Gascogne suspend son cours de Bourse

Rien ne va plus pour Gascogne : confronté à de grandes difficultés financières, le papetier a pris la décision de demander la suspension de sa cotation en Bourse.

Gascogne explique faire face à une tension de trésorerie « plus importante qu'anticipé au début des discussions avec le pool bancaire » et se doit « d'intégrer ce nouveau contexte dans ses discussions avec son pool bancaire ». L?entreprise landaise avait indiqué, dans son communiqué en date du 27 mars, que les résultats déficitaires enregistrés en 2011 avaient eu pour conséquence de contraindre le groupe à renégocier avec son pool bancaire son crédit syndiqué.

Des comptes dégradés

Les comptes 2011 de Gascgone sont loin d?être au beau fixe. La société du Sud-Ouest a dévoilé en mars dernier un résultat opérationnel courant à hauteur de -2,9 millions d?euros (dont 2 millions d?euros de coûts de réorganisation non récurrents). Mais plus bas dans le compte de résultat, la situation est beaucoup plus critique. La dégradation de l'environnement macro-économique, et des pertes enregistrées dans certaines filiales a fait basculer très nettement le résultat net dans le rouge à hauteur de 32,6 millions d?euros. Une lourde perte due à une dépréciation (avant impact d'impôt) de 23,3 millions d?euros sur les actifs des activités papier et sacs (sites grec et allemand).

Dans ce contexte, et comme annoncé en février dernier, le groupe a entamé des discussions avec l'ensemble de ses partenaires bancaires afin de pérenniser les moyens de financement de ses opérations et de son développement. Gascogne explique que les discussions sur la restructuration de la dette se poursuivent. C?est que l'endettement financier net estimé par la direction a avoisiné les 100 millions d?euros au 31 décembre 2011, un niveau qui étrangle la petite société landaise. Une part importante de cet endettement est constituée par des lignes de crédit court terme. Gascogne était en effet contraint de recourir à la dette pour financer d?importants investissements, qu?il jugeait nécessaire à la pérennité de son activité?Mais malheureusement pour la société, les prix des matières premières, bois en tête se sont envolées alors que les de bois de coffrage et de lambris se sont effritées, ces deux matériaux n?ayant plus vraiment la cote dans les maisons. Les pertes se sont donc accrues au fil des exercices?

Le serpent qui se mord la queue?

Alors pour enrayer l?hémorragie, Gascogne rappelle avoir mis en place une politique de réduction de coûts avec un programme d'économies estimées à 5 millions d?euros, en année pleine « afin d'améliorer sa profitabilité et d'augmenter rapidement ses ressources financières ». Le pool bancaire consisté du Crédit Agricole, de la Société Générale et de la BNP n?est rien d?autre qu?un des principaux actionnaires de Gascogne. Le trio détient plus de 15% du capital du groupe. Or, les syndicats du producteur de bois et papier landais ont exprimé en juin dernier leurs inquiétudes quant à l'avenir de leur groupe, réagissant à l?annonce de la direction de se séparer complètement de sa division « Laminates », qui fabrique des emballages (autoadhésifs) notamment pour l'industrie, l'alimentation ou la pharmacie. La direction avait annoncé en début d'année la vente de la partie suisse de cette filiale. Cette dernière a contribué en 2011 à hauteur de 23,5% au chiffre d'affaires de l'activité Complexes de 184,4 millions d?euros pour 3,4 millions d?euros de pertes opérationnelles. Le groupe landais tient à rappeler que les autres entités ont globalement affiché, un résultat opérationnel courant positif sur la période. Deux délégués CGT de Gasogne avaient indiqué toujours à l?issue de l?assemblée générale du groupe, que la vente de cette branche considérée comme la plus dynamique, va conduire le reste du groupe « dans des difficultés qui seront fatales ». Par ailleurs, les syndicats tout comme Jean-Luc Imberty, l?ex-dirigeant de Gascogne, accusent la nouvelle direction de céder aux exigences du pool bancaires. Ce dernier pousserait le groupe à se séparer d?actifs qui sont pourtant nécessaires au redressement du groupe, mais sacrifiés sur l?autel du désendettement?

Division par trois de la valeur nominale des actions

Gascogne a annoncé mercredi que son assemblée générale du 5 juin 2012 avait décidé de réduire la valeur nominale des actions de 15 euros à 5 euros afin de prendre en compte l'évolution du cours de Bourse. C?est que le parcours boursier du titre Gascogne n?est pas très reluisant. Il y a encore 10 ans, jour pour jour, l?action se négociait encore aux portes des 80 euros. e 2002 à 2008, le titre se traitait dans une fourchette comprise entre 60 et 85 euros pour ensuite amorcer sa descente. En l?espace d?une petite année, Gascogne a violement décroché de 70% pour se traiter sous les 20 euros en mars 2009 au plus fort de la crise financière de 2009. Depuis ce point bas, l?action a repris du poil de la bête pour s?adjuger sur les 45 euros en juin 2011, juste avant la tempête boursière estivale?Comme la plupart des sociétés de la cote, elle a fait les frais de la défiance des investisseurs, une défiance qui a été renforcée par la situation financière critique du groupe. Et en ces temps difficiles sur les marchés, la moindre société avec des comptes plombés par une forte dette, subit les foudres des opérateurs... 

Plus d'actualité Bourse sur MonFinancier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.