Défaite républicaine dans l'Alabama, revers pour Trump

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(Crédits : Marvin Gentry)

par Rich McKay

BIRMINGHAM, Alabama (Reuters) - Le démocrate Doug Jones a remporté l'élection organisée mardi pour un poste de sénateur dans l'Alabama, un revers politique pour Donald Trump qui s'était personnellement impliqué en faveur du candidat républicain Roy Moore dans cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis.

Les républicains vont conserver le contrôle des deux chambres du Congrès mais le résultat de cette élection va réduire leur majorité au Sénat à seulement 51 voix contre 49 aux démocrates, ce qui pourrait compliquer les efforts de Donald Trump pour faire avancer ses projets d'ici les élections de mi-mandat à l'automne 2018.

Dans un message sur Twitter, le président américain, pour lequel l'Alabama a voté à plus de 62% lors de l'élection présidentielle de novembre 2016, a félicité Doug Jones pour une "victoire âprement acquise". Il a ajouté que les républicains auraient très rapidement l'occasion de reconquérir ce siège.

Après dépouillement de 99% des bulletins, Doug Jones dispose d'une avance de 1,5 point sur Roy Moore. Ce dernier a refusé dans l'immédiat de reconnaître sa défaite en soulignant que le dépouillement n'était pas terminé et qu'un nouveau décompte pourrait être organisé en cas d'écart inférieur à 0,5 point.

La victoire de Doug Jones est d'autant plus spectaculaire qu'aucun démocrate n'a plus été élu sénateur de l'Alabama au niveau fédéral depuis un quart de siècle.

Cet ancien procureur fédéral âgé de 63 ans s'est imposé au terme d'une campagne marquée par les divisions entre républicains au plan national face aux accusations portées contre leur candidat.

Roy Moore, un ultraconservateur chrétien âgé de 70 ans, est accusé d'avoir agressé sexuellement ou d'avoir eu un comportement déplacé envers des adolescentes alors qu'il était âgé d'une trentaine d'années, ce qu'il dément.

Alors que plusieurs dirigeants républicains, dont leur chef de file au Sénat Mitch McConnell, avaient pris leurs distances avec Roy Moore, Donald Trump a au contraire décidé de peser de tout son poids pour tenter de favoriser son élection.

TRUMP N'A PAS TANT PESÉ DANS LE CHOIX DES ÉLECTEURS

Le président américain a enregistré des appels téléphoniques pour inciter les électeurs de l'Alabama à se rendre aux urnes et il a participé la semaine précédant le scrutin à un meeting en faveur de Roy Moore, qu'il a aussi soutenu sur Twitter.

Son ancien conseiller Steve Bannon a lui aussi apporté son soutien à l'ancien président de la Cour suprême de l'Alabama, poste dont Roy Moore a été écarté une première fois en 2003 pour avoir refusé de retirer une stèle représentant les Dix Commandements qu'il avait fait installer dans l'enceinte du bâtiment puis une deuxième fois en 2016 pour avoir refusé la reconnaissance du mariage homosexuel par la Cour suprême des Etats-Unis.

Les sondages réalisés à la sortie des urnes indiquent toutefois que Donald Trump n'a pas été un facteur de décision pour environ la moitié des électeurs de l'Alabama. Parmi les autres, 29% disent avoir voulu exprimer leur soutien au président américain et 20% disent avoir voté contre lui.

Les accusations portées contre Roy Moore n'ont pas joué un rôle important dans le vote de 54% des électeurs mais 41% disent au contraire qu'elles ont pesé sur leur choix.

Doug Jones, lui, a mené campagne sur le plan moral en promettant aux habitants de l'Alabama qu'il ne leur ferait pas honte à Washington.

"J'ai toujours pensé que ce qui nous unit, les habitants de l'Alabama, est plus important que ce qui nous sépare", a-t-il dit à ses partisans en liesse après avoir été donné vainqueur du scrutin.

L'Alabama a souvent fait le mauvais choix lorsqu'il s'est trouvé à la croisée des chemins, a ajouté celui qui, lorsqu'il était procureur, a inculpé d'anciens membres du Ku Klux Klan pour un attentat à la bombe commis en 1963 contre une église noire de Birmingham, fatal à quatre fillettes. "Aujourd'hui, vous avez pris le bon chemin", a-t-il dit.

(avec Andy Sullivan à Mobile et Yasmeen Abutaleb à Washington; Henri-Pierre André et Bertrand Boucey pour le service français)