Nucléaire : en Iran, les stocks d'uranium enrichi montent en flèche et dépassent plus de 22 fois la limite autorisée

Selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), les stocks d'uranium enrichi s'élevaient à 4.486,8 kg à la date du 28 octobre soit plus de 22 fois la limite autorisée par l'accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d'une levée des sanctions internationales.
Malgré une escalade nucléaire impensable il y a encore peu de temps, Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA a récemment regretté « un déclin de l'intérêt des Etats membres », une « banalisation » du dossier iranien.
Malgré une escalade nucléaire impensable il y a encore peu de temps, Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA a récemment regretté « un déclin de l'intérêt des Etats membres », une « banalisation » du dossier iranien. (Crédits : Morteza Nikoubazl)

Rien ne va plus entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui a condamné mercredi la décision « extrême » de la république islamique de bannir plusieurs de ses inspecteurs.

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D'après une source diplomatique, huit experts, Français et Allemands notamment, sont concernés. Washington, Paris, Londres et Berlin ont d'une même voix appelé l'Iran à revenir sur sa décision. En vain jusqu'à présent. Le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi a reçu mercredi un courrier de Téhéran, arguant de « son droit » de révoquer l'accréditation des inspecteurs tout en disant « explorer les possibilités » de revenir sur sa décision.

L'Iran s'est affranchi progressivement de ses engagements

Un geste « sans précédent » qui intervient au moment où un rapport de l'AIEA dévoile que les stocks d'uranium enrichi de l'Iran s'élevaient à 4.486,8 kg à la date du 28 octobre (contre 3.795,5 kg mi-août), soit plus de 22 fois la limite autorisée par l'accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d'une levée des sanctions internationales. Pour rappel, l'Iran s'est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de ce pacte connu sous l'acronyme JCPOA, en réaction au retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président d'alors, Donald Trump.

Aujourd'hui donc, Téhéran a largement dépassé le plafond fixé à 3,67% équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d'électricité : il dispose de 567,1 kg (contre 535,8 kg auparavant) de matière enrichis à 20% et de 128,3 kg à 60% (contre 121,6 kg) quand il faut atteindre un enrichissement de 90% pour fabriquer une arme atomique. Téhéran a cependant ralenti depuis le printemps le rythme de production et des experts y voient le possible signe d'une volonté de Téhéran de désamorcer la situation, alors que des pourparlers informels avaient repris avec les Etats-Unis. Mais ces dernières semaines, l'animosité entre les deux pays ennemis est cependant remontée d'un cran avec le conflit entre Israël et le Hamas palestinien, que Washington et Téhéran s'accusent mutuellement d'aggraver.

L'AEIA regrette une banalisation du dossier par les puissances occidentales

 Après le constat sans appel de l'AIEA, du 28 octobre, les puissances occidentales vont se concerter en vue du Conseil des gouverneurs. Lors de la précédente réunion, elles avaient brandi la menace d'une résolution mais le sujet est éclipsé par un agenda international chargé.

Malgré une escalade nucléaire impensable il y a encore peu de temps, Rafael Grossi, directeur général de l'AIEA a récemment regretté « un déclin de l'intérêt des Etats membres », une « banalisation » du dossier.  Et a mis en garde le mois dernier contre un « échec » comparable au dossier nord-coréen. L'AIEA dénonce la déconnexion de nombreuses caméras de surveillance et l'absence d'explications au sujet des traces d'uranium découvertes en deux endroits non déclarés, Turquzabad et Varamin. Autant d'éléments qui entravent la mission de l'instance, chargée de « garantir le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire ». Car l'Iran poursuit son escalade et dispose désormais de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques, même s'il nie avoir de telles intentions.

Les Etats-Unis permettent à l'Irak de continuer à se procurer en électricité auprès de l'Iran

Les Etats-Unis ont annoncé mardi renouveler pour une période de 120 jours une dérogation aux sanctions permettant à l'Irak de se procurer en électricité auprès de l'Iran. « Cette mesure va permettre à l'Irak d'utiliser ses propres fonds pour payer l'importation d'électricité d'Iran qui sera placé dans des comptes iraniens restreints en Irak », a déclaré à des journalistes un haut responsable du département d'Etat américain, en rappelant que « l'Iran ne peut utiliser ces fonds que pour des besoins humanitaires ».

En raison des sanctions américaines contre l'Iran, Bagdad ne peut pas payer directement Téhéran pour son gaz. Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz, essentiels pour les centrales électriques irakiennes puisqu'ils couvrent un tiers des besoins du pays. Les impayés de Bagdad à Téhéran pour d'anciennes importations de gaz, avoisinent quelque 10 milliards de dollars, a indiqué le haut responsable sous couvert de l'anonymat. C'est la 21e fois que Washington renouvelle cette dérogation aux sanctions depuis 2018, mais celle-ci est régulièrement dénoncée par l'opposition républicaine à l'administration Biden car elle donne à l'Iran accès à de l'argent frais.

Cette dernière risque d'être d'autant plus critiquée car l'Iran est accusé de soutenir le Hamas qui a lancé une attaque sans précédent sur le sol israélien, le 7 octobre. Les responsables américains expliquent que le renouvellement de la dérogation permet avant tout de soutenir l'Irak, qui en parallèle est engagé dans une transition énergétique. « Cela ne signifie aucun changement de politique vis-à-vis de l'Iran » a insisté le haut responsable, en soulignant que les Etats-Unis n'allégeaient pas leurs sanctions contre Téhéran.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 17/11/2023 à 11:06
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"l'animosité entre les deux pays ennemis est cependant remontée d'un cran avec le conflit entre Israël et le Hamas palestinien" Israël n'a pas attendu ce conflit pour aller bombarder en Iran l'usine militaire d'Ispahan avec des drones le 30 janvie...

à écrit le 17/11/2023 à 11:00
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Une bonne nouvelle pour calmer l'ardeur d'Israël

à écrit le 17/11/2023 à 8:43
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Ben tiens... Trump président des États Unis et vite.

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