Les marchés actions sombrent dans la déprime

Par latribune.fr  |   |  758  mots
Le Nikkei, l'indice de référence de la Bourse de Tokyo, a perdu plus de 20% depuis son point le plus haut en octobre. (Crédits : Reuters)
Après Wall Street la veille, la Bourse de Tokyo a sérieusement dévissé, terminant sa séance sur une baisse de 5%, à son plus bas niveau depuis 20 mois. Les investisseurs s'inquiètent des incertitudes croissantes politiques et économiques aux Etats-Unis.

La nervosité de Wall Street a gagné mardi la Bourse de Tokyo, qui a lâché plus de 5% à la clôture après un week-end prolongé, les investisseurs prenant peur face aux multiples incertitudes politiques et économiques aux Etats-Unis. L'indice vedette Nikkei a terminé sur un plongeon de 5,01% à 19.155,74 points, au plus bas en 20 mois. Il a perdu plus de 1.000 points, sa pire dégringolade depuis le 6 février 2018, sur fond de net renforcement du yen, valeur refuge, ce qui dessert les groupes exportateurs.

Le Nikkei a perdu plus de 20% depuis octobre

Le Nikkei était pourtant monté à près de 25.000 points début octobre, et a donc perdu plus de 20% depuis cette date. Cette contre-performance fait entrer l'indice dans la catégorie de "marché déprimé" ou "bear market", en référence à l'ours, symbole d'un marché démoralisé, tout comme le Nasdaq vendredi à New York. "Je ne m'attendais pas à ce que le marché s'effondre autant", a commenté Makoto Sengoku, analyste à l'institut de recherche Tokai Tokyo. "Il n'y a pas d'élément signalant la fin de la débâcle ou de gros acheteurs émergeant", a-t-il dit à l'AFP.

Les places boursières chinoises évoluaient aussi dans le rouge même si elles limitaient leur repli dans l'après-midi: l'indice composite de Shanghai et celui de Shenzhen cédaient près de 1%. Noël oblige, la place de Hong Kong était, elle, fermée, tout comme les Bourses d'Australie, d'Inde, d'Indonésie, de Malaisie, de Nouvelle-Zélande, des Philippines, de Singapour et de Corée du Sud.

Les places boursières chinoises également dans le rouge

Selon les courtiers, les raisons du plongeon des Bourses sont nombreuses: "Le ralentissement de l'économie mondiale, les retombées de la querelle commerciale entre Pékin et Washington, l'impasse budgétaire ou "shutdown" aux Etats-Unis" qui paralyse une partie des administrations américaines, détaille Makoto Sengoku. C'est surtout à Washington que se cristallisent les craintes. Au point que les dirigeants démocrates ont accusé lundi Donald Trump de provoquer "le chaos" dans le pays à la veille de Noël. "La Bourse plonge tandis que le président mène une guerre personnelle contre la Réserve fédérale, juste après avoir limogé son ministre de la Défense", le général Jim Mattis, ont-ils asséné.

Agacé par la décision de la banque centrale d'augmenter une nouvelle fois les taux la semaine dernière, Donald Trump a tempêté lundi contre l'institution, affirmant dans un tweet: "Le seul problème de notre économie, c'est la Fed". Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, n'a pas arrangé la situation en faisant état de discussions individuelles avec les patrons des six principales banques américaines, "ce qui a causé des inquiétudes sur les marchés", a commenté dans une note Toshiyuki Kanayama, analyste chez Monex.

Les investisseurs n'ont pas confiance en Trump

Les investisseurs "n'ont pas confiance dans l'administration Trump. Ils sont mus par leur perception des choses, et elle est très mauvaise en ce moment", a résumé Stephen Innes, chef de la division Asie-Pacifique chez Oanda, interrogé par l'AFP.

A tous ces éléments, viennent s'ajouter "des cours du brut qui fondent plus rapidement que neige au soleil", les investisseurs restant sceptiques face aux promesses de l'Opep et s'inquiétant des turbulences économiques. "La bulle Trump, qui avait profité aux marchés d'actions américains et au dollar, éclate", a jugé pour l'agence Bloomberg Mitsushige Akino, un responsable d'Ichiyoshi Asset Management.

Profits record des compagnies nippones

Mais à Tokyo, les autorités se veulent rassurantes. Le ministre des Finances, Taro Aso, a estimé mardi que les marchés réagissaient avec excès aux craintes sur la conjoncture mondiale. "Je ne suis pas très inquiet", a-t-il déclaré à la presse. Même tonalité du côté du ministre de la Revitalisation économique, Toshimitsu Motegi: "Les fondamentaux de l'économie restent solides", a-t-il dit, invoquant les profits record des compagnies nippones.

Du côté des changes, le dollar accusait le coup. Peu après 07H00 GMT, l'euro montait à 1,1413 dollar, contre 1,1401 dollar lundi à 20H00 GMT. Pareil face à la monnaie japonaise: le dollar valait 110,30 yens, contre 110,43 yens quelques heures plus tôt et 111,44 yens vendredi à la clôture de la place tokyoïte.

Sur le front des valeurs, les grands groupes japonais ont fait les frais de la débâcle, que ce soit dans l'automobile - Toyota a décroché de 5,25%, Honda de 5,66% et Nissan de 5,07% - ou les technologies - Sony a lâché 5,55% et Panasonic 5,56%.