Climat : déluge de critiques contre l'Arabie Saoudite à la COP 28, Al Jaber fait pression

Le président de la COP 28 Sultan Al Jaber, a tapé du poing sur la table à quelques jours de la fin du sommet international. "L'échec n'est pas une option", a-t-il clamé devant les caméras du monde entier. Pressée de toutes parts, l'Arabie Saoudite est sous le feu de critiques. De nombreux Etats plaident pour l'inscription des énergies fossiles dans l'accord final. Mais le royaume, premier exportateur de pétrole au monde, fait tout pour mobiliser les membres de l'OPEP contre cette volonté.
L'Arabie saoudite a réclamé dimanche la prise en compte de ses perspectives et de ses inquiétudes dans les négociations climatiques de la COP28 où le royaume, premier exportateur de pétrole au monde, refuse un accord sur la sortie des énergies fossiles.
L'Arabie saoudite a réclamé dimanche la prise en compte de ses "perspectives" et de ses "inquiétudes" dans les négociations climatiques de la COP28 où le royaume, premier exportateur de pétrole au monde, refuse un accord sur la sortie des énergies fossiles. (Crédits : Reuters)

Les tensions sont montées d'un cran ce week-end au sommet de la COP 28. Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, a accru la pression dimanche sur l'ensemble des pays négociant à Dubaï sur la fin des énergies fossiles, mais les pays exportateurs de pétrole, au premier rang desquels son voisin l'Arabie saoudite, restent à convaincre. "L'échec n'est pas une option. Nous recherchons l'intérêt général", a prévenu Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière Adnoc, lors d'une conférence de presse de 11 minutes avant de réunir tous les ministres dans une séance appelée "majlis", une tradition des pays musulmans, où ils seront assis en rond pour discuter sur un pied d'égalité, selon lui. A quelques jours du clap de fin, tous les projecteurs sont braqués sur l'Arabie Saoudite, principal point de blocage des négociations.

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Déluge de critiques contre l'Arabie Saoudite

L'Emirati a dit sans ambiguïté qu'il n'accepterait pas de compromis qui soit incompatible avec "la science" climatique et le maintien en vie de l'objectif de réchauffement à 1,5°C, fixé par l'accord de Paris.

"Nous devons trouver un consensus et un terrain d'entente sur les énergies fossiles, y compris le charbon", a-t-il ajouté, se vantant d'être le premier président de COP à demander que les fossiles soient cités dans tout accord final. Le charbon a été mentionné en 2021 à Glasgow.

Des ONG aux négociateurs, les participants expriment ici le même sentiment qu'un accord n'a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le 19e siècle a permis l'essor économique mondial au prix du réchauffement de la planète.

Mais il reste à surmonter l'opposition du bloc mené par l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole. « Les Saoudiens n'accepteront aucun compromis. Etats-Unis, Chine, Europe et d'autres appliqueront une pression géopolitique immense sur eux pour leur dire qu'il ne faut pas qu'ils soient les seuls à faire échouer la COP », analyse Alden Meyer, du centre de réflexion E3G. « Ils ne voudront pas être les derniers ».

L'Arabie Saoudite refuse un accord sur les énergies fossiles

L'Arabie saoudite a réclamé dimanche la prise en compte de ses « perspectives » et de ses « inquiétudes » dans les négociations climatiques de la COP28 où le royaume, premier exportateur de pétrole au monde, refuse un accord sur la sortie des énergies fossiles.

Les 194 pays plus l'Union européenne impliqués dans les négociations à Dubaï doivent « traiter la réduction des émissions de gaz à effet de serre (...), accélérer le développement de toutes les technologies bas-carbone mais aussi prendre en compte nos perspectives et nos inquiétudes », a déclaré le représentant saoudien.

Il a relevé les constantes tentatives « politiques » de « cibler certains secteurs énergétiques", mais "chaque fois la science, le bon sens et les principes ont prévalu », s'est-il félicité. L'Irak a ensuite répété à son tour son refus de toute mention d'une réduction ou d'une sortie progressive des énergies fossiles.

« Inclure » dans le texte « la réduction, la sortie des énergies fossiles, et la sortie des subventions aux énergies fossiles est contraire aux principes de l'accord de Paris », a déclaré le responsable de la délégation irakienne.

« Cela détruirait l'économie mondiale et augmenterait les inégalités dans le monde », a-t-il ajouté. Les deux pays du Golfe s'exprimaient lors d'un « majlis », une tradition des pays musulmans, convoqué par le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, pour réunir en cercle et sur un pied d'égalité les représentants des pays.

Les aides au Sud

Un grand accord final dépend aussi des gages donnés aux pays émergents, comme l'Inde, qui produit encore les trois quarts de son électricité en brûlant du charbon... et aux pays en développement qui exigent des pays riches de l'aide pour installer l'énergie solaire ou les éoliennes dont ils auront besoin, ou pour s'adapter aux ravages du changement climatique (digues, bâtiments, santé, agriculture...).

«Il est évident que les pays les moins développés ne pourront pas aller à la même vitesse que les grandes puissances économiques du G20 » pour sortir des fossiles, reconnaît l'émissaire allemande pour le climat, Jennifer Morgan.

De plus en plus isolée alors que la Chine est jugée constructive, l'Arabie saoudite est accusée de faire dérailler les discussions sur ces autres sujets, pour tout bloquer.

« Les Saoudiens ralentissent les négociations sur ces sujets clés pour les pays en développement, dans l'espoir que ceux-ci seront mécontents et les rejoindront pour s'opposer au texte final sur les énergies fossiles », décrypte un observateur impliqué dans les discussions auprès de l'AFP.

Pressions contre l'Opep

Des militants ont fait une brève irruption dans le pavillon de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a fait scandale avec la révélation vendredi d'une lettre appelant ses membres à rejeter tout accord ciblant les énergies fossiles.

« Pour nous, avoir un pavillon de l'Opep à la COP c'est comme avoir un énorme forage pétrolier dans les négociations », a dénoncé Nicolas Haeringer de l'ONG 350.org, devant des visiteurs du stand étonnés.

(Avec agences)

Commentaires 2
à écrit le 10/12/2023 à 17:47
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Cette COP va se terminer comme les précédentes, et les suivantes vont se terminer de la même manière, c'est à dire avec le sentiment (justifié) qu'on ne peut pas faire grand chose pour le climat

à écrit le 10/12/2023 à 16:02
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Tout cela était prévisible, pourquoi pensez vous que la COP28 a été organisé chez celui qui avait le plus à perdre ? On se moque de nous, pour ne rien faire et surtout pas abolir les publicités commerciales et éliminer les intermédiaires !

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