La Bourse, une voie toujours étroite pour les PME et ETI

La crise a provoqué une nette compression des levées de fonds sur les marchés, qui ne compensent plus les retraits de la cote. Conformément aux préconisations du rapport Rameix-Giami, un consensus de place semble peu à peu s'instaurer en faveur de la création d'une nouvelle structure, plus large.
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«Nous portons un regard critique et un peu désabusé sur ce qui se passe depuis plusieurs années. Le nombre de PME et d'ETI cotées en Bourse a diminué, avec un net retrait des introductions. » Les propos de Pascal Imbert, président de l'association MiddleNext, qui représente les valeurs moyennes cotées, ont le mérite d'être clairs. La crise financière, devenue économique, a dégradé l'écosystème de la cote parisienne. « Ce compartiment a souffert de nombreux facteurs : affaiblissement des brokers, diminution du nombre d'analystes, manque d'animations marketing et commerciales », ajoute Pascal Imbert.

10 sociétés entrantes pour 24 sortantes

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon l'Observatoire du financement des PME et ETI par le marché, 10°entreprises ont fait leur entrée sur Alternext, ainsi que sur les compartiments°B et C d'Euronext, depuis le début de l'année 2012. Et ce alors que durant la même période 24°sociétés s'en sont retirées. Cette érosion dure maintenant depuis cinq ans. Entre°2008 et°2011, le nombre d'entreprises cotées de ce type est passé de 573 à 562. Même si, parallèlement, près de 50 d'entre elles ont fait leur apparition sur Alternext. « Aujourd'hui, les entrées en Bourse de PME-ETI ne couvrent pas les retraits. La plupart des entreprises qui quittent le marché sont de taille importante, contrairement à celles qui y entrent. In fi ne, les apports de capitaux pour le financement de ce segment de l'économie sont faibles », observe Thierry Giami, coauteur du rapport Rameix-Giami et conseiller à la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations. « En 2011, il y a eu une désaffection des investisseurs pour la classe actions, et plus particulièrement pour le segment des valeurs moyennes et petites. Les raisons en sont multiples, mais, parmi elles, il convient de relever les contraintes de liquidités que la réglementation impose à la plupart des véhicules de gestion collective. Par ailleurs, les investisseurs individuels ont eux aussi déserté la Bourse », note, de son côté, Pierre Lasserre, président d'Alternativa, opérateur boursier indépendant spécialisé dans le financement des TPE et°des PME.
En 2009, un an après la faillite de Lehman Brothers, Alternext Paris a vu son activité s'effondrer pour n'atteindre que 5 millions d'euros de levées de fonds. Les introductions sont ensuite reparties à la hausse, jusqu'à 90 millions d'euros de capitaux mobilisés en 2010. Mais, depuis, l'aversion pour le risque alimentée par la crise des dettes souveraines en zone euro a inversé la tendance. Les investisseurs se montrent frileux : au cours des dix derniers mois, les montants récoltés sur ce compartiment de la cote se sont limités à 23,5 millions d'euros.
Devant ce constat, certains ont fait le choix de la proximité pour essayer de recréer un environnement propice aux échanges sur les valeurs moyennes. Alternativa en fait partie. « Nous entretenons une relation directe avec les investisseurs et les émetteurs et nous demandons à ces derniers de se faire évaluer par un expert appartenant à une association agréée AMF. Les cotations ne fonctionnent pas en continu. Des périodes de négociations sont ouvertes une semaine par mois sous forme d'enchères. Ce système permet d'obtenir un maximum de rencontres entre les acheteurs et vendeurs », précise son président, Pierre Lasserre.

Consensus pour une structure plus large

Plus généralement, un consensus de place semble s'instaurer en faveur de la création d'une nouvelle structure plus large et consacrée au financement des PME-ETI par les marchés financiers. Les pouvoirs publics ont déjà été sollicités sur le sujet. Le rapport Rameix-Giami, rendu en 2011 à l'ex-ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie François Baroin, préconise la création d'une Bourse des PME-ETI. « Elle regrouperait les marchés de PME-ETI cotées existants et mettrait en ?uvre une stratégie visant à refonder une politique active à l'égard de ces entreprises et à relancer une présence commerciale auprès de ces sociétés », explique Thierry Giami.
Cela concernerait au total 562°sociétés, sachant que l'objectif serait à terme de doubler ce chiffre. Le tour de table de l'entité ainsi créée regrouperait Nyse Euronext, en qualité d'actionnaire de référence mais non majoritaire, des investisseurs institutionnels et la Caisse des dépôts et consignations, qui resterait minoritaire.

L'ouverture préconise à la concurrence

L'autre mission proposée au gouvernement concerne l'ouverture à la concurrence du marché français, en facilitant l'installation d'un opérateur professionnel alternatif, qui pourrait également mobiliser des partenaires financiers, et en assurant la possibilité aux sociétés cotées de changer de fournisseur.
Le rapport Rameix-Giami a d'ailleurs donné lieu à la création par Nyse Euronext, en février dernier, d'un Comité d'orientation stratégique, qui vient de livrer ses conclusions. Mais le gros du travail et de la réflexion reste à faire. «?L'idée de la création d'une Bourse spécialisée est reprise, mais, pour le moment, nous n'avons pas de réponses, ni sur les objectifs, ni sur les moyens, ni sur le "business plan" ni sur l'actionnariat », regrette Thierry Giami.

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