Macron réaffirme la responsabilité de la France dans le Vél d'Hiv

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Macron reaffirme la responsabilite de la france dans le vel d'hiv[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a inscrit ses pas dimanche dans ceux de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande en réaffirmant la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d'Hiv de 1942 et a fustigé, sans la nommer, Marine Le Pen, pour ses récents "accommodements" sur cette page de l'histoire de France.

La France commémore ce 16 juillet l'arrestation, il y a 75 ans, de plus de 13.000 hommes, femmes et enfants juifs, par la police française à Paris et dans sa banlieue, qui ont été parqués dans le Vélodrome d'Hiver avant d'être envoyés dans des camps nazis.

Passée sous silence dans la période de l'après-guerre, la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs a été reconnue en 1995 par le président Jacques Chirac, puis réaffirmée par Nicolas Sarkozy et François Hollande.

"Si je suis ici parmi vous en ce jour sombre et solennel, c'est pour que se perpétue le fil tendu en 1995 par Jacques Chirac, à qui je veux tout particulièrement rendre hommage aujourd'hui", a dit Emmanuel Macron lors de la cérémonie de commémoration, quai de Grenelle, à Paris.

"Récemment encore, ce que nous croyons établi par les autorités de la République sans distinction partisane, avéré par tous les historiens, s'est trouvé contesté par des responsables politiques français prêts à faire reculer la vérité", a poursuivi le chef de l'Etat sur l'emplacement du Vel d'Hiv, démoli en 1959. "C'est faire beaucoup d'honneur à ces faussaires que de leur répondre. Mais se taire serait pire".

"Alors oui, je le redis ici, c'est bien la France qui organisa la rafle puis la déportation et donc, pour presque tous, la mort des 13.152 personnes de confession juive arrachés les 16 et 17 juillet 1942 à leurs domiciles."

La réaffirmation de la position adoptée depuis 22 ans était attendue de la part du chef de l'Etat, qui pendant la campagne avait appelé à regarder le "passé en face" et avait salué les "propos courageux" de Jacques Chirac sur "l'irréparable" commis par la France.

Il s'était notamment élevé contre les propos tenus par la présidente du Front national Marine Le Pen, qui a rejeté toute responsabilité de la France dans la rafle du Vel d'Hiv.

L'ancienne candidate à la présidentielle avait justifié sa position en se référant "à l'ordonnance du 9 août 1944 qui a frappé d'inexistence juridique le régime de Vichy, régime collaborateur et illégal."

"ACCOMMODEMENTS" ET "SUBTILITÉS"

"Je récuse les accommodements et les subtilités de ceux qui prétendent aujourd'hui que Vichy n'était pas la France", a déclaré Emmanuel Macron dimanche. "Car Vichy, ce n'était certes pas tous les Français mais c'était le gouvernement et l'administration de la France".

Concernant la rafle du Vel d'Hiv, au cours de laquelle 4.415 enfants de 2 à 16 ans furent arrêtés, "pas un seul Allemand n'y prêta la main", a-t-il martelé, balayant toute forme de "repentance" dans cette reconnaissance qui fait la "grandeur" de la France.

Présent à la cérémonie - une première pour un chef de gouvernement israélien - Benjamin Netanyahu a rendu hommage aux "frères et soeurs assassinés uniquement parce qu'ils étaient juifs" et aux Français qui, "au péril de leur vie, ont sauvé leurs compatriotes juifs".

"Cette invitation pour commémorer ensemble main dans la main est un geste très fort, et elle témoigne de l'amitié ancienne et profonde entre la France et Israël", a dit le Premier ministre de l'Etat hébreu, dont la venue a suscité des critiques, notamment du Parti communiste français.

A ses côtés, Emmanuel Macron a assuré que la France continuerait, avec Israël, à mener la lutte "contre le terrorisme obscur et le pire des fanatismes".

"Nous ne céderons rien aux messages de haine, à l'antisionisme parce qu'il est la forme réinventée de l'antisémitisme et nous ne céderons rien à tous ceux qui (...) cherchent à recréer les divisions", a-t-il dit.

(Marine Pennetier, édité par Simon Carraud)