Les Bourses de Paris et mondiales tremblent devant la variante du virus

Par Ali Bekhtaoui, AFP  |   |  726  mots
Boris Johnson, samedi 19 décembre, lors de son allocution depuis le 10 Downing Street sur l'aggravation de la situation sanitaire au Royaume-Uni avec l'apparition d'une nouvelle souche du virus Covid-19, beaucoup plus virulente que la précédente. (Crédits : Toby Melville)
Le CAC40 a plongé de 2,43% à 5.393,34 points à la clôture, sa plus forte chute en près de deux mois.

Les Bourses mondiales ont dévissé lundi en raison des craintes liées à une nouvelle mutation du Covid-19 active en Angleterre, potentiellement bien plus contagieuse que le virus classique.

En Europe, la Bourse de Paris a plongé de 2,43% à 5.393,34 points à la clôture, sa plus forte chute en près de deux mois. Francfort a lâché 2,82% et Milan 2,57%.

La Bourse de Londres a mieux résisté, reculant de 1,73% car la chute simultanée de 1,29% de la livre face au dollar avantage les comptes des multinationales exportatrices, très représentées dans l'indice.

A la mi-séance à Wall Street, vers 18H10 (17H10 GMT), les trois principaux indices montraient davantage de résistance: l'indice Dow Jones perdait 0,50%, le Nasdaq 0,95%, et le S&P 500 1,11%.

Le pétrole plongeait de son côté de 4,54% à 49,99 dollars pour le Brent, référence européenne, et de 4,15% à 47,06 dollars pour le WTI américain.

Plus tôt lundi, les Bourses asiatiques ont reculé à la clôture: l'indice Nikkei à Tokyo a perdu 0,18% et l'indice Hang Seng à Honk Kong a lâché 0,72%.

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La Grande-Bretagne isolée du continent

Lundi après-midi, Madrid et Lisbonne ont été les dernières capitales à annoncer la suspension à partir de mardi des vols en provenance du Royaume-Uni en raison de la découverte d'une nouvelle souche plus contagieuse du coronavirus sur le territoire britannique.

Avant elles, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Irlande, les Pays-Bas et la Belgique, entre autres, ont gelé les arrivées de voyageurs, craignant qu'un virus "hors de contrôle", selon les autorités britanniques, ne vienne les submerger.

La nouvelle souche a entraîné le reconfinement de 16 millions de Londoniens et d'habitants du sud-est de l'Angleterre depuis dimanche et fait plonger les indices boursiers le lendemain matin.

"La crainte de vivre un nouveau confinement généralisé au niveau mondial" planait dans l'esprit des investisseurs, analyse Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

"Le sentiment de panique" est d'autant plus brutal qu'il est intervenu "au moment où l'on connaissait une série de bonnes nouvelles", ajoute l'expert, en cette fin d'année où plusieurs laboratoires ont annoncé des vaccins efficaces en un temps record.

La variante du Covid-19 serait jusqu'à 70% plus contagieuse que le virus qui s'est propagé en 2020 sur toute la planète.

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Néanmoins le régulateur européen des médicaments, qui a validé lundi la commercialisation du vaccin de l'alliance Pfizer/BioNTech, a déclaré qu'il n'existait "aucune preuve" permettant de dire que ce vaccin ne protégerait pas contre la nouvelle souche.

"C'est le genre d'accès de volatilité auquel il faut s'attendre tant que l'effet des vaccins n'est pas généralisé", souligne Neil Wilson, analyste en chef pour Markets.com.

Mais la planète en prend la voie. Aux Etats-Unis, une infirmière du Connecticut a été vaccinée lundi devant les caméras avec le vaccin Moderna, marquant le début de la campagne de vaccination avec ce nouveau remède approuvé en urgence vendredi dans le sillage de celui développé par Pfizer/BioNTech.

Les valeurs les plus impactées

En attendant des jours meilleurs, le climat de méfiance a poussé les investisseurs à se réfugier vers des actifs considérés comme plus sûrs. C'est le cas des taux sur les dettes souveraines allemande, française et américaine qui ont reculé.

Du côté des valeurs, "la crainte" de la nouvelle variante entraîne "une rotation" sur les secteurs économiques, note Neil Wilson. Avec un retour vers des valeurs refuges comme la technologie ou la santé.

En Allemagne, les valeurs automobiles ont été particulièrement touchées: Daimler a chuté de 3,89% à 56,39 euros, Volkswagen de 2,86% à 149,00 euros, BMW de 2,99% à 71,97 euros.

En France, le géant des centres commerciaux Unibail a sombré de 4,71% à 59,92 euros.

Les valeurs bancaires comme Société Générale (-5,19% à 16,16 euros) ont fait partie des plus fortes chutes de l'indice parisien. La pétrolière Total (-3,72% à 34,65) a été aussi fortement affectée.

Le secteur aérien a été très pénalisé par les nouvelles restrictions de déplacement: Easyjet a dégringolé de 7,21% à 757,00 pence et IAG, maison mère de British Airways, de 7,96% à 143,90 pence. En France, Airbus a perdu 2,76% à 86,64 euros.