Electricité : les factures des Français vont augmenter de 100 euros en 2024

En moyenne, les ménages paieront 100 euros de plus sur l'année pour leur consommation d’électricité par rapport à 2023, selon des estimations du courtier en énergie Selectra dévoilées mardi. En cause : une hausse de la fiscalité qui s’appliquera à partir du 1er février 2024, afin d'équilibrer les finances publiques. L’électricité sera ainsi davantage taxée que le gaz, alors même que l'exécutif affirme vouloir sortir la France de l'ère des combustibles fossiles.
Marine Godelier
L'électricité sera « davantage taxée que le gaz », souligne-t-on chez le courtier en énergie Selectra, qui accompagne les consommateurs dans la gestion de leurs factures.
L'électricité sera « davantage taxée que le gaz », souligne-t-on chez le courtier en énergie Selectra, qui accompagne les consommateurs dans la gestion de leurs factures. (Crédits : DR)

Entre l'accélération de la transition énergétique et le retour à l'équilibre budgétaire, il faut choisir. C'est en tout cas le message envoyé par le nouveau gouvernement de Gabriel Attal, qui semble pencher en faveur de la deuxième option. En effet, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire (dont le portefeuille a été élargi à l'énergie), a confirmé il y a quelques jours que la facture d'électricité des Français augmentera d'environ 10% à partir du jeudi 1er février, en raison de la réintroduction d'une taxe.

Résultat : en moyenne, les ménages paieront 100 euros de plus sur l'année pour leur courant par rapport à 2023, selon les calculs du courtier en énergie Selectra dévoilés mardi. Soit, en cumulé, une hausse de plus de 40% des mensualités depuis début 2022, alors que le tarif du gaz naturel est, lui, « resté quasiment au même niveau » pendant cette période, affirme à La Tribune le directeur général délégué de Selectra, Maxime de La Raudière. Un signal pour le moins étonnant, au moment-même où l'exécutif plaide pour un transfert massif des usages du gaz ou du pétrole vers l'électricité bas carbone, dans le chauffage des bâtiments comme pour la motorisation des véhicules.

Source de revenus pour l'Etat

D'autant que les prix de l'électricité sur les marchés ont chuté ces derniers mois. Le bouclier tarifaire est même devenu « inutile » : la Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui se base sur les cours observés sur les bourses d'échange lors des deux dernières années, a calculé que le tarif réglementé de vente (TRV) d'EDF pour les clients résidentiels devrait augmenter de... 0,01% au 1er février (hors taxes et mesures gouvernementales). Bien loin des 10%, donc.

C'était sans compter sur le retour de la Taxe intérieure sur la consommation d'électricité (TICFE). Abaissée à 1 euro par mégawattheure (MWh) pendant la crise, cette accise coûtera 21 euros par MWh aux consommateurs dès le mois prochain.

« Avant 2022, elle s'élevait à 32,06 euros par MWh. Lorsque le gouvernement l'a diminuée à 1 euro/MWh dans le cadre du bouclier tarifaire, celui-ci essuyait un manque à gagner de 9 milliard d'euros. En la réintroduisant, il s'assure facilement une source de revenus non négligeable, en période de réduction du déficit public », explique Maxime de La Raudière.

Depuis plusieurs mois, l'exécutif plantait d'ailleurs des graines en ce sens, distillant des informations selon lesquelles une hausse « jusqu'à 10% » pourrait intervenir début 2024. L'objectif, martelé par Bruno Le Maire : sortir définitivement du fameux « quoi qu'il en coûte », malgré le contexte inflationniste. Et « garder le cap » d'un déficit public sous 3% du PIB en 2027, comme l'a rappelé mardi Gabriel Attal à l'occasion de son discours de politique générale.

