![L'électricité sera « davantage taxée que le gaz », souligne-t-on chez le courtier en énergie Selectra, qui accompagne les consommateurs dans la gestion de leurs factures.](https://static.latribune.fr/full_width/1781445/facture.jpg)
Entre l'accélération de la transition énergétique et le retour à l'équilibre budgétaire, il faut choisir. C'est en tout cas le message envoyé par le nouveau gouvernement de Gabriel Attal, qui semble pencher en faveur de la deuxième option. En effet, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire (dont le portefeuille a été élargi à l'énergie), a confirmé il y a quelques jours que la facture d'électricité des Français augmentera d'environ 10% à partir du jeudi 1er février, en raison de la réintroduction d'une taxe.
Résultat : en moyenne, les ménages paieront 100 euros de plus sur l'année pour leur courant par rapport à 2023, selon les calculs du courtier en énergie Selectra dévoilés mardi. Soit, en cumulé, une hausse de plus de 40% des mensualités depuis début 2022, alors que le tarif du gaz naturel est, lui, « resté quasiment au même niveau » pendant cette période, affirme à La Tribune le directeur général délégué de Selectra, Maxime de La Raudière. Un signal pour le moins étonnant, au moment-même où l'exécutif plaide pour un transfert massif des usages du gaz ou du pétrole vers l'électricité bas carbone, dans le chauffage des bâtiments comme pour la motorisation des véhicules.
Source de revenus pour l'Etat
D'autant que les prix de l'électricité sur les marchés ont chuté ces derniers mois. Le bouclier tarifaire est même devenu « inutile » : la Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui se base sur les cours observés sur les bourses d'échange lors des deux dernières années, a calculé que le tarif réglementé de vente (TRV) d'EDF pour les clients résidentiels devrait augmenter de... 0,01% au 1er février (hors taxes et mesures gouvernementales). Bien loin des 10%, donc.
C'était sans compter sur le retour de la Taxe intérieure sur la consommation d'électricité (TICFE). Abaissée à 1 euro par mégawattheure (MWh) pendant la crise, cette accise coûtera 21 euros par MWh aux consommateurs dès le mois prochain.
« Avant 2022, elle s'élevait à 32,06 euros par MWh. Lorsque le gouvernement l'a diminuée à 1 euro/MWh dans le cadre du bouclier tarifaire, celui-ci essuyait un manque à gagner de 9 milliard d'euros. En la réintroduisant, il s'assure facilement une source de revenus non négligeable, en période de réduction du déficit public », explique Maxime de La Raudière.
Depuis plusieurs mois, l'exécutif plantait d'ailleurs des graines en ce sens, distillant des informations selon lesquelles une hausse « jusqu'à 10% » pourrait intervenir début 2024. L'objectif, martelé par Bruno Le Maire : sortir définitivement du fameux « quoi qu'il en coûte », malgré le contexte inflationniste. Et « garder le cap » d'un déficit public sous 3% du PIB en 2027, comme l'a rappelé mardi Gabriel Attal à l'occasion de son discours de politique générale.
Une fiscalité plus lourde sur l'électricité que sur le gaz
L'électricité sera ainsi « davantage taxée que le gaz », souligne-t-on chez Selectra. Le droit d'accise sur cet hydrocarbure a pourtant été revalorisé début 2024, à 16,37 euros par MWh contre 8,37 euros auparavant. Mais au global, le prix du gaz naturel, toutes taxes comprises, sera « beaucoup moins élevé » que pour l'électricité, malgré l'absence de bouclier tarifaire sur cette source d'énergie. « Avant 2022, il était deux fois moins cher de se chauffer au gaz. Là, nous passons dans un monde où ce sera trois fois moins cher », poursuit Maxime de La Raudière.
« C'est un vrai paradoxe, puisque l'on nous dit qu'il faut électrifier les procédés pour se passer des combustibles fossiles », ajoute le courtier.
Surtout, les pouvoirs publics pourraient repasser la TICFE à 32 euros par MWh en février 2025, comme c'était le cas avant la crise. Ce qui augmenterait encore de 50 euros la facture annuelle d'électricité moyenne des Français.
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