Les pilotes d'Air France acceptent Boost, compagnie à coûts réduits

reuters.com  |   |  541  mots

par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - Les pilotes d'Air France ont approuvé à une large majorité le projet "Boost" de création à l'automne d'une compagnie à coûts réduits, qui doit permettre à la compagnie d'accélérer sa reconquête du marché du long-courrier.

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), qui était lui-même très critique sur ce projet, précise lundi dans un communiqué qu'il signera "dans les toutes prochaines heures" le projet d'accord de la direction d'Air France, validé à 78,2% des voix lors d'un référendum.

Ce feu vert des pilotes, qui était indispensable au projet, intervient quelques jours après l'acceptation par les hôtesses et stewards d'un nouvel accord collectif, résolvant ainsi les deux conflits potentiels qui menaçaient Air France.

Le groupe, qui dévoilera très prochainement le nom de la future compagnie et ses destinations, compte démarrer ses vols moyen-courrier cet hiver et ses vols long-courrier l'été prochain, a confirmé son directeur des ressources humaines Gilles Gateau lors d'une conférence téléphonique.

Cette future compagnie aux coûts réduits de 15% à 18% vise à sauvegarder des lignes lourdement déficitaires avec une flotte volontairement limitée à 28 avions pour répondre aux craintes des syndicats de voir ce nouveau modèle social s'étendre dans le groupe.

"L'objectif est de garder dans le groupe les lignes sur lesquelles on souffre parce qu'on est en ultra-concurrence, notamment avec les compagnies du Golfe", a précisé Gilles Gateau. "Cela n'a pas vocation à venir remplacer les lignes sur lesquelles on opère Air France dans des conditions compétitives."

Le groupe compte embaucher 250 pilotes par an d'ici la mi-2020 au sein de la seule marque Air France (excluant ainsi la filiale régionale Hop!), en partie pour compenser les départs naturels.

AUGMENTATION DE LA PART D'ACTIVITÉ D'AIR FRANCE

L'accord accepté par les pilotes entérine des clauses ne concernant pas Boost, comme des efforts de productivité à hauteur de 40 millions d'euros annuels, soldant au passage l'ancien plan de restructuration "Transform 2015" à l'origine de tensions entre les syndicats de pilotes et la direction.

Il comporte aussi une clause assez technique, mais cruciale dans les relations entre Air France et KLM : la part des heures de vols réalisées par Air France et Boost passera à 61% en 2025-26 contre 58,5% en 2017-18, afin de rééquilibrer la répartition de l'activité des parties française et néerlandaise du groupe pour refléter l'accord de fusion initial.

Cette revendication clé des pilotes d'Air France a suscité des inquiétudes aux Pays-Bas, conduisant le PDG d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac à préciser mi-mai devant les actionnaires du groupe que Boost ne visait absolument pas à gêner la croissance de KLM.

Air France-KLM, qui publiera ses résultats semestriels le 28 juillet, gagne 2,28% à 13,66 euros vers 14h40, affichant la troisième plus forte hausse de l'indice SBF120 (+0,01%). Le titre a rebondi de 164% depuis le début de l'année, contre +9% pour l'indice.

Jean-Marc Janaillac a déclaré début juillet à Reuters qu'il constatait une tendance positive en termes de fréquentation au deuxième trimestre, tout en s'inquiétant des perturbations liées aux contrôles aux frontières dans les aéroports d'Orly et de Roissy.

(Edité par Jean-Michel Bélot)