Trump nomme le conservateur Kavanaugh à la Cour suprême

reuters.com  |   |  700  mots
Trump nomme le conservateur kavanaugh a la cour supreme[reuters.com]
(Crédits : Jim Bourg)

par Lawrence Hurley et Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) - Le président américain Donald Trump a annoncé lundi soir son choix pour le siège à pourvoir à la Cour suprême des Etats-Unis, en présentant sans surprise un magistrat conservateur catholique, le juge de cour d'appel Brett Kavanaugh.

En choisissant ce cinquagénaire qui a