur-Orge; ou même Stéphane Beaudet, maire de Courcouronnes, et nouveau président de l'Association des maires d'Ile-de-France.

Maire, conseiller départemental ET conseiller régional

Tous vont pouvoir se présenter aux élections départementales en mars. D'abord parce que deux départements de la petite couronne sont tangents (la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne) et que d'autres vont tomber en grande couronne (la Seine-et-Marne est quasi impossible à garder pour la gauche, et la Bérézina a été telle dans l'Essonne que ce ne sera pas facile non plus).

Mais, surtout, dans la plupart des cas, le redécoupage des cantons a été fait sur la base des communes, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, notamment. Les maires deviennent donc les mieux placés.  Et les nouveaux iront comme un seul homme car ils savent qu'en décembre, ils pourront aussi candidater aux régionales. En effet, la loi électorale prévoit désormais que la démission d'un conseiller départemental ne se traduira plus par une cantonale partielle mais par la montée du suppléant. Du coup, le maire va pouvoir être aussi candidat aux régionales.

Valérie Pécresse l'a parfaitement compris et, de l'avis d'un dirigeant socialiste, « joue très intelligemment sa stratégie territoriale en faisant monter les maires en puissance ». Et il ajoute :

«Nous sommes, nous au PS, bien incapables de le faire, tant notre jeune garde socialiste a pris une claque aux municipales, en particulier en Seine-Saint-Denis. C'est l'échec de la stratégie Bartolone en petite couronne, mais nous n'avons plus vraiment d'élus locaux à faire monter.»

 50 maires à la Région?

Ce qui se dessine, c'est d'abord une mainmise politique de l'UMP et de l'UDI sur la Métropole, les départements et la Région (hormis le « petit village gaulois » de Paris qui, lui, devrait résister). Mais c'est peut-être aussi une nouvelle cohérence dans les politiques des différentes collectivités.

Si une cinquantaine de maires (selon l'estimation UMP/UDI) sont élus au conseil régional, la discussion va totalement changer de nature avec la métropole du Grand Paris qui, elle, sera également dirigée par des maires. On pourrait ainsi voir tomber quelques a priori idéologiques et advenir une coopération d'égal à égal entre des élus ayant les mêmes préoccupations (de terrain).

Restera - c'est la cerise sur le gâteau - à trouver, début 2016, le maire emblématique qui pourra prendre la tête de la métropole. Il y en a bien une, mais elle est socialiste et parisienne. Quelques responsables UMP et UDI conviennent que ce n'est pas une si mauvaise idée. Mais en privé uniquement.