Les attaques contre les navires se multiplient ces dernières semaines. Les Américains accusent l'Iran d'avoir attaqué samedi dernier, avec un drone, un navire chimiquier naviguant au large de l'Inde. Le navire, le MV Chem Pluto, navigue sous le pavillon du Libéria, appartient à une entreprise japonaise et est opéré par une compagnie néerlandaise, a précisé le ministère américain de la Défense.
La diplomatie iranienne a rejeté ces accusations ce lundi :
« Nous rejetons ces affirmations comme totalement sans fondement » et « visent à dissimuler le plein soutien du gouvernement américain aux crimes du régime sioniste (Israël) à Gaza », a réagi le porte-parole des Affaires étrangères, Nasser Kanani, lors de sa conférence hebdomadaire.
Il a en outre dénoncé comme « répétitifs » les propos de son homologue britannique David Cameron qui avait accusé dimanche l'Iran d'exercer une « influence tout à fait néfaste dans la région » en soutenant notamment le Hamas, les Houthis et le Hezbollah libanais.
Pour rappel, un cargo israélien avait également été endommagé le mois dernier lors d'une attaque de drone présumée menée par le Corps des Gardiens de la révolution islamique iranien dans l'océan Indien, selon un responsable américain.
L'Iran accusé de soutenir les rebelle houthis
Dans le même temps, deux pétroliers et un destroyer américain naviguant en mer Rouge ont été également visés samedi par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen. Des incidents qui font suite à une série d'attaques de drones et de missiles menées ces dernières semaines en mer Rouge par les rebelles Houthis du Yémen, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza. Selon le Pentagone, les Houthis, qui contrôlent des pans entiers du territoire yéménite, dont la capitale Sanaa, ont lancé plus de 100 attaques de drones et de missiles, ciblant 10 navires marchands impliquant plus de 35 pays différents. Les Houthis répètent qu'ils continueront tant que la nourriture et les médicaments ne rentreraient pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza, le territoire palestinien bombardé et assiégé par Israël, en réaction à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien.
La Maison Blanche accuse alors l'Iran d'être très impliqué dans ces attaques : « Nous n'avons aucune raison de croire que l'Iran essaie de dissuader les Houthis de poursuivre leurs actions irresponsables », estime la Maison Blanche.
« Le soutien iranien aux Houthis est solide et se traduit en livraisons d'équipements militaires sophistiqués, en aide en matière de renseignement, en aide financière et en formation », a précisé la porte-parole, Adrienne Watson, en affirmant que Téhéran avait « rendu possibles » ces attaques tout en « déléguant les décisions opérationnelles aux Houthis ».
Et d'ajouter que sans aide de l'Iran, les rebelles yéménites auraient du mal à repérer et frapper les bateaux circulant en mer Rouge. « Nous savons que les renseignements qu'utilisent les Houthis dans l'espace maritime reposent sur des systèmes de surveillance fournis par les Iraniens », a encore insisté Adrienne Watson. Selon elle, les informations fournies par Téhéran ont joué un rôle « déterminant » dans le repérage de navires commerciaux par les Houthis. D'après le Wall Street Journal, les rebelles utilisent des renseignements fournis en temps réel par un navire espion lié au régime iranien.
Cependant, si l'Iran reconnaît son soutien politique aux Houthis, en guerre depuis 2014 contre le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, le pays dément toutefois fournir du matériel militaire aux rebelles.
Le commerce maritime mondial fortement perturbé
Des attaques qui posent problème aux Occidentaux car elles perturbent fortement le commerce maritime mondial dans la région. Le détroit de Bab el-Mandeb, où les incidents ont lieu, se situe juste avant le canal de Suez, qui voit passer un peu plus de 10% du commerce maritime mondial. Il est également un point de passage stratégique pour les hydrocarbures.
Récemment, plusieurs compagnies maritimes comme Maersk, CMA CGM (propriétaire de La Tribune), Hapag-Lloyd ou encore MSC, ont pris la décision mi-décembre de changer d'itinéraire en contournant l'Afrique par le Cap de la Bonne-Espérance. Un itinéraire qui augmente le temps de trajets, ainsi que les coûts. Peu de temps après, le pétrolier BP a pris une décision similaire. De même, Ikea, ainsi que plusieurs autres enseignes, ont indiqué que certains de leurs produits en provenance d'Asie seraient livrés avec du retard ou même absents des rayons à cause de ce changement d'itinéraire.
Nouvelle coalition
Décidés à riposter, les Etats-Unis ont lancé la semaine dernière une coalition de désormais vingt pays pour défendre le trafic maritime en mer Rouge. Elle rassemble notamment la France, la Grèce, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne, ou encore les Seychelles. Cette coalition militaire « doit faire office de gendarme routier, patrouillant en mer Rouge et dans le golfe d'Aden pour répondre aux (appels de) bateaux commerciaux qui passent par cette voie internationale vitale, et les aider si besoin », a détaillé le porte-parole du Pentagone.
Jusqu'ici, le président américain Joe Biden, qui veut éviter une propagation régionale du conflit entre Israël et le Hamas, a opté pour la dissuasion, en particulier via l'envoi de navires de guerre au Moyen-Orient. Mais selon plusieurs médias américains, il réfléchirait désormais à déclencher des frappes directes contre les Houthis.
(Avec AFP)