Électricité : attaqué sur les prix, EDF ne constate pas de « fuite de clients »

Par Juliette Raynal  |   |  878  mots
(Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
Sur le mois de janvier 2024, l'électricien historique n'observe pas de fuites de clients, alors que ses concurrents profitent de la chute des cours sur les marchés pour casser leurs prix. EDF revendique environ 20 millions de ménages ayant souscrit à une de ses offres réglementées. Le groupe se félicite d'un volume croissant de clients aux tarifs dynamiques, les incitant à reporter leur consommation en dehors des moments de tension pour le réseau.

Alors que les fournisseurs concurrents d'EDF multiplient depuis quelques semaines les offres alléchantes avec des prix largement inférieurs aux tarifs réglementés de ventes (TRV), l'électricien historique affirme ne pas en souffrir pour le moment. « Nous n'avons pas constaté de fuite des clients d'EDF sur le mois de janvier », a indiqué Lionel Zécri, directeur du marché des clients particuliers d'EDF, lors d'un point presse ce vendredi.

Pour rappel, à partir de la fin du mois, les ménages abonnés au TRV « base » d'EDF (ce qui correspond à l'offre « tarif bleu ») verront leur facture augmenter de 8,6% tandis que ceux ayant souscrit au tarif « heures pleines / heures creuses » verront leur facture grimper de 9,8%. Et ce, en raison de la restauration partielle de la taxe intérieure de consommation finale de l'électricité (TICFE), laquelle avait été abaissée à 1 euro lors de la mise en place du bouclier tarifaire. Désormais, celle-ci a été rétablie à 21 euros du mégawattheure, contre 32,44 euros avant la crise.

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Des clients « vigilants »

« Les clients, au-delà du niveau de prix, ont encore un peu la mémoire de ce qu'il s'est passé pendant la crise et restent vigilants sur la qualité de service et d'accompagnement [des fournisseurs, ndlr]. Certains ont pu constater que des offres alléchantes ne duraient pas » et ont subi  « une explosion de prix quelques semaines après avoir souscrit des contrats », a développé Lionel Zécri, alors que trois fournisseurs font actuellement l'objet d'une enquête pilotée par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Il a, par ailleurs, rappelé qu'EDF ne commercialisait pas uniquement des offres aux TRV. « Nos offres de marché sont bien positionnées par rapport à la concurrence et pour certaines [avec des prix] inférieurs aux TRV », a-t-il complété.

Reste à voir si les ménages succomberont aux offres des fournisseurs alternatifs dans les semaines et mois à venir. Pour l'heure, EDF revendique quelque 20 millions de ménages ayant souscrit à une de ses offres aux TRV. Après des années d'hémorragie de son portefeuille clients, l'électricien historique avait vu la tendance s'inverser à partir de l'été 2022, au plus fort de la crise de l'électricité. En effet, au moment où les prix atteignaient des sommets sur les marchés de gros, de nombreux fournisseurs alternatifs avaient augmenté significativement leurs tarifs, incitant ainsi leurs abonnés à retourner chez EDF, lequel avait commencé à voir affluer une centaine de milliers de clients par mois.

600.000 clients à l'offre Tempo

Aujourd'hui, sur ses 20 millions d'abonnées aux TRV, EDF indique qu'environ 50% ont souscrit à l'offre « heures pleines/heures creuses », qui permet de bénéficier d'un tarif attractif pendant la nuit notamment. Un abonné de cette catégorie « réalise des économies par rapport à une option de base dès lors qu'il peut réaliser 31% de sa consommation pendant les heures creuses », a précisé Lionel Zécri. Ce serait le cas de la quasi-totalité des abonnés d'EDF ayant souscrit à cette offre, assure l'électricien.

Le groupe se félicite, par ailleurs, de compter désormais 600.000 clients à l'offre Tempo, proposant un système de tarifs dynamiques, contre 200.000 à l'été 2022. Concrètement, cette offre permet aux clients de bénéficier d'un tarif plus avantageux 343 jours par an. En échange, pendant 22 jours dans l'année non définis à l'avance, le tarif du mégawattheure est significativement plus élevé que le tarif réglementé de vente (TRV).

Le but : inciter ces abonnés à moins consommer lorsque le système électrique est particulièrement tendu, notamment les jours de grand froid où la consommation électrique est très importante, en raison des besoins de chauffage, tandis que la production à partir des énergies renouvelables est plus faible en raison d'un moindre ensoleillement et d'une absence de vent.

Lors des 22 jours « rouges », les clients sont encouragés à décaler le plus possible leur consommation, entre 22 heures et 6 heures du matin, plage horaire pendant laquelle ils bénéficient d'un tarif heures creuses. Une option qui n'était pas proposée dans l'offre EJP (pour effacement jour de pointe). Introduite en 1982, il s'agit, en quelque sorte, de l'ancêtre de l'offre Tempo. Elle n'est désormais plus commercialisée auprès de nouveaux clients.

Continuer la promotion des offres tarifaires dynamiques

EDF revendique aujourd'hui plus d'un million de clients disposant d'option d'effacement, où l'évolution des prix les incite à reporter leur consommation. Outre les offres Tempo et EJP, cette catégorie comprend aussi l'offre de marché Zen Flex, lancée au dernier semestre 2023.

Le groupe dit ne pas s'être fixé d'objectif chiffré sur ces offres pour l'année 2024, « mais notre ambition est de continuer d'en faire la promotion, d'éclairer nos clients et de leur donner de plus en plus de moyens de bien piloter leur consommation », a assuré Lionel Zécri.

Au-delà des services rendus au système électrique, en permettant de réduire les risques de coupures lors des moments les plus critiques pour le réseau, ces offres dynamiques présentent aussi un avantage climatique : lisser la pointe de consommation, c'est éviter de solliciter des moyens de productions s'appuyant sur les énergies fossiles, c'est-à-dire, les centrales au charbon, au fioul et au gaz.