Pétrole : l'Arabie saoudite renonce à un ancien projet d'augmentation de sa capacité de production

L'Arabie saoudite a demandé à sa compagnie nationale Aramco de maintenir sa capacité de production de pétrole à 12 millions de barils par jour, renonçant à un projet d'augmentation d’un million de barils annoncé en 2021.
Aramco est le principal pourvoyeur de revenus du royaume saoudien, alimentant une majeure partie de son budget public.
Aramco est le principal pourvoyeur de revenus du royaume saoudien, alimentant une majeure partie de son budget public. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mardi 30 janvier à 10h07, mis à jour à 10h55] L'Arabie saoudite rétropédale. Le pays renonce finalement à son projet d'augmenter sa capacité de production quotidienne de brut d'un million de barils, comme annoncé en octobre 2021.

« Aramco [ndlr : la compagnie nationale] annonce avoir reçu une directive du ministère de l'Énergie pour maintenir sa capacité maximale durable à 12 millions de barils par jour (mbj) » au lieu de la porter à 13 mbj, a indiqué la société, dans un communiqué ce mardi 30 janvier.

Cela ne devrait toutefois pas avoir d'effet immédiat sur la production et les exportations de brut du pays, puisque sa production s'élève actuellement à environ neuf millions de barils par jour. Une stratégie de coupes mise en place depuis octobre 2022, reconduite par la suite, dans le but de doper les prix en net recul et du repli des cours. Encore le mois dernier, le pays avait décidé, avec les autres membres de l'Opep+ (l'organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés), d'accentuer cette réduction afin de stimuler les prix.

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Dans son communiqué, Aramco précise qu'elle « mettra à jour ses prévisions de dépenses d'investissement lorsqu'elle annoncera les résultats annuels de 2023 en mars ». Le géant pétrolier, détenu à 90% par l'État, a vu ses bénéfices baisser de 23% au troisième trimestre en rythme annuel en raison de ces coupes de production. Face à la concurrence qu'elle subit, la compagnie pétrolière a annoncé début janvier qu'elle va baisser le prix de son baril de brut pour ses clients à partir de février.

Moins dépendre du pétrole

La décision d'abandonner cet objectif « suggère que Ryad n'est pas très confiant que le monde aura besoin d'une telle capacité supplémentaire, et que l'investissement nécessaire pour atteindre et maintenir les 13 mbj serait mieux dépensé ailleurs », estime Jamie Ingram, de la publication spécialisée Middle East Economic Survey.

Aramco est le principal pourvoyeur de revenus du royaume saoudien pour alimenter son budget public. Ses recettes doivent d'ailleurs financer le vaste programme de réformes économiques et sociales souhaité par le prince héritier, Mohammed ben Salmane. Baptisé « Vision 2030 », il vise à préparer le royaume à l'après-pétrole en le transformant en un centre d'affaires, de tourisme et de sport pour diversifier son économie et ne plus dépendre autant des combustibles fossiles.

Lire aussiL'Arabie saoudite mise désormais sur ses ressources minières, le potentiel évalué à 2.500 milliards de dollars

Pour attirer les investissements étrangers, le pays compte en partie sur son secteur minier. Il a d'ailleurs annoncé au début du mois revoir à la hausse les estimations de son potentiel minéral inexploité, qu'il estime à 2.500 milliards de dollars contre 1.300 milliards auparavant. Une augmentation due « à de nouvelles découvertes de terres rares, à l'augmentation des volumes de phosphate, d'or, de zinc et de cuivre, ainsi qu'à la réévaluation de ces minéraux », avait énuméré le ministre saoudien de l'Industrie et des Ressources minérales, Bandar Alkhorayef.

Des comptes attendus dans le rouge

Reste que pour mener à bien cette transformation, l'Arabie saoudite a augmenté ses dépenses. Ce qui devrait peser sur ses comptes. Les autorités du pays avaient en effet déclaré début décembre s'attendre à un déficit de 82 milliards de riyals saoudiens (environ 21,8 milliards de dollars) pour 2023, soit 2% du produit intérieur brut (PIB). Ils tablaient même d'ores et déjà sur un déficit pour cette année 2024, moindre mais tout de même de 79 milliards de riyals saoudiens (environ 21 milliards de dollars), soit 1,9% du PIB.

Une situation qui tranche avec 2022, où le royaume du Golfe avait dégagé son premier excédent budgétaire en près de dix ans : 102 milliards de riyals saoudiens (environ 27 milliards de dollars). Il avait alors grandement profité de la flambée des prix du brut dans le sillage de l'invasion russe de l'Ukraine.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 30/01/2024 à 12:32
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1 million de tonnes en + ou en -...Qui vérifie ?

à écrit le 30/01/2024 à 10:19
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Je pense qu'il faudrait un dossier intégral sur un entier "Manière de Voir" pour commencer à distinguer un truc que l'on pourrait comprendre au sein de cette immense bouillabaisse qu'est l'argent du pétrole. Nos dirigeants sont nuls. "Hé les gars le ...

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