La Russie "ne peut exclure" le risque d'une guerre avec les USA

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(Crédits : Lucas Jackson)

NATIONS UNIES (Reuters) - L'ambassadeur russe aux Nations unies a exhorté jeudi Washington et ses alliés à s'abstenir de toute action militaire contre la Syrie en représailles à l'attaque chimique présumée de Douma le week-end dernier, en disant "ne pas pouvoir exclure" le risque d'une guerre entre les Etats-Unis et la Russie.

S'exprimant à l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité demandée par la Bolivie, Vassili Nebenzia a ajouté que la situation était rendue d'autant plus dangereuse par la présence de troupes russes sur le territoire syrien.

"La priorité immédiate est de prévenir le risque d'une guerre", a déclaré l'ambassadeur aux journalistes. "Nous espérons qu'il n'y aura pas de point de non-retour."

Prié de dire s'il faisait allusion à un conflit entre les Etats-Unis et la Russie, Vassili Nebenzia a répondu: "Nous ne pouvons exclure malheureusement aucune possibilité parce que nous avons vu les messages venant de Washington. Ils sont très belliqueux."

"Ils savent que nous sommes là-bas. J'espère qu'il y aura un dialogue à ce sujet via les canaux appropriés afin d'éviter tout développement dangereux", a poursuivi l'ambassadeur de Russie.

"Le danger d'une escalade n'est pas seulement limité à la Syrie, il est plus élevé parce que notre armée est là-bas", a ajouté Vassili Nebenzia, parlant d'une situation "très dangereuse".

Donald Trump a entretenu le flou jeudi sur l'imminence d'une opération militaire contre la Syrie, accusée par les Occidentaux d'avoir mené une attaque chimique samedi dernier contre la ville rebelle de Douma, près de Damas.

La Russie a demandé que le Conseil de sécurité se réunisse vendredi et que le secrétaire général Antonio Guterres intervienne publiquement devant les Quinze pour faire un point de la situation.

La Suède a présenté jeudi un projet de résolution demandant à Guterres d'envoyer une équipe d'experts du désarmement en Syrie pour "répondre une fois pour toutes à toutes les questions en suspens sur le recours aux armes chimiques".

Mais de sources diplomatiques, on indique que la proposition suédoise n'a guère suscité d'intérêt auprès des Quinze.

Vassili Nebenzia a remercié la Suède pour ses efforts mais ajouté: "Franchement, dans les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, ce n'est pas la priorité immédiate."

Le Conseil de sécurité a rejeté mardi trois projets de résolution - deux russes, un américain - sur le recours aux armes chimiques en Syrie.

Des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sont attendus en Syrie pour enquêter sur l'attaque du 7 avril dernier à Douma. Ils ont fait savoir qu'ils commenceraient à travailler samedi.

"Nous sommes prêts à les escorter où ils veulent, quand ils veulent, à n'importe quel moment", a déclaré jeudi l'ambasadeur de Syrie à l'Onu, Bachar Dja'afari.

"Tout retard ou perturbation dans cette visite sera le résultat de la pression politique exercée sur l'OIAC par un Etat bien connu", a-t-il ajouté.

Les inspecteurs de l'OIAC ne sont pas mandatés pour établir les responsabilités de l'attaque.

(Michelle Nichols; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)