Nucléaire : en Finlande, deuxième arrêt en moins de dix jours pour l'EPR Olkiluoto 3

Par latribune.fr  |   |  635  mots
Olkiluoto 3 est à ce jour le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe. Avec sa puissance de 1.600 mégawatts, il fournit 14% de l'électricité de la Finlande. (Crédits : Reuters)
Le réacteur nucléaire EPR Olkiluoto 3 en Finlande, le plus puissant d'Europe, a de nouveau cessé sa production ce mercredi à la mi-journée. Il s'est mis à l'arrêt automatiquement lors d'un test selon son exploitant TVO. Une nouvelle panne qui intervient dix jours à peine après un précédent incident, qui l'avait alors laissé au point mort pendant trois jours.

Nouveau couac pour le réacteur nucléaire EPR finlandais, de conception française, Olkiluoto 3 (OL3). Un test de maintien d'activité était en cours ce mercredi 29 novembre, nécessitant la création d'un court-circuit momentané près de la centrale. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

« La production d'électricité devait se poursuivre normalement pendant le test », a expliqué Johanna Aho, responsable de la communication de TVO, l'entreprise exploitante. Mais elle « s'est interrompue », a-t-elle ajouté.

Un arrêt survenu à 13h35 locales (11h35 GMT). TVO a précisé « enquêter de façon approfondie sur les causes » de cet incident.

Une précédente panne 10 jours plus tôt

De quoi susciter de nouvelles inquiétudes quant au fonctionnement d'Olkiluoto 3. Car seulement 10 jours plus tôt, le dimanche 19 novembre, sa production électrique s'était automatiquement interrompue. TVO avait indiqué le lendemain que la cause de cette panne était « un dysfonctionnement de la mesure de la température dans le système de refroidissement du générateur » qui n'avait pas eu d'impact sur la sûreté nucléaire. La production sur ce réacteur avait ensuite redémarré le mercredi suivant.

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Quelques semaines plus tôt, mi-octobre, des dommages dans l'îlot de turbine du réacteur avaient également été détectés. Mais TVO avait assuré qu'ils n'avaient pas d'incidence sur la sécurité. Pour rappel, la production régulière du réacteur devait commencer cet été, mais elle avait été reportée à décembre, après l'observation de « matières étrangères » dans le réchaud à vapeur de la turbine. Pour le pays scandinave, l'hiver s'annonce tendu sur le plan énergétique avec le chamboulement du marché provoqué par la guerre en Ukraine.

Déconvenue sur déconvenue

Ce nouveau problème s'ajoute à la longue liste de déboires rencontrés par ce réacteur depuis ses débuts. Construit par le groupe français Areva avec l'allemand Siemens sur la côte sud-ouest finlandaise, Olkiluoto 3 est entré en service mi-avril dernier, après 18 ans de travaux. Soit avec 14 ans de retard sur le programme initial. Il est à ce jour le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe. Avec sa puissance de 1.600 mégawatts, il fournit 14% de l'électricité de la Finlande.

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Comme nombre d'autres chantiers d'EPR, OL3 a été marqué par d'innombrables retards et d'énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel d'Areva, depuis rebaptisé Orano. Dès 2006, trois ans après l'annonce du lancement du chantier, des retards dans la construction de la principale conduite de refroidissement avaient déjà reporté la mise en route du réacteur à 2010-2011. L'agence finlandaise de sécurité nucléaire STUK avait ensuite demandé en 2009 plusieurs centaines d'améliorations du fait de « problèmes liés à la construction », ouvrant un conflit entre l'exploitant du futur réacteur, le finlandais TVO, et Areva-Siemens, avec également des critiques sur le gendarme finlandais. Après plusieurs années de litiges et de retards supplémentaires, Areva avait finalement réglé son différend avec TVO en novembre 2018, en payant une compensation de 450 millions d'euros.

Côte français, l'EPR de Flamanville a lui aussi connu son lot de déconvenues. Une campagne d'essais d'envergure, forme de « dernière répétition générale » avant le démarrage, a commencé début octobre. Il doit être mis en service courant 2024. Un lancement maintes fois reporté : le chantier accuse 12 ans de retard. Non sans conséquence sur la facture, qui devrait s'élever à 13,2 milliards d'euros, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards.

(Avec AFP)