Prix de l'électricité  : le gouvernement incite les fournisseurs alternatifs à EDF (dont Engie) à « sortir de leur confort »

Par latribune.fr  |   |  698  mots
La ministre de la Transition énergétique les fournisseurs alternatifs « vont devoir eux aussi déployer une politique commerciale qui devra les inciter à mettre en place des contrats de long terme ». (Crédits : Blondet Eliot/ABACA via Reuters Connect)
L'accord entre l'Etat et EDF sur le futur prix de référence de l'électricité nucléaire peut être l'occasion pour les fournisseurs alternatifs à l'électricien national historique de « sortir de leur confort », via notamment une « véritable politique de production », a suggéré lundi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Vent de panique chez les concurrents d'EDF. Après l'accord entre l'Etat et le groupe nationalisé sur le futur prix de référence de l'électricité nucléaire, ils s'inquiètent des répercussions de cette réforme sur l'environnement concurrentiel.

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Engie, en particulier, le deuxième fournisseur d'électricité en France, s'est alarmé du « risque d'un renforcement de la position dominante d'EDF », dans une déclaration le 22 novembre.

« Il faudra ainsi s'assurer que les activités de producteur et de fournisseur d'EDF soient strictement séparées, afin de garantir à tous les fournisseurs un même accès aux volumes d'électricité », afin de permettre un « fonctionnement transparent et équitable de ce marché », a souligné le groupe, sans toutefois évoquer de scission d'EDF.

L'accord trouvé entre l'Etat et EDF doit permettre d'atteindre un prix de référence de l'électricité nucléaire de 70 euros le MWh à partir de 2026. Ce système prévoit un mécanisme progressif de redistribution des revenus d'EDF aux consommateurs lorsque le prix du mégawattheure dépasse certains seuils, l'un fixé à 78-80 euros et l'autre à 110 euros.

 « Couvrir de façon soutenable l'ensemble des coûts »

Dans le mécanisme actuel, depuis 2012, EDF était contraint par l'État de vendre une partie de son électricité au prix cassé de 42 euros le MWh aux fournisseurs alternatifs. Ces derniers devaient ensuite le répercuter sur les factures des consommateurs finaux. Le nouveau dispositif lui permet de « couvrir de façon soutenable l'ensemble des coûts » de son parc nucléaire ainsi que ses investissements dans les six réacteurs que l'exécutif veut construire, a déjà pu justifier le ministère de la Transition énergétique.

Cette réforme n'inquiète pas que les fournisseurs alternatifs. Frank Roubanovitch, le président de la CLEEE, une association d'entreprises grandes consommatrices d'énergie issues a dénoncé « un grand pas en arrière pour les entreprises françaises ».

« On respecte le droit européen. Cette politique commerciale doit se faire avec des pratiques de transparence et de réplicabilité », a défendu lundi Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.

Mettre en place des contrats de long terme

« Mais c'est vrai que cela oblige les fournisseurs alternatifs à sortir de leur confort, qui consistait à mettre une marge commerciale sur un produit déjà prépackagé par EDF et à se sourcer en complément sur les marchés et à se couvrir en disant 'ah ben désolés, le prix de l'électricité a augmenté sur les marchés, je ne peux rien faire' », a-t-elle souligné, lors d'une rencontre avec l'Associations des journalistes économiques et financiers.

« Les fournisseurs alternatifs vont devoir eux aussi déployer une politique commerciale qui devra les inciter à mettre en place des contrats de long terme, ce que nous souhaitons, et à augmenter leurs capacités de production directement s'ils sont producteurs ou à se sourcer auprès de gens qui ont des capacités de production », estime la ministre.

« Je réponds à Engie que bien sûr il y aura de la transparence et de la réplicabilité et je les enjoins à prendre l'opportunité de développer une véritable politique de fourniture d'électricité, avec plus de production sur le territoire français et plus de prise de risques. »

En parallèle, EDF expérimente depuis le 18 septembre la vente aux enchères sur les marchés de volumes d'électricité livrables en 2027 et 2028. L'offre cible les fournisseurs alternatifs et les traders du marché de gros de l'électricité. « C'est une façon pour le consommateur, tous les consommateurs, les très gros et les petits, de voir leur prix atterrir et ne plus être victimes d'une volatilité dictée par des phénomènes exogènes. Pour les producteurs, c'est évidemment la façon d'avoir une forme de visibilité sur leurs revenus qui déclenche l'investissement », avait plaidé Luc Rémont en juin au congrès de l'Union française de l'électricité (UFE).

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(Avec AFP)