Une fiscalité plus lourde sur l'électricité que sur le gaz

L'électricité sera ainsi « davantage taxée que le gaz », souligne-t-on chez Selectra. Le droit d'accise sur cet hydrocarbure a pourtant été revalorisé début 2024, à 16,37 euros par MWh contre 8,37 euros auparavant. Mais au global, le prix du gaz naturel, toutes taxes comprises, sera « beaucoup moins élevé » que pour l'électricité, malgré l'absence de bouclier tarifaire sur cette source d'énergie. « Avant 2022, il était deux fois moins cher de se chauffer au gaz. Là, nous passons dans un monde où ce sera trois fois moins cher », poursuit Maxime de La Raudière.

« C'est un vrai paradoxe, puisque l'on nous dit qu'il faut électrifier les procédés pour se passer des combustibles fossiles », ajoute le courtier.

Surtout, les pouvoirs publics pourraient repasser la TICFE à 32 euros par MWh en février 2025, comme c'était le cas avant la crise. Ce qui augmenterait encore de 50 euros la facture annuelle d'électricité moyenne des Français.

Marine Godelier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 12
à écrit le 31/01/2024 à 14:57
Signaler
Ces pseudo-10%, ce n'est qu'un début. On nous a promis la même chose l'année prochaine (1er février 2025). D'autre part l'opérateur de réseau RTE demande 3 milliards par an jusqu'en 2035, puis 10 milliards par an jusqu'en 2040 (Connecter les renouvel...

à écrit le 31/01/2024 à 11:25
Signaler
On ne risque plus la coupure de courant, nous jure-t-on, mais pour la coupure d'impôt ou de taxe, c'est tintin. De toute façon, ILS s'arrangent pour nous reprendre d'une main ce qu'ILS nous donnent de l'autre. Merci, messieurs les parlementaires! Com...

à écrit le 31/01/2024 à 9:57
Signaler
Monsieur Attal veut redonner du pouvoir d'achat aux français , c'est mal parti , EDF , Gaz, Mutuelles, TF , péages etc..... Pour la simplification , avec l'administration pléthorique dont dispose notre pays , machine à pondre des règlements , on es...

à écrit le 31/01/2024 à 9:36
Signaler
Les voitures électriques ne paient plus 77% de taxes sur les carburants , il faut bien prendre ailleurs.

à écrit le 31/01/2024 à 9:21
Signaler
Là, seule une taxe qui avait été temporairement rabotée reviendra à sa valeur antérieure, ou presque mais l'abonnement et le kWh peuvent contribuer, plus tard, en plus (voire difficilement en moins). Pourquoi répercuter le prix du kWh de façon dynami...

à écrit le 31/01/2024 à 9:13
Signaler
Les fournisseurs concurrents d'EDF proposent un prix d'électricité inférieur de 17% au prix réglementé...

le 31/01/2024 à 12:18
Signaler
Prix d électivité ne veut pas dire facture finale … faut ajouter ce à quoi ces fournisseurs sont aussi assujettis: tva, taxe de distribution, taxe ceci, taxe cela … et puis vu les abus auxquels ils sont livrés pendant plusieurs années Les français ...

à écrit le 31/01/2024 à 8:47
Signaler
Ben oui, l'électricité ne pollue pas mais coûte une blinde. Alors que le gaz c'est le contraire.

à écrit le 31/01/2024 à 8:40
Signaler
Le Français, toujours "bon" à payer les gabegies de l'état et des structures/administrations publiques, est encore tondu par des taxes. J'avais cru comprendre hier qu'Attal voulait désmicardiser la France ? On nous prend pour des buses

à écrit le 31/01/2024 à 8:34
Signaler
Avec le réchauffement climatique c'était à prévoir, les rentrées d'argent étaient planifié non pas sur une consommation mais sur une prévision financière, il faut bien compenser ce manque de consommation et donc ce manque à gagner...

à écrit le 31/01/2024 à 7:49
Signaler
des superprofits !!!!!!!!!!!!!!! il faut une taxe sur ces profits aisni que des manifs de gauche, pour montrer l'indignation juste et tolerante car de gauche!!!!! curieusement, depuis que EDF a ete nationalisee apres manipulation de cours ( mais sans...

le 31/01/2024 à 11:00
Signaler
Et les superdividendes "libres" et "méritants" ...car de drôate, vous en faites quoi? Ah, oui, c'est pour vos héritiers.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.