Après l'année du « Draghi », que réserve la Bourse pour 2013 ?

Par Christine Lejoux  |   |  693  mots
L'indice CAC 40 devrait gagner 9% en 2013, selon les analystes sondés par Reuters. Copyright Reuters
L'indice Dow Jones Euro Stoxx 50 a grimpé de 14,4% en 2012. Les analystes et gérants sondés par Reuters tablent sur une hausse de 10%, en 2013.

En 2012, le Père Noël des investisseurs est arrivé avec six mois d'avance. Le 26 juillet, en clamant haut et fort que la Banque centrale européenne (BCE) ferait tout pour préserver la zone euro, Mario Draghi, son président, avait déclenché un rebond des marchés d'actions européens. Lesquels s'étaient affolés au premier semestre, en voyant l'Espagne s'enfoncer dans la crise des dettes souveraines, à la suite de la Grèce, avec à la clé cette question lancinante : à qui le tour ? Tombé en dessous des 3.000 points début juin, le CAC 40 s'est joliment rattrapé depuis le discours de « Super Mario. » L'indice vedette de la Bourse de Paris a grimpé de près de 16% sur l'ensemble de l'année 2012, à 3.652,76 points le 24 décembre, en séance. Une performance d'autant plus significative que le CAC 40 avait plongé de 19% en 2011, en raison de l'intensification de la crise grecque.

Les Bourses européennes surperforment les marchés américains

Les marchés européens sont à l'unisson : l'indice Dow Jones Euro Stoxx 50, qui regroupe les 50 premières capitalisations boursières de la zone euro, a rebondi de 14,4% depuis le début de l'année. Une progression qui se paie même le luxe de dépasser légèrement celle de Wall Street, où l'indice S&P 500 gagne 13,7% depuis janvier. « L'Europe a progressé sur deux dossiers chauds. En Grèce, les députés ont adopté le nouveau plan d'austérité conditionnant l'aide européenne, et l'Europe a finalement accordé 37 milliards d'euros pour recapitaliser les banques espagnoles, en contrepartie d'une sévère restructuration », explique Vincent Guenzi, responsable de la stratégie d'investissement chez Cholet Dupont.

Des marchés européens faiblement valorisés

Mais, les investisseurs étant peu coutumiers des regards dans le rétroviseur, la question qui les taraude d'ores et déjà est celle des perspectives pour l'an prochain. Le point de vue de Hugues Le Maire, directeur général de Diamant Bleu Gestion, est fait pour les rassurer : « L'année 2013 sera propice aux actions européennes », assure l'expert. Une affirmation qui se fonde d'abord sur la valorisation de cette classe d'actifs, « l'une des moins chères au monde. »

De fait, le Dow Jones Euro Stoxx 50 affiche un PER (price earning ratio, rapport cours sur bénéfice par action) de 10,7 seulement pour 2013, alors que le S&P 500 se traite sur la base d'un multiple de 12,7, selon les estimations de Cholet Dupont. Les quelque 250 analystes et gérants de portefeuilles interrogés par l'agence Reuters n'hésitent donc pas à tabler sur une nouvelle hausse, de l'ordre de 10%, du Dow Jones Euro Stoxx 50, pour l'an prochain. Hausse qui devrait avoisiner 9% pour le CAC 40, selon leurs prévisions.

Une croissance de 0,2% seulement en Europe Continentale

Reste que « tous les facteurs de risque ne sont pas totalement dissipés, dans la zone euro », nuance Hugues Le Maire, qui cite notamment les « programmes de rigueur budgétaire nationaux, salutaires mais compromettant encore un peu plus les perspectives de croissance. » La croissance, ou plutôt l'absence de croissance, le mot est lâché. Si les économies américaine et chinoise semblent reprendre du poil de la bête, ce qui devrait se traduire par des progressions respectives de 2,1% et de 8,2% en 2013, selon le Fonds monétaire international (FMI), ce dernier anticipe en revanche une croissance de 0,2% seulement pour l'Europe continentale.

Vers un CAC 40 à plus de 3.800 points en janvier ?

Mais Joël Copp-Barton, directeur des produits actions européens chez Invesco Perpetual, refuse de succomber à la crainte d'une décennie perdue en Europe, comme celle que le Japon avait connue dans les années 1990. Certes, l'Europe de 2012 présente bien des traits communs avec le Japon de l'époque. A savoir un taux d'endettement élevé, des perspectives macro-économiques maussades et une population vieillissante.

Mais, « jusqu'à présent, l'Europe est parvenue à éviter bien des écueils auxquels s'était trouvé confronté le Japon dans les années 1990, et ce en partie grâce à l'action des responsables politiques », relativise Joël Copp-Barton. Alors, prêts pour un CAC à plus de 3.800 points dès janvier, comme l'envisage Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets France ?