Énergies marines : repris par Entech à Quimper, les équipes et les savoir-faire de Sabella restent en France

Spécialiste du stockage et du pilotage intelligent des énergies renouvelables, la PME technologique Entech a repris, juste avant Noël, l’ensemble des salariés et des actifs de Sabella, fabricant d'hydroliennes. Ce sauvetage bienvenu pour la PME quimpéroise, placée en redressement judiciaire, exclut toutefois l’hydrolienne D10 qui alimente l’île d’Ouessant en électricité verte. Pour Sabella, l’avenir de cette activité dépendra de la volonté de l’État d’inscrire l’hydrolien au titre des énergies renouvelables développées en France.
En reprenant les équipes et la quasi totalité des actifs de la PME Sabella, Entech Smart Energies renforce ses capacités dans l'hydrolien et les énergies marines renouvelables. Côtée en bourse, cette entreprise technologique est spécialisée dans la conversion, le stockage et le pilotage intelligent des énergies renouvelables (solaire, hydrogène, ENR).
En reprenant les équipes et la quasi totalité des actifs de la PME Sabella, Entech Smart Energies renforce ses capacités dans l'hydrolien et les énergies marines renouvelables. Côtée en bourse, cette entreprise technologique est spécialisée dans la conversion, le stockage et le pilotage intelligent des énergies renouvelables (solaire, hydrogène, ENR). (Crédits : Neoen)

« Nous n'allons pas lâcher la bataille de l'hydrolien ». La petite phrase lancée par le président Emmanuel Macron, fin novembre lors des Assises de la mer à Nantes, a été perçue comme un signal encourageant par les acteurs de la filière. Mais le grand soir de cette énergie portée par les courants marins ou fluviaux n'est pas encore arrivé.

Pour certaines entreprises, c'est donc au tribunal de commerce que se discute l'avenir. Placée en redressement judiciaire en octobre dernier, la PME quimpéroise Sabella, dont l'hydrolienne D10 alimente l'île d'Ouessant en électricité produite par les courants marins, vient de sauver ses équipes et une partie de ses actifs de la liquidation.

Suite à une conciliation préalable, le tribunal de commerce de Quimper a donné son feu vert, le 22 décembre dernier, à la reprise des dix-neuf salariés, dont dix-sept ingénieurs, et des brevets de Sabella par Entech Smart Energies, l'un de ses partenaires.

L'activité liée à l'hydrolienne D10 reste chez Sabella

Cotée en Bourse, cette autre société quimpéroise, spécialisée dans la conversion, le stockage et le pilotage intelligent des énergies renouvelables (solaire, hydrogène, ENR) a intégré tous les salariés et racheté pour 150.000 euros la propriété intellectuelle de plus de 80 brevets relatifs aux énergies marines. Désormais réunis au sein d'Entech NTE, filiale à 100% créée en décembre, ces actifs ne comprennent pas, en revanche, l'activité hydrolienne du démonstrateur D10.

« Avec Entech pour partenaire depuis 2018, Sabella, dont nous connaissons bien les équipes, a conçu et réalisé la première hydrolienne marine connectée au réseau électrique français. Nous reprenons l'ensemble de la société, à l'exception des actifs liés à cette hydrolienne D10. Le modèle d'Entech est fondé sur la construction de systèmes de production, pas sur les turbines », précise Christopher Franquet. Le PDG d'Entech, une PME de 126 personnes, affiche son projet de « réorienter les technologies et le savoir-faire de Sabella sur ce modèle » afin de se développer « de façon pérenne sur le segment des énergies marines renouvelables ».

Contrer la concurrence étrangère et garder la matière grise en France

Face aux offres concurrentes déposées au tribunal, notamment par une entreprise italienne, la reprise des actifs de Sabella permet à Entech de maintenir en France et à Quimper un savoir-faire à forte valeur ajoutée. L'équipe nouvellement intégrée va travailler sur des projets existants d'Entech.

« La collaboration des équipes d'études et de production dans les domaines de l'électrotechnique, de la mécanique, de la fluidique, de l'automatique et de l'IT (technologies de l'information) permettra de renforcer nos capacités pour conquérir et réaliser des projets ambitieux sur un marché élargi », fait valoir l'entreprise dont l'objectif en 2025 est d'atteindre130 millions de chiffre d'affaires.

Confortée par des contrats dans les domaines du solaire, de la propulsion hybride ou du stockage d'énergie, la PME a enregistré un revenu de 17,6 millions d'euros sur le premier semestre de 2023, en croissance de +37% par rapport à l'année précédente. En hausse de 64% à la fin septembre 2023, son carnet de commandes s'est étoffé en novembre après le gain d'un appel d'offres pour l'installation au sol d'une centrale de production d'électricité à partir de l'énergie solaire à Landivisiau. En capitalisant sur la propriété intellectuelle de Sabella, Entech ne ferme pas non plus la porte à l'hydrolien.

Projet Blue Island de Sabella dans le Fromveur

La société, qui a réalisé le système de conversion électrique de l'hydrolienne D10, pourrait même faire partie de l'alliance que Sabella tente de faire naître pour sauver l'activité de sa turbine et la décarbonation de l'île d'Ouessant. Désormais sans équipes mais déterminés, les président et directeur général de Sabella, Benoît Bazire et Fanch Le Bris, discutent dans ce sens avec des partenaires potentiels dont une société américaine spécialisée dans l'hydro-électricité.

Les 150.000 euros versés par Entech pour racheter les brevets n'épongent pas les créances auprès des fournisseurs, mais les deux dirigeants affichent l'ambition de ne pas perdre des années d'expertise.

« L'hydrolienne D10 produit à pleine puissance, dans le Fromveur. C'est un modèle unique, il n'existe pas de turbine de cette taille (1 MW) à tourner », observe Benoît Bazire. « Notre projet, baptisé Blue Island, vise à trouver des financements pour continuer à injecter de l'électricité sur l'île et remplacer le démonstrateur D10 par des turbines. Avec quatre turbines d'un mégawatt, on fournit la majorité de l'électricité d'Ouessant » ajoute le dirigeant.

En parallèle, Benoît Bazire continue de réclamer un cadre légal pour le développement et le financement du marché hydrolien. « Seule la mise en place de fermes hydroliennes permettra à une entreprise innovante comme Sabella de devenir bénéficiaire. Il faut inscrire l'hydrolien parmi les énergies renouvelables développées en France » revendique-t-il.

En novembre à Nantes, Emmanuel Macron a confirmé le projet de ferme hydrolienne FloWatt, porté par les CMN de Cherbourg avec HydroQuest et Qair dans le Raz Blanchard et donné le l'espoir au secteur hydrolien. Il n'a en revanche fait aucune allusion au projet Blue Island. L'année 2024 a démarré et la filière estime que le ministère de la Transition énergétique demeure encore trop flou sur le sujet d'éventuels appels d'offres commerciaux.

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Commentaire 1
à écrit le 04/01/2024 à 10:31
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Hydrolien = problèmes d'étanchéité ET de corrosion pour une efficacité faible.

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