Les membres du gouvernement ont décidément beaucoup à dire sur la volonté d'Anne Hidalgo, la maire de Paris, de limiter la vitesse sur le périphérique à 50 km/h, contre 70 km/h aujourd'hui, après les Jeux olympiques 2024. La mairie, qui veut également réserver l'une des voies au covoiturage, entend ainsi réduire la pollution et les nuisances sonores. Et ce, afin de préserver notamment la nuit pour les 500.000 personnes voisines immédiate de cet axe, souvent résidents de quartiers populaires.
Jeudi dernier, la mairie a réitéré son intention de mettre en œuvre cette mesure. Le périphérique, l'un des principaux axes urbains d'Europe, est emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, franciliens en majorité, et circulant à 80% avec, pour seul occupant, leur conducteur.
A rebours des arguments invoqués pour justifier cette mesure annoncée fin novembre, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a pris ce vendredi la parole sur l'antenne d'Europe 1-CNews pour dire tout le mal qu'elle pense de cette disposition.
Une mesure destructrice pour « des gens qui vivent en banlieue »
« On ne prend pas une mesure, quand on est maire de Paris, sans prendre en compte tous les usagers du périphérique qui sont, comme par hasard, des gens qui vivent en banlieue, qui n'ont pas les mêmes moyens que les Parisiens, qui n'ont pas les mêmes transports en commun, je trouve ça antisocial, je trouve ça illégitime », a fustigé la ministre.
« Si c'est pour générer plus de bouchons, c'est surréaliste, parce que ça génère plus d'émissions de CO2, donc, c'est vraiment de l'écologie à la petite semaine.»
La veille, Clément Beaune, ministre délégué aux Transports avait préparé le terrain. Il a affirmé que l'État « ne validera(it) pas » fin 2024 la limitation à 50 km/h sur le périphérique parisien. « Ce n'est pas une bonne idée à court terme », a-t-il expliqué sur Franceinfo. Si le ministre « entend faire obstacle » au projet, « qu'il nous précise comment il compte le faire », a lancé Emmanuel Grégoire, lui reprochant une « posture purement politicienne ».
« Il y a au moins trois décrets qui définissent les prérogatives de l'Etat sur le périphérique », a rétorqué, sollicité par l'AFP, le ministère des Transports pour qui la Ville « a relancé cette idée sans avoir transmis le moindre dossier ».
Pour le ministère, « il est inenvisageable de faire un tel changement sans étude d'impact précise, et surtout, sans concertation approfondie avec la région, les départements, les communes concernées », sachant que « 80% des usagers du périphérique viennent de banlieue ».
Les élus de droite parisiens, par le biais de la sénatrice Agnès Evren sur X (ex-Twitter), se sont félicité « d'avoir été entendus » par le ministre des Transports. La présidente de région (LR) Valérie Pécresse avait dénoncé une décision relevant « de l'égoïsme pur » et qui « affecte en priorité les usagers qui circulent la nuit ou tôt le matin ». Plutôt que de défendre une « vraie mesure sociale », Clément Beaune, « candidat à la mairie de Paris », préfère « tordre le bras à la Ville de Paris », a rétorqué Fatoumata Koné, cheffe des élus écologistes de Paris. Clément Beaune et Emmanuel Grégoire figurent parmi les candidats putatifs pour succéder à Anne Hidalgo à l'Hôtel de Ville en 2026.
(Avec AFP)
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