Nucléaire iranien : l'AIEA se montre de plus en plus inquiète sur les activités de Téhéran

Par latribune.fr  |   |  613  mots
L'Iran « a augmenté sa production d'uranium hautement enrichi au cours des dernières semaines, alors qu'il avait ralenti le rythme depuis le milieu de l'année 2023 », a déclaré l'Agence. (Crédits : LEONHARD FOEGER)
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a indiqué ce mardi que l'Iran a augmenté sa production d'uranium enrichi à 60% et a maintenant la capacité théorique de fabriquer une bombe nucléaire. Des activités inquiétantes sur fonds de hausse des tensions avec les Etats-Unis depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Jusqu'où ira Téhéran? Ce mardi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a sonné l'alarme sur les activités d'enrichissement d'uranium de l'Iran.

« Le pays a augmenté sa production d'uranium hautement enrichi au cours des dernières semaines, alors qu'il avait ralenti le rythme depuis le milieu de l'année 2023 », a déclaré l'Agence dans un communiqué.

Si le pays nie vouloir se doter de l'arme nucléaire avec sa production d'uranium, reste qu'il a fait grimper sa production d'uranium enrichi à 60% à environ 9 kg par mois depuis la fin du mois de novembre, ce qui « représente une augmentation par rapport aux quelque 3 kg produits par mois depuis juin et un retour au taux mensuel de 9 kg au cours du premier semestre 2023 », a précisé l'AIEA. Téhéran enrichit son uranium à des niveaux bien loin du plafond fixé par la communauté internationale à 3,67%, équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d'électricité.

Lire aussiUne attaque d'Israël contre l'Iran : la crainte d'une nouvelle crise énergétique

Craintes sur la fabrication de bombes nucléaires par Téhéran

Et ces pratiques de l'Iran inquiètent. En novembre, le pays disposait de 4.486,8 kg d'uranium enrichi, soit plus de 22 fois la limite autorisée par l'AIEA. Surtout, Téhéran disposait le mois dernier de 567,1 kg de matière enrichie à 20% et de 128,3 kg enrichie à 60%... soit plus de trois fois la matière en théorie nécessaire pour fabriquer une bombe atomique, à un niveau de 90%.

Pourtant, pour rappel, Téhéran est sous le joug d'un accord international depuis 2015 encadrant ses activités atomiques, en échange d'une levée des sanctions internationales. Mais, l'accord avait volé en éclats à la suite du retrait de Washington en 2018 décidé par le président américain de l'époque, Donald Trump. Son successeur Joe Biden a bien tenté de le ranimer via des discussions menées à Vienne, mais elles sont au point mort depuis l'été 2022.

Lire aussiNucléaire : en Iran, les stocks d'uranium enrichi montent en flèche et dépassent plus de 22 fois la limite autorisée

L'espoir d'une désescalade des tensions était revenu en 2023. Le ralentissement du rythme de production de l'uranium à 60% en milieu d'année avait été vu par des experts comme un geste, alors que des pourparlers informels avaient repris avec les Etats-Unis.

Tensions entre l'Iran et les Etats-Unis

Mais ces derniers mois, l'animosité est cependant remontée d'un cran avec le conflit entre Israël et le Hamas palestinien, que Washington et Téhéran s'accusent mutuellement d'aggraver. L'Iran a notamment exclu des inspecteurs de l'AIEA et débranché des caméras nécessaires à la surveillance de son programme nucléaire. Mais les puissances occidentales s'en étaient tenues à une « déclaration conjointe » soutenue par une soixantaine de pays, exhortant l'Iran à « agir immédiatement» pour résoudre les contentieux avec l'AIEA. Or, pour Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA, ces récentes réactions montrent « un déclin de l'intérêt des Etats membres », une « banalisation » du dossier qui se retrouve éclipsé par un agenda international chargé.

« Nous devons déployer tous nos efforts (...) pour empêcher un pays qui a la capacité de développer des armes nucléaires de passer à l'acte », avait-il déclaré en octobre, dans un message vidéo adressé au James Timbie Forum, conférence sur la non-prolifération organisée cette semaine par le Département d'Etat américain.

« Nous avons constaté un échec de ce type en Corée du Nord, (pays) qui a franchi la ligne rouge en 2006 » en procédant à son premier essai nucléaire, avait-il alors rappelé dans cette allocution.

(Avec AFP)