Énergies renouvelables : la France manque d'ambition par rapport aux autres pays de l'UE, tacle Greenpeace

Pour l'ONG environnementale, la France est « à la traîne » par rapport à ses voisins européens sur le front des énergies renouvelables pour les années à venir. Le pays devrait cibler une plus forte production photovoltaïque et éolienne s'il veut limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Le gouvernement s'affiche serein, estimant que grâce au nucléaire notamment, le « mix électrique français a la particularité d'être très décarboné ».
Greenpeace prend l’exemple du solaire. La France s’est fixé comme objectif d’installer une capacité de 66 à 77 mégawatt (Mw) par km² d’ici 2030, quand les cinq autres pays oscillent entre 114 et 416 Mw par km².
Greenpeace prend l’exemple du solaire. La France s’est fixé comme objectif d’installer une capacité de 66 à 77 mégawatt (Mw) par km² d’ici 2030, quand les cinq autres pays oscillent entre 114 et 416 Mw par km². (Crédits : Reuters)

En matière d'objectifs de développement des énergies renouvelables, la France n'a pas à fanfaronner face à ses voisins, selon un rapport de Greenpeace publié ce mardi. L'ONG s'est basée sur le Plan énergie et climat national (NECP) remis à l'Union européenne par une vingtaine d'États membres. En comparant les ambitions listées par chacun, il en ressort que l'Hexagone est systématiquement dans la deuxième moitié du classement, si on rapporte ces objectifs par rapport à des données comme la population, la superficie du pays et son PIB.

La comparaison est encore moins flatteuse avec les pays dont elle partage plusieurs points communs. Ainsi, par rapport à cinq autres États ayant plus de dix millions d'habitants et au développement économique, niveau d'ensoleillement et démarche diplomatique comparables - à savoir l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas et le Portugal -, l'Hexagone se classe presque systématiquement en queue de peloton, en termes d'objectifs pour 2030, constate Greenpeace.

Lire aussiLa part de l'éolien et du solaire dans la production électrique mondiale a atteint un record en 2022

Petit bras sur le solaire et l'éolien

L'ONG prend l'exemple du solaire. La France s'est fixée comme objectif d'installer une capacité de 66 à 77 mégawatts (MW) par km² d'ici 2030. Les cinq autres pays, eux, oscillent entre 114 et 416 MW par km².

« La France doit se fixer pour 2030 un niveau d'ambition de développement de l'éolien terrestre et du solaire photovoltaïque au moins équivalent à ce que prévoient nos plus proches voisins européens », estime Greenpeace.

Ainsi, selon l'ONG, le pays devrait cibler une production située « entre 100 et 120 gigawatts (GW) de solaire photovoltaïque en 2030 », contre les 54 à 60 GW visés actuellement par le gouvernement. Et « entre 50 et 55 GW d'éolien terrestre en 2030 » contre l'objectif actuel de 33 à 35 GW. Pour rappel, l'État français envisage de dépasser les 100 GW pour le solaire qu'à horizon 2050 et atteindre les 40 GW pour l'éolien à cette même période. Pour y parvenir, il a adopté au printemps dernier la loi d'accélération des énergies renouvelables. Insuffisant aux yeux de l'ONG.

« Si on veut électrifier au plus vite transports, industrie, bâtiment, on a besoin d'en faire beaucoup plus et d'avoir cette électricité renouvelable à court terme », a appuyé à l'AFP Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique pour Greenpeace.

Le développement des énergies renouvelables est crucial pour baisser le recours aux énergies fossiles et ainsi limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, comme acté dans l'Accord de Paris de 2015. Un sujet qui a d'ailleurs nourri de nombreux échanges lors de la dernière conférence de l'ONU sur le climat (COP28), où plus de 110 pays ont poussé pour un triplement des énergies renouvelables d'ici 2030.

Lire aussiCOP28 : tripler les capacités des énergies renouvelables d'ici à 2030, un objectif en trompe-l'œil ?

Le gouvernement droit dans ses bottes

Les préconisations de Greenpeace sont toutefois balayées par le ministère de la Transition énergétique. Ce dernier estime « le mix électrique français a la particularité d'être très décarboné ». Cela « permet à notre pays de contribuer de longue date à la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne », ajoute-t-il, insistant sur le fait que le modèle français est champion du nucléaire par habitant. Cet argument est contesté par Greenpeace, pour qui le nucléaire est « trop lent à déployer pour avoir un impact significatif en 2030 ».

L'État indiquait fin novembre, lors de la présentation de la « Stratégie française pour l'énergie et le climat », miser justement sur le développement massif de l'énergie solaire, de l'éolien en mer et du nucléaire pour sortir le pays de sa dépendance aux énergies fossiles. Ainsi que sur la « maîtrise de la consommation ». Outre une loi, cette stratégie fera prochainement l'objet d'un décret décrivant les grandes orientations par énergie et par périodes quinquennales.

Greenpeace déplorait alors déjà « une feuille de route et des objectifs bien trop insuffisants pour permettre à la France de respecter l'Accord de Paris ». De son côté, France Renouvelables estimait que pour tenir ces objectifs, « l'État, la finance, les élus locaux... doivent maintenant organiser » cette montée en puissance et installer un rythme régulier, loin des à-coups qui ont secoué le secteur ces dernières années.

Le chemin est en tout cas encore long. Fin 2022, la France affichait en effet environ 66 GW de capacités électriques renouvelables totales réparties entre 40% pour l'hydraulique (barrages), 31% pour l'éolien terrestre et 24% pour le photovoltaïque.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 19/12/2023 à 17:32
Signaler
Quand s’affranchira-t-on de l’avis de Greenpeace sur tous nos choix politiques concernant nos politiques énergétiques ? C’est simplement un lobby nord américain qui ne représente que lui même et n’a aucunement été élu par les citoyens de ce pays pour...

à écrit le 19/12/2023 à 15:51
Signaler
"s'il veut limiter le réchauffement climatique à +1,5°C" : Tout le monde sait que ca n'arrivera pas, Greenpeace est à côté de la plaque

à écrit le 19/12/2023 à 14:46
Signaler
"Le pays devrait cibler une plus forte production photovoltaïque et éolienne s'il veut limiter le réchauffement climatique à +1,5°C.". En quoi le développement du renouvelable en France va contribuer à limiter le réchauffement climatique ? La France ...

à écrit le 19/12/2023 à 14:31
Signaler
hormis le Portugal qui a une structure économique, la France rejette moins de CO2 par habitants que les autres pays cités justement grace au nucléaire. Donc OUI elle peut fonfaronner

à écrit le 19/12/2023 à 14:28
Signaler
Le disque de greenpeace est rayé, et le message prête à sourire, la France ne remplacera pas ses centrales nucléaires bas carbone et pilotables par des projets éolien-gaz dispendieux. Tout le monde l'a bien compris à la COP28, et l'exemple français v...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.