Un projet saoudien de centrale hydroélectrique sème la discorde chez EDF

Par latribune.fr  |   |  552  mots
Certains salariés s'alarment de l'impact de ce projet qui suppose de pomper de l'eau de mer et de la dessaler, pour faire fonctionner le barrage qui doit alimenter en électricité la ville saoudienne futuriste de Neom. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
Évoquant l'impact environnemental et les droits humains de ce projet, le syndicat « FO a fait une alerte éthique » en 2022, selon un délégué syndical. L'électricien français se défend.

Une fronde interne à laquelle EDF ne s'attendait pas. Ses salariés ont interpellé la direction du groupe après avoir appris sa participation à un appel d'offres pour un projet de centrale hydroélectrique en Arabie saoudite.

Évoquant l'impact environnemental et les droits humains de ce projet, le syndicat « FO a fait une alerte éthique », a rapporté aujourd'hui à l'AFP son délégué syndical Jean-Yves Segura et élu au CSE du Centre d'ingénierie hydraulique (CIH). Confirmée à l'AFP, l'information a été révélée par la cellule investigation de Radio France.
 
Lancée en 2022, l'alerte éthique visait à demander si le projet était « bien conforme à notre raison sociale et économique », a indiqué le délégué syndical de Force ouvrière. La direction de l'entreprise publique, estimant que c'était le cas, a « classé » l'alerte, selon le syndicaliste. Depuis, les salariés ont été informés fin janvier qu'EDF avait été retenu pour réaliser les études techniques relatives à ce projet.

Le barrage de la discorde

Certains salariés s'alarment de l'impact de ce projet qui suppose de pomper de l'eau de mer et de la dessaler, pour faire fonctionner le barrage qui doit alimenter en électricité la ville saoudienne futuriste de Neom, censée être un modèle en matière de développement durable. Cette mégapole en construction, dont le coût avoisine 500 milliards de dollars, abritera notamment « The Line », des gratte-ciels parallèles recouverts de miroirs s'étendant sur 170 kilomètres de désert.

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Barrages d'un genre particulier, les Step (station de transfert d'énergie par pompage) fonctionnent comme des « méga-batteries » à ciel ouvert, grâce à un système de turbines qui permet de lâcher puis de repomper l'eau. Concrètement, cette Step « servira à stocker le surplus d'électricité qui vient du solaire et de l'éolien, pour garantir la continuité d'approvisionnement en électricité de la zone », notamment la nuit, a expliqué le syndicaliste à l'AFP.

EDF se défend

« EDF, en consortium avec Tractebel Engineering SA et Artélia SAS, a répondu le 30 juillet 2023 à l'appel d'offres pour la fourniture de prestations de services » en lien avec ce projet de Step appelé « Nestor », a indiqué la direction de l'énergéticien français. Un contrat signé début 2024 couvre pour l'instant « des études préalables » sur le projet « jusqu'à la signature des contrats de construction », a précisé EDF.

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Ce projet permettrait « d'accompagner la transformation d'un pays qui se prépare à l'après-pétrole » et « le respect des droits humains fondamentaux ainsi que des standards environnementaux et sociétaux constituent une condition préalable pour chaque projet auquel EDF prend part », souligne l'entreprise.

« Dans le cadre de notre alerte, on a demandé à ce que des agents à qui ça posait problème puissent se retirer. On ne l'a obtenu que partiellement, parce que comme les compétences ne sont pas infinies, il y a des compétences qui n'ont pas d'autre choix que de travailler dessus », a indiqué le délégué syndical de Force ouvrière. EDF assure avoir « laissé le choix aux salariés de ne pas contribuer au projet s'ils le souhaitaient ». 

(Avec AFP)