L’Etat et EDF mettent fin à leur bras de fer et trouvent un accord sur le prix de l’électricité nucléaire

Par latribune.fr  |   |  850  mots
Un accord a été déniché sur un prix de vente moyen de l'électricité nucléaire « autour de 70 euros » le mégawattheure (MWh) a affirmé le locataire de Bercy, Bruno Le Maire, ce mardi. (Crédits : YVES HERMAN)
Après des mois de négociations tendues, l'Etat et EDF ont annoncé ce mardi un accord sur les prix de l'électricité qui seront fixés à 70 euros le mégawattheure, soit un prix beaucoup moins élevé que celui du marché de gros. Le gouvernement a, en parallèle, annoncé que le tarif réglementé sera étendu à toutes les très petites entreprises dès 2026.

[Article publié le mardi 14 novembre 2023 à 07h50 et mis à jour à 11h47] Enfin. Après des mois de négociations tendues, l'Etat et EDF ont annoncé un accord sur les prix de l'électricité ce mardi 14 novembre. Réunissant le PDG d'EDF, Luc Rémont, le ministère de l'Economie, Bruno Le Maire, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, une rencontre s'est tenue ce matin. A l'issue de celle-ci, l'exécutif et l'énergéticien ont détaillé le nouveau modèle de régulation des prix de l'électricité nucléaire, alors que le mécanisme actuel de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique) va s'arrêter fin 2025.

Dans le détail, un accord a été déniché sur un prix de vente moyen de l'électricité nucléaire « autour de 70 euros » le mégawattheure (MWh) a affirmé le locataire de Bercy ce mardi. Un prix de référence proche des coûts de production nucléaire d'EDF comme le souhaitait le gouvernement, évalués autour de 70-75 euros, et à 60 euros par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui ne couvrait que le parc nucléaire actuel et excluait les 6 nouveaux réacteurs que l'exécutif veut construire.

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« Avec cet accord, nous avons réussi à trouver un équilibre vital entre la compétitivité de notre industrie, la visibilité, la stabilité pour les ménages et le développement d'EDF », a commenté le ministre, promettant une « protection permanente » du consommateur sur les prix de l'électricité.

Pour arriver à ce prix moyen de 70 euros, l'Etat va taxer la quasi-totalité des revenus générés par EDF dès lors qu'il vendra son électricité sur le marché de gros au-delà de 110 euros. Objectif affiché : les redistribuer aux consommateurs.

Préserver la compétitivité des entreprises

Alors que l'électricité s'échange aujourd'hui autour de 120 euros le MWh pour livraison début 2025, ce prix de 70 euros est censé préserver la compétitivité de l'industrie française (en négociant des prix inférieurs) et ménager les factures des particuliers. « Pour les entreprises, cet accord préserve nos atouts de compétitivité », a notamment affirmé le ministre. Point important, dans l'optique de préserver ces dernières des fluctuations du prix de l'électricité sur le marché de gros, Bruno Le Maire a aussi précisé que le tarif réglementé sera étendu à toutes les très petites entreprises dès 2026.

« Toutes les entreprises de moins de dix personnes et de moins de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires auront droit à un tarif régulé, quel que soit leur niveau de consommation électrique. Il n'y aura donc plus de seuil à 36 kilovoltampères (kVA) », a fait valoir le ministre.

Jusqu'ici, les TPE les plus consommatrices d'énergie - à l'image des artisans-boulangers - qui étaient alimentées pour une puissance supérieure à 36 kVA n'avaient pas accès à ce tarif. Soulignant l'électrification massive des usages, Bruno Le Maire a indiqué qu'il était « indispensable pour le consommateur d'avoir de la stabilité des prix », assurant qu'elle serait « garantie » par ce nouvel accord, lequel permettra « aussi de garantir à nos compatriotes le financement de nos investissements futurs, en particulier dans les nouveaux réacteurs nucléaires ».

Cet accord permet ainsi, selon le gouvernement, de préserver les capacités d'investissement d'EDF, lesté d'une dette abyssale de 65 milliards d'euros, estimées à 25 milliards d'euros par an au cours des prochaines années. Pour autant, ce prix moyen est très éloigné des positions de départ d'EDF. Ce dernier poussait en effet pour un prix proche de 100 euros, il y a encore quelques semaines. Un bras de fer qu'a reconnu le ministre de l'Économie, confirmant que ces négociations entre EDF et son actionnaire unique « ont été longues, parfois difficiles, mais elles ont abouti ».

Taxer les revenus générés

Cette régulation, qui permet aux pouvoirs publics de garder « le contrôle de ce marché » comme l'a annoncé récemment Emmanuel Macron, va compléter deux outils qui permettront à EDF de faire face au mur d'investissements. L'un consiste à nouer des contrats de long terme avec de gros industriels énergivores.

L'autre, expérimenté par EDF, permet de vendre sur les marchés de gros des lots d'électricité en avance à ses propres concurrents fournisseurs d'électricité alternatifs. Lancées en septembre, des enchères ont fait ressortir des prix de 77 euros le MWh pour livraison 2027 et de 83 à 85 euros le MWh pour 2028. « Ce ne sont plus du tout des prix de guerre », a expliqué vendredi Luc Rémont au Sénat, en référence à la flambée des prix de l'électricité liée à la guerre en Ukraine, avec des pics à 1.000 euros le MWh en août 2022 sur le marché de gros.

(Avec AFP)