Île-de-France : comment la Vallée de Chevreuse transforme les biodéchets en énergie

Une nouvelle législation sur le tri, entrée en vigueur début 2024, oblige les collectivités territoriales à organiser la collecte des biodéchets. Une opération que le Syndicat mixte d'ordures ménagères de la Vallée de Chevreuse (Siom) mène déjà depuis quelques années. Explications.
La centrale de revalorisation du Siom (Syndicat mixte d'ordures ménagères), chargée des ordures ménagères.
La centrale de revalorisation du Siom (Syndicat mixte d'ordures ménagères), chargée des ordures ménagères. (Crédits : SIOM)

Depuis le 1er janvier 2024, les collectivités territoriales doivent mettre à disposition de leurs administrés une solution de tri à la source de leurs déchets organiques, c'est-à-dire les déchets alimentaires et les déchets verts. Selon une étude réalisée en 2018 par l'association Solagro, GRDF et l'Agence de la transition écologique (Ademe), un ménage produit en effet, chaque année, près de 83 kilos de biodéchets : épluchures de fruits et légumes, restes de yaourt, déchets de jardins...

Ce qui représente un tiers du contenu des poubelles des Français. Aussi, cette masse représente un fort potentiel pour la production énergétique, comme le démontrent les 647 sites de méthanisation qui injectent 11,7 térawattheures (TWh) par an de biométhane dans les réseaux gaziers.

Lire aussiFace aux dérives, la Normandie suspend ses aides à la méthanisation

 
Une réutilisation des déchets, sur le principe de l'économie circulaire, dont s'est saisi le Syndicat mixte d'ordures ménagères de la Vallée de Chevreuse (Siom) avant même l'entrée en vigueur de la législation. En 2022, 402 tonnes de biodéchets été collectées sur 21 communes, parmi lesquelles Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Saclay, Orsay, Les Ulis, Palaiseau ou Longjumeau.

Un dispositif onéreux

Mais de la collecte à l'incinération, le dispositif se révèle onéreux. Malgré les efforts pour baisser les dépenses, par exemple en réduisant le nombre de sacs distribués, les factures ne résistent pas à l'inflation, témoigne Jean-François Vigier, maire (UDI) de Bures-sur-Yvette, dans la vallée de Chevreuse, président du Siom et co-président de la commission Transition écologique à l'Association des maires de France (AMF).

« En 2022, le budget des sacs poubelles à base de végétaux que nous distribuons aux habitants était de 600.000 euros. En 2023, ce même budget s'élevait à un million d'euros », affirme Jean-François Vigier à La Tribune.

S'ajoute le coût de l'énergie, comme pour le gaz qui alimente la cinquantaine de camions de collecte. Entre 2021 et 2023, le budget du Siom a ainsi grimpé de 200.000 à 800.000 euros. Tout comme la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), que subit « injustement » le Siom, qui est censée croître d'un million d'euros d'ici à 2025.

Ces biodéchets, le syndicat les confie ensuite à Moulinot, une société française située à Stains (Seine-Saint-Denis) et spécialisée dans le recyclage et la revalorisation. Depuis le 1er septembre 2023, l'entreprise collecte des déchets alimentaires de plus de 400 établissements publics (écoles, crèches et EHPAD) parisiens. Ces collectes permettent de détourner potentiellement 3.500 tonnes de biodéchets de l'incinération.

Cependant, le Siom dispose de ses propres brûleries d'ordures ménagères.

Lire aussiBiodéchets : Moulinot étend la massification des collectes en France

50 ans de revalorisation

Située aux abords du parc d'activités de Courtaboeuf (Essonne), la déchetterie-ressourcerie de Villejust est la première, et seule active aujourd'hui, pour le Siom. Elle dispose de deux fours, inaugurés en 1972 et 1984, qui brûlent chacun 12 tonnes de déchets par heure, en continu. Du matériel vieillissant qui nécessite une maintenance renforcée.

« Nous avons déjà introduit des travaux d'investissement à hauteur de sept millions d'euros pour améliorer le fonctionnement des incinérateurs. Dans huit ans, nous devrons d'ailleurs changer l'un des fours, un projet de plusieurs dizaines de millions d'euros. », explique Jean-François Vigier à La Tribune.

Ces déchets brûlés servent à produire de l'énergie thermique (107.207 MWh par an) mais aussi de l'énergie électrique (21.385 MWh par an). Ces productions servent d'abord à alimenter les ménages de la Vallée de Chevreuse et de la Communauté Paris-Saclay, soit 207.599 habitants. Avant que le surplus ne soit remis à la vente.

Le Siom est l'un des pionniers du secteur, et a déjà entamé les travaux pour une nouvelle ressourcerie sur le plateau de Saclay.

« La déchetterie historique est aujourd'hui saturée. Avec l'aide de l'Ademe, nous avons pu lancer le chantier en juin 2023 », se réjouit Jean-François Vigier.

L'inauguration de cette nouvelle unité est prévue pour l'été 2024.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 03/01/2024 à 22:09
Signaler
Faire du biogaz, c'est intéressant, mais il faut charrier régulièrement toutes ces collectes sur un site parfois éloigné. A quand un méthaniseur par grande ville (= proximité) ? Quand on dépose les déchets végétaux dans son 'jardin' ça économise les...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.