Enthousiasme mesuré sur les marchés en Asie après la victoire de Macron

La Bourse de Tokyo a fini en nette hausse lundi, portée par la victoire en France du jeune centriste pro-européen Emmanuel Macron et un effet de rattrapage sur les autres marchés mondiaux après une série de jours fériés au Japon.

L'euro a réagi positivement lundi à la large victoire du jeune centriste pro-européen Emmanuel Macron en France, également saluée par la Bourse de Tokyo, mais les gains étaient dans l'ensemble modérés en Asie devant un résultat largement anticipé.

Tokyo a fini sur un bond notable de 2,31%, avec un indice Nikkei au plus haut depuis fin 2015, mais d'autres éléments que l'élection française sont entrés en ligne de compte (chiffres de l'emploi américain, effet de rattrapage après une série de jours fériés).

"Maintenant que cet événement clé qu'était l'élection française est passé, la place tokyoïte, qui a été à la traîne pour diverses raisons, dont des inquiétudes géopolitiques autour de la Corée du Nord, va probablement se redresser", a commenté Hiroaki Hiwata, de Toyo Securities, interrogé par l'AFP.

Du côté des autres marchés de la région, de Sydney à Hong Kong, la tendance était positive, sans enthousiasme excessif. Même tonalité sur le front des devises: peu après l'annonce du verdict des urnes, l'euro est brièvement monté à 1,1023 dollar, un niveau inédit depuis novembre, contre 1,0997 vendredi soir à New York. Vis-à-vis de la devise nippone, la monnaie unique grimpait aussi, s'affichant à 124,59 yens, son cours le plus élevé en un an. Mais la devise européenne est rapidement retombée sous la barre de 1,10 dollar et de 124 yens.

Un tel dénouement "avait déjà été pris en compte par les marchés", très optimistes depuis le premier tour quant à un succès du candidat d'En Marche!, favori des investisseurs en raison de ses positions sur l'Europe et de ses orientations économiques, a souligné Yukio Ishizuki, de Daiwa Securities.

"Il ne faut pas s'attendre à un feu d'artifice, la probabilité d'une victoire de M. Macron était de plus de 90%", a renchéri Manuel Oliveri, analyste chez Crédit Agricole, cité par l'agence Bloomberg News.

 L'inconnue des législatives

 Emmanuel Macron, 39 ans, va devenir le huitième président de la Ve République, le plus jeune de l'Histoire, en obtenant 66,06% des voix face à la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen (33,94%), selon les résultats quasi-définitifs. Une issue qui dissipe les inquiétudes vis-à-vis d'un éventuel Frexit: c'est "une victoire symbolique contre les mouvements protectionnistes et de repli sur soi", a résumé le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Mme Le Pen s'était montrée très critique envers l'Union européenne et prônait de transformer l'euro "monnaie unique" en "monnaie commune" réservée aux transactions internationales, tandis qu'une devise nationale, le franc, serait réintroduite pour les échanges du quotidien.

Après l'Asie, "l'appétit du risque" devrait s'étendre aux marchés européens et américains, a estimé M. Hiwata. La Bourse de Paris, qui s'est envolée de plus de 7% depuis le premier tour de la présidentielle, est donc bien partie pour continuer sur sa lancée. Idem pour ses homologues européennes.

Si les marchés poussent "un soupir collectif de soulagement", cette réaction positive sera probablement de courte durée, a tempéré Phil Borkin, économiste de la banque australienne ANZ. "La grande question est: dans quelle mesure Macron va-t-il obtenir une majorité aux législatives du mois prochain?", a-t-il ajouté.

Le scénario d'une accession au pouvoir de Marine Le Pen étant écarté, l'euro pourrait toutefois profiter d'un changement de cap de la Banque centrale européenne (BCE), selon Ray Attrill, responsable des changes au sein de la National Australia Bank (NAB). "Nous pensons que l'euro peut monter dans les semaines et mois à venir, en anticipant le fait que la BCE va se montrer plus confiante face au recul des risques dans la zone euro", a-t-il dit dans une note.

"La diminution de l'incertitude politique en Europe va être un thème central maintenant", confirme Elias Haddad, de la Commonwealth Bank of Australia. "La BCE va peut-être être amenée à commencer à infléchir sa politique" très interventionniste.

