Espagne : pour la première fois, la moitié de la production d'électricité vient du renouvelable

Par latribune.fr  |   |  787  mots
Le pays a produit, pour la première fois l'an dernier, plus de la moitié de son électricité à partir de sources d'énergie renouvelables, comme le solaire ou l'éolien. (Crédits : DR)
Il s'agit d'un record pour ce pays qui mise sur le solaire ou l'éolien. L'Espagne se place dorénavant parmi les bons élèves de l'Europe avec ses voisins comme le Portugal.

Un record « historique » pour l'Espagne. Le pays a produit, pour la première fois l'an dernier, plus de la moitié de son électricité à partir de sources d'énergie renouvelable, comme le solaire ou l'éolien, a indiqué ce jeudi le gestionnaire du réseau électrique.

Selon Red Eléctrica Española (REE), la production d'électricité renouvelable a alors atteint en 2023 près de 135.000 gigawatts/heure, soit 50,4% du bouquet électrique national. Un pourcentage supérieur de huit points à celui de 2022 (42,2%). Ces chiffres « sont la preuve irréfutable que la transition écologique avance d'un pas solide dans notre pays », s'est félicitée la présidente de REE, Beatriz Corredor.

Plus de solaire et d'éolien

Des résultats qui suivent la politique du pays en la matière. En effet, le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez s'est engagé à porter la part des renouvelables dans la production électrique espagnole à 74% d'ici 2030, grâce au fort ensoleillement et aux nombreuses zones venteuses dont bénéficie l'Espagne. Dans ce cadre, les méga-projets de parcs solaires et éoliens se sont multipliés, favorisés par des investissements massifs, notamment dans les zones faiblement peuplées du nord et du centre du pays.

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Selon le groupe espagnol, la première source d'électricité a alors été, pour la deuxième année de suite, l'énergie éolienne, avec une production de plus de 63.000 gigawatts/heure, soit 23,3% du total de l'électricité produite en Espagne. Les installations photovoltaïques ont quant à elles produit 37.000 gigawatts/heure, et donc représentées 14% du bouquet électrique national. Ce chiffre est supérieur à celui des centrales hydrauliques, qui ont généré 9,5% de l'électricité espagnole.

La production d'électricité d'origine nucléaire est, pour sa part, restée stable (20,3% du bouquet total), tandis que celle des centrales à gaz a reculé de sept points de pourcentage, à 17,2%.

L'Europe se met au vert

L'Espagne suit ainsi la tendance des bons élèves européens en matière de renouvelables. Son voisin, le Portugal, a également enregistré un nouveau record en 2023. Ainsi, les ENR ont fourni 61% de l'électricité consommée dans le pays ibérique, a indiqué en début de semaine le gestionnaire des réseaux énergétiques nationaux (REN). L'hydroélectrique a enregistré la plus forte hausse dans le pays (+70%) ainsi que le photovoltaïque (+43%).

L'Allemagne a également connu une année plus verte : moins d'émissions et plus de renouvelables. Pour la première fois de son histoire, le pays a produit un peu plus de 50% d'énergies renouvelables pour ses besoins en électricité, alors que la part du charbon, qui représente encore un quart du bouquet énergétique, a diminué. La sortie du charbon est le principal défi de la transition énergétique menée par la première économie européenne. Le gouvernement allemand compte ainsi atteindre 80% d'électricité renouvelable dans la consommation brute d'électricité d'ici à 2030, un objectif jugé ambitieux. Car si la production d'électricité à partir de charbon a fortement baissé, le recours au gaz a, lui, augmenté de plus de 31%.

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La France, mauvaise élève ?

De son côté, la France se retrouve souvent pointée du doigt pour son retard dans le développement des énergies renouvelables. Dans un rapport sorti fin décembre, Greenpeace juge même que l'Hexagone est « à la traîne » par rapport à ses voisins européens en matière d'ambition pour les années à venir.

L'ONG, qui se base sur le Plan énergie et climat national (NECP) remis à l'Union européenne par une vingtaine d'Etats-membres, relève que la France est systématiquement dans la deuxième moitié du classement, si on rapporte ces objectifs par rapport à des données comme la population, la superficie du pays et son PIB. Sur six pays (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas et Portugal) de plus de dix millions d'habitants, au développement économique, niveau d'ensoleillement et démarche diplomatique comparables, l'Hexagone se classe même presque systématiquement en queue de peloton en termes d'objectifs pour 2030, alerte Greenpeace.

Pourtant, pour le ministère de la Transition énergétique, « le mix électrique français a la particularité d'être très décarboné ». Cela « permet à notre pays de contribuer de longue date à la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne », ajoute-t-il, insistant sur la particularité du modèle français, champion du nucléaire par habitant. Un argument contesté par Greenpeace, pour qui le nucléaire est « trop lent à déployer pour avoir un impact significatif en 2030 ».

(Avec AFP)