La famille Fofana lance un appel à témoins à Nantes

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NANTES (Reuters) - Les nouveaux avocats de la famille d'Aboubakar Fofana ont lancé lundi leur propre appel à témoins dans l'enquête sur la mort de ce jeune homme de 22 ans, tué lors d'un contrôle de police dans le quartier du Breil à Nantes le 3 juillet dernier.

"On sait que des gens ont nécessairement vu, mais qu'ils n'ont pas encore parlé", a expliqué Me Anne Bouillon lors d'une conférence de presse.

Une seule personne extérieure aux forces de l'ordre a jusqu'alors déposé dans le cadre de l'appel à témoins lancé par les enquêteurs juste après le drame, qui a déclenché près d'une semaine de violences dans les rues de la ville.

"On sait par expérience que, quand ces témoignages arrivent trois, six ou neuf mois plus tard, il est plus compliqué de les adresser au juge d'un point de vue de la force probante », a ajouté Me Franck Boëzec. "Il est très important qu'on se mobilise dans les quartiers, qu'on ne cède pas au découragement ou à la violence collective, mais que les choses puissent apparaître maintenant."

Les deux avocats se sont dits par ailleurs "sidérés" par la "pratique extra-ordinaire" du parquet de Nantes, "au regard de ses pratiques habituelles" dans des dossiers d'homicides.

Le CRS auteur du coup de feu mortel a en effet été mis en examen vendredi soir pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par personne dépositaire de l'autorité publique et avec usage d'une arme", un crime passible de vingt ans de réclusion criminelle.

Il a été placé sous simple contrôle judiciaire, avec interdictions de porter une arme, d'entrer en contact avec ses collègues et de paraître sur la ville de Nantes. Le juge des libertés et de la détention (JLD) n'a pas été non plus saisi, ce qui aurait donné lieu à une audience publique.

"Généralement, en pareil cas, le procureur ouvre une enquête pour homicide volontaire, pas du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a rappelé Me Franck Boëzec.

"On a peur que le parquet soit (...), dans ce dossier, quelqu'un qui tire vers le bas la vérité", a ajouté l'avocat. "Nous solliciterons auprès des juges (...) pour faire en sorte que la vérité sorte."

(Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)