Transition écologique : des scientifiques et des entreprises s'allient pour décarboner la route

Par latribune.fr  |   |  724  mots
L'Alliance devrait proposer dès le printemps 2024 une initiative sur les solutions de transport dans les zones rurales et semi-rurales. (Crédits : AdobeStock/PiyawatNandeenoparit)
Une Alliance pour la décarbonation de la route a été lancée ce mardi pour rapprocher les entreprises et les collectivités autour de solutions concrètes pour faire baisser la pollution et les émissions de CO2.

Rendre la route moins émettrice en CO2 et faire baisser sa pollution, c'est l'ambition de l'Alliance pour la décarbonation de la route, lancée ce mardi.

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Le politologue François Gémenne, membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'économiste Patrice Geoffron et Géraud Guibert, président du centre de réflexion la Fabrique écologique, qui font partie des membres fondateurs, ont expliqué, dans un communiqué transmis à l'AFP, vouloir mettre en exergue, grâce à cette initiative « les solutions de décarbonation les plus efficaces afin de réussir la transition écologique et énergétique des mobilités ».

Trouver des solutions alternatives dans les zones rurales et semi-rurales

L'Alliance devrait proposer dès le printemps 2024 une initiative sur les solutions de transport dans les zones rurales et semi-rurales. Figurent parmi les premiers membres de cette alliance des groupes de transport public comme Transdev et Keolis, des transporteurs comme Geodis, des acteurs de la recharge électrique comme GRDF, Electra ou ChargePoint, le concessionnaire Vinci Autoroutes, ainsi que deux constructeurs automobiles, BMW et Mercedes France. La Plateforme Automobile (PFA), qui représente le secteur, a également rejoint cette alliance avec le conseil départemental de l'Essonne, la métropole de Montpellier ou la ville de Valence (Drôme).

Dans une tribune publiée dans Le Monde en juin dernier, François Gemenne soulignait déjà, que, en dépit de l'importance des émissions de gaz à effet de serre par le transport routier, ce secteur continue d'être ignoré par le gouvernement. Sans doute, parce que, « dès qu'on touche à la voiture individuelle, on rencontre l'opposition des gens » souligne, aujourd'hui, le professeur de géopolitique de l'environnement à Sciences Po. « Notre message est plus positif : il y a des mesures à mettre en place pour que des trajets contraints soient réalisés autrement, comme l'électrification, les cars express, les lignes de covoiturage. »

Le gouvernement cherche à dérouiller « l'industrie du rétrofit »

Mi-novembre, le ministre des Transports Clément Beaune indiquait de son côté que les aides à la transition énergétique du transport routier seraient augmentées et clarifiées en 2024. « Nous mobiliserons plus de moyens », et devons « donner plus de visibilité sur les aides pluriannuelles, avec des niveaux de soutien garantis dans la durée », a-t-il souligné à l'issue d'une visite au salon lyonnais du transport, Solutrans.

La rétrofit, solution « complémentaire », doit, selon le ministre, aussi accélérer : les dispositifs de suramortissement qui existaient pour les véhicules neufs vont être étendus aux véhicules d'occasion convertis à l'électrique. Le gouvernement cherche à déverrouiller cette industrie et a demandé des « suggestions » aux professionnels pour faire « plus simple et plus rapide ».

Des camions expérimentent la recharge par « relais » entre Lille et Avignon, une alternative au roi diesel

Une expérimentation de recharge en « relais de poste » pour les camions roulant au gaz ou à l'électricité a été lancée le 20 novembre sur 900 kilomètres d'autoroutes entre Avignon et Lille. Pensée comme une alternative au roi diesel, cette expérience s'appuie sur quatre stations relais équipées de bornes de recharge électrique et de pompes d'avitaillement en biométhane (bioGNV, issu de la fermentation de déchets agricoles et agroalimentaires). A chaque étape, les remorques sont décrochées puis raccrochées au camion tracteur du segment suivant, comme les charrettes aux chevaux dans feu les relais de poste.

Cette expérience réunit le logisticien CEVA Logistics (groupe CMA CGM), Engie qui fournit le gaz et l'électricité, et Sanef, concessionnaire des autoroutes empruntées. Ces partenaires veulent démontrer que la décarbonation du transport routier de marchandises longue distance est possible « dès aujourd'hui » et « sans faire appel à des innovations technologiques particulières ». Les véhicules lourds, qui roulent essentiellement au diesel, représentent environ 26% des émissions du transport dans l'Union européenne. D'autres technologies vont être testées près de Paris (Vinci Autoroutes) et en Haute-Savoie (Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc) pour recharger les camions électriques en roulant, via des bobines magnétiques ou des rails électriques glissés sous le bitume. Une troisième solution est en cours de test en Allemagne, faisant appel à une caténaire, comme pour les tramways.

(Avec AFP)