Climat : en France, les 1% les plus riches émettent autant de gaz à effet de serre en un an que 50% des plus pauvres

Par latribune.fr  |   |  828  mots
Fin août, le gouvernement français a annoncé que les secteurs considérés comme les plus polluants allaient être soumis à une nouvelle contribution fiscale. (Crédits : © 2010 Thomson Reuters)
Selon un rapport publié ce lundi par l'ONG de lutte contre la pauvreté, les 1% les plus riches de la planète émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers de la population la plus pauvre. L'organisation préconise ainsi de davantage faire contribuer « les personnes qui émettent le plus ». De quoi alimenter, en France, le débat sur la « taxe climat ».

C'est un constat édifiant que rapporte l'Oxfam. Selon un rapport publié par l'ONG de lutte contre la pauvreté, dimanche 19 novembre, les 1% les plus riches de la planète émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers de la population la plus pauvre.

Plus concrètement, 77 millions de personnes (les 1% les plus riches) sont responsables de 16% des émissions mondiales liées à leur consommation. Il s'agit de la même proportion que 66% de la population la plus pauvre, soit 5,11 milliards de personnes, détaille le document intitulé L'égalité climatique : une planète pour les 99%. S'appuyant sur des recherches compilées par l'Institut de l'environnement de Stockholm (SEI), il analyse les émissions liées à la consommation associées à différentes catégories de revenus jusqu'en 2019.

Le seuil de revenu pour faire partie des 1% les plus riches a été ajusté par pays en fonction de la parité de pouvoir d'achat - par exemple, aux Etats-Unis, le seuil est de 140.000 dollars (128.000 euros) et l'équivalent kenyan d'environ 40.000 dollars.

Lire aussiClimat : les dossiers chauds de la COP28

Le rapport prend notamment le cas de la France où, en 10 ans, les 1% les plus riches ont émis autant de carbone en un an que les 50% les plus pauvres. Si l'on exclut les émissions associées à ses investissements, Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH et Français le plus riche, a ainsi une empreinte carbone 1.270 fois supérieure à celle d'un Français moyen.

« Plus vous êtes riche, plus il est facile de réduire vos émissions personnelles »

Si la lutte contre le changement climatique est un défi commun, certains en sont plus responsables que d'autres et les politiques gouvernementales doivent être adaptées en conséquence, conclut Max Lawson, coauteur du rapport.

Il ajoute : « Plus vous êtes riche, plus il est facile de réduire vos émissions personnelles et celles liées à vos investissements ». Car, « vous n'avez pas besoin d'une troisième voiture, de quatrièmes vacances ou (...) d'investir dans l'industrie du ciment », estime-t-il.

De quoi alimenter le débat sur la « taxe climat ». En effet, « nous pensons qu'à moins que les gouvernements n'adoptent une politique climatique progressiste, où les personnes qui émettent le plus sont invitées à faire les plus grands sacrifices, nous n'obtiendrons jamais de bonnes politiques dans ce domaine », argumente Max Lawson. Cela pourrait ainsi consister en une taxe sur les investissements non écologiques ou encore une taxe pour ceux qui font plus de 10 vols par an.

Nouvelle taxe en France

Le secteur aérien est, en effet, particulièrement pointé du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre, tout comme celui autoroutier. Ils vont, d'ailleurs, tous deux être visés par une taxe annoncée par le ministre des Transports, Clément Beaune, fin septembre. Les secteurs considérés comme les plus polluants vont ainsi être soumis à une nouvelle contribution fiscale dans le cadre du projet de loi de finances 2024 (PLF).

Plus précisément, il s'agit des « grandes exploitations d'infrastructures de transport de longue distance » au premier rang desquelles se trouvent les concessions autoroutières et les aéroports. Les ports semblent en revanche épargnés. Cette nouvelle taxe, qui devrait générer 600 millions d'euros annuels, servira à financer le « plan d'avenir pour les transports » avait justifié la Première ministre Elisabeth Borne en février, afin de soutenir principalement le développement du secteur ferroviaire.

Vers une hausse des billets d'avion

Une annonce qui n'a pas manqué de faire réagir le transport aérien qui, par la voix de Pascal de Izaguirre, président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), a déclaré : « Inutile de vous dire que nous sommes fermement opposés à cette taxe, qui n'a fait l'objet d'aucune concertation ».

Dans un communiqué de presse, daté du 30 août, la Fnam s'était déjà étonnée de la « forme de cette annonce, qui n'a fait l'objet d'aucune concertation ou prise d'information auprès des acteurs du secteur aérien », estimant que « l'accumulation de mesures fiscales menace inutilement l'avenir du pavillon français ». Et d'assurer qu'elle « étudiera les recours juridiques envisageables contre la mise en œuvre d'un tel dispositif ».

Lire aussiPour Air France, la « taxe climat » du gouvernement sur les aéroports est un cadeau à Ryanair

Dénonçant un alourdissement de la fiscalité, cette taxe vient « se surajouter au projet d'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion ». Et la décision gouvernementale augure d'une nouvelle augmentation des prix des billets, avait affirmé Pascal De Izaguirre. Sur le prix d'un billet pour des liaisons intérieures françaises ou européennes, « il y a pratiquement la moitié déjà de taxes et de redevances », avait précisé celui qui est aussi président de Corsair, tout en assurant que les marges du secteur restaient « extrêmement faibles » malgré la reprise de l'activité et des tarifs ayant fortement gonflé après la crise sanitaire.

(Avec AFP)