Ankara menace d'intervenir en Syrie

reuters.com  |   |  435  mots
Riposte turque immediate en cas de menace venant de l'ouest syrien[reuters.com]
(Crédits : Handout)

HATAY, Turquie (Reuters) - Ankara n'hésitera pas à intervenir en Syrie, dans la poche d'Afrin et ailleurs le long de sa frontière, à moins que les Etats-Unis cessent de soutenir les milices kurdes qui opèrent dans la région, a prévenu le gouvernement turc.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, laisse planer cette menace depuis plusieurs jours et l'annonce selon laquelle Washington s'apprête à apporter son soutien à la formation par les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduite par la milice kurde YPG, d'une force de 30.000 hommes chargée d'opérer dans des zones proches de la frontière turque.

Pour Ankara, les YPG sont le prolongement syrien du Parti des travailleurs du Kurdistan, une organisation que la Turquie, comme les Etats-Unis et l'Union européenne, qualifient de terroriste.

S'exprimant devant la presse après une réunion, le vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag a déclaré que cette force constituait une menace contre la sécurité nationale, son intégrité territoriale et la sécurité de ses citoyens.

"Nous soulignons qu'une telle mesure est particulièrement néfaste", a-t-il dit. "La patience de la Turquie a atteint ses limites, personne ne doit attendre de la Turquie qu'elle fasse preuve de davantage de patience", a-t-il martelé.

Plus tôt, le Conseil national de sécurité turc avait lui aussi fait part de son hostilité à cette force soutenue par Washington, indiquant lui aussi qu'elle allait l'encontre des préoccupations sécuritaires d'Ankara.

Le gouvernement turc ne permettra pas que se forme une "armée terroriste" à ses frontières, a prévenu le Conseil dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de cinq heures.

"Toutes les mesures seront prises" et toutes les armes confiées aux combattants kurdes seront confisquées sans délais, a-t-il ajouté.

Alors que le Conseil de sécurité se réunissait, un journaliste de Reuters a observé le déploiement de neuf chars turcs près d'une base militaire située à Hatay, non loin de la frontière syrienne et de la poche d'Afrin.

"Lorsque le peuple turc et la sécurité de l'Etat turc sont menacés, lorsqu'il est nécessaire d'éliminer les risques, la Turquie agit sans hésiter", a prévenu Bekir Bozdag.

"Si les demandes de la Turquie ne sont pas acceptées, nous prendrons des mesures à Afrin et dans d'autres régions pour protéger nos intérêts", a-t-il ajouté.

"Nous prendrons ces mesures sans réfléchir à ce que d'autres pourraient dire", avant de préciser que ces mesures pourraient intervenir "brusquement".

(Dominic Evans, Nicolas Delame pour le service français)