La Bourse de Tokyo finit sur un bond de 2,31%

La Bourse de Tokyo a fini en nette hausse lundi, portée par la victoire en France du jeune centriste pro-européen Emmanuel Macron et un effet de rattrapage sur les autres marchés mondiaux après une série de jours fériés au Japon.

A l'issue des échanges, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a affiché un gain de 2,31% (+450 points) à 19.895,70 points, son plus haut niveau de clôture depuis début décembre 2015.

L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a lui aussi terminé en trombe, progressant de 2,29% (+35,56 points) à 1.585,86 points.

Sur le volet des devises, l'orientation était favorable, le yen se repliant par rapport à mardi, dernière séance de la place tokyoïte ensuite fermée en raison des traditionnelles vacances de la "Golden Week". Le dollar valait 112,76 yens à la clôture de la place tokyoïte, contre 112,05 yens, après être brièvement monté à 113,13 yens dans la foulée des résultats de la présidentielle française.

L'euro montait de son côté à près de 124 yens (contre 122,40 yens mardi dernier). Il s'était hissé auparavant à 124,59 yens. L'affaiblissement de la monnaie nippone incite les investisseurs à faire provision de titres exportateurs.

Les chiffres de l'emploi américain, publiés vendredi, ont aussi joué favorablement sur le marché: le taux de chômage aux Etats-Unis est tombé en avril à son plus faible niveau en dix ans (4,4%).

"L'élection présidentielle française s'est terminée sans surprise avec la victoire de M. Macron, et les statistiques américaines ont été plutôt positives", a résumé pour l'agence Bloomberg Mitsuo Shimizu, de Japan Asia Securities. "Il y a un sentiment de soulagement sur les marchés".

 Olympus sanctionné

 Sur le front des valeurs, le groupe japonais d'appareils photo et endoscopes Olympus a accusé la plus forte chute du Nikkei (-4,70% à 4.250 yens), les investisseurs étant déçus par la publication la semaine dernière de prévisions financières inférieures aux attentes.

De nombreux résultats d'entreprises sont encore attendus cette semaine, dont ceux des constructeurs automobiles Toyota ou Suzuki, confortés ce jour par le repli du yen: +1,49% à 6.235 yens pour le premier, +4,45% à 4.922 yens pour le second.

Mitsubishi Motors a quant à lui fléchi de 0,13% à 724 yens malgré des informations de presse de bon augure: selon le quotidien économique Nikkei, il devrait annoncer avoir fini l'exercice dans le vert sur le plan opérationnel, fort d'une réorganisation sous la houlette de son compatriote Nissan.

Dans le même secteur, Subaru a glissé de 0,63% à 4.256 yens, le même Nikkei rapportant que la profitabilité du groupe était sous pression du fait de coûts accrus sur un marché américain très concurrentiel.

Toshiba a reculé dans des proportions similaires (-0,90% à 240,8 yens): les actionnaires ont peu réagi à de nouvelles rumeurs selon lesquelles le fonds américain KKR est en discussions avec le conglomérat industriel pour lui racheter sa filiale de puces-mémoires via une clause de préemption qui permettrait d'accélérer le processus.

Parmi les titres en pleine forme, ont figuré les firmes d'électronique: Nintendo a avancé de 1,60% à 28.810 yens, et Sony de 3,52% à 3.989 yens, ainsi que les groupes de cosmétiques Shiseido (+5,28% à 3.165 yens) et Kao (+5,15% à 6.444 yens) qui ont signé parmi les plus fortes hausses du jour.

Les valeurs financières se sont aussi illustrées (Mitsubishi UFJ Financial Group +2,57% à 734,3 yens, Sumitomo Mitsui +2,11% à 4.241 yens), tout comme les deux poids lourds de la cote: la compagnie d'habillement Fast Retailing a gagné 4,41% à 37.590 yens, et le géant des télécommunications SoftBank Group 1,67% à 8.620 yens.

(avec l'AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 09/05/2017 à 12:33
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Je ne pense pas que l'élection de Macron ait une influence quelconque sur les marchés asiatiques parce que 1) la France est un tout petit joueur sur les marchés financiers et 2) probablement quasiment personne ne sait qui sont Macron, Hollande ou Sar...

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