Automobile : un plan national pour le rétrofit peu convaincant

Consistant à transformer une ancienne voiture thermique en électrique, le rétrofit peine à se déployer. Il est pourtant l'une des options permettant d'atteindre la neutralité carbone souhaitée en 2050. Le gouvernement a annoncé « un plan national d'action » pour son déploiement. Au menu, beaucoup d'effets annonces et très peu de concret.
Le coût d'un véhicule rétrofité est « deux à trois fois moins cher qu'un neuf », avance Antoine Desferet, cofondateur de l'entreprise Tolv.
Le coût d'un véhicule rétrofité est « deux à trois fois moins cher qu'un neuf », avance Antoine Desferet, cofondateur de l'entreprise Tolv. (Crédits : Reuters)

Coup d'accélération pour le rétrofit automobile. Ce mercredi, le gouvernement a annoncé « un plan d'action national », trois ans après le début de la mise en circulation des premiers véhicules rétrofités. Aujourd'hui, on compte seulement une centaine de voitures thermiques ayant bénéficié d'un remplacement par une batterie et un moteur électriques. Pour atteindre la neutralité carbone fixée en 2050, l'Etat a donc annoncé la volonté de travailler sur trois chantiers prioritaires afin d'accélérer le déploiement du rétrofit : « la simplification de la réglementation, le renforcement du soutien et des primes ainsi que le soutien au développement de la filière ».

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Premier frein au développement, les difficultés en matière de réglementation. L'homologation, qui permet la mise en circulation du véhicule de façon sécurisée, est longue et coûte 100.000 euros environ. Si les entreprises de rétrofit ne souhaitent pas simplifier les mesures de vérification de la voiture par mesure de sécurité, elles réclament surtout davantage d'aides et plus de rapidité, afin d'accélérer la production de véhicules rétrofités.

L'Etat a annoncé pouvoir prendre en charge les coûts des tests pour se préparer à l'homologation. D'autres mesures de simplification et de flexibilités pourront voir le jour selon le communiqué. Une annonce jugée « floue » par les acteurs de la filière. Ils espèrent une réponse à leurs attentes derrière cet effet d'annonce.

Des aides encore faibles à l'achat

Le rétrofit présente des avantages économiques et écologiques majeurs. La transformation d'un ancien véhicule pour passer à l'électrique reste la solution la moins polluante. L'Ademe avait évalué trois scénarios possibles : l'un étant de garder son ancien véhicule, le second de le revendre et d'en acheter un neuf, et le troisième étant de le « rétrofiter ». Toujours selon l'Ademe, le rétrofit permettrait « de réduire de 66% les émissions de CO2 par rapport au scénario de conservation du véhicule diesel et de 47% par rapport au scénario d'achat d'un véhicule électrique neuf. »

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Côté économie, le coût d'un véhicule rétrofité est « deux à trois fois moins cher qu'un neuf », avance Antoine Desferet, cofondateur de l'entreprise Tolv. Moins cher, certes, mais comptez tout de même autour de 17.000 euros pour des modèles comme l'ancienne R5 de Renault. Sur ce point, le gouvernement a rappelé l'augmentation du plafond d'aides à l'achat de 1.000 euros pour les ménages les plus modestes, ainsi qu'une surprime entre 1.000 et 3.000 euros pour les résidents des Zones à faibles émissions (ZFE). Des annonces peu convaincantes du côté des acteurs du rétrofit car le gouvernement a en réalité durcit les plafonds des ressources pour l'accès à ces aides en début d'année.

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Dans son communiqué, le gouvernement souhaite « renforcer les dispositifs de soutien et les primes à l'acquisition de véhicules rétrofités, pour toutes les catégories de véhicules ». Là encore, aucun montant et objectif datés n'ont été avancés.

Une filière réorganisée

Si les aides sont un enjeu clé pour débloquer la filière rétrofit, le manque d'homogénéisation au niveau européen ralentit son déploiement. De fait, seule la France a annoncé une homologation qui permet de produire à l'échelle industrielle. Le gouvernement a annoncé soutenir l'établissement d'un cadre européen pour le rétrofit, afin de solidifier la filière et « créer un véritable marché ».

Une enveloppe de 20 millions d'euros, déjà annoncée en début d'année, a été confirmée pour développer les projets liés au rétrofit. Une aide précieuse qui sera sans doute insuffisante, car les entreprises de la filière ne sont pas encore rentables et doivent miser sur des levées de fonds.

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Afin de développer au mieux l'écosystème rétrofit, l'Etat souhaite donc « mutualiser les investissements ». Le syndicat Mobilians, qui rassemble les acteurs de la filière du rétrofit, va travailler dans les prochaines semaines avec le gouvernement pour établir le calendrier et la mise en place avant 2024 des actions concrètes de ce plan national.

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Commentaires 3
à écrit le 27/04/2023 à 10:51
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Une 911 retrofitee avec une automomie de 100 bornes au max. Quel gachis.

à écrit le 27/04/2023 à 9:14
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« deux à trois fois moins cher qu'un neuf » si je donne ma 208 à 3,99L/100 gazole à électrifier ça coûtera moins cher qu'acheter une e-208 neuve (fabriquée dans un pays de l'est je crois) mais ne sera pas comparable en autonomie. On ne peut transform...

à écrit le 27/04/2023 à 5:09
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C'est pas l'Angleterre ici, plus de contraintes administratives , un petit marché de niche, il ne faudrait pas empêcher les voitures neuves garant d'emplois.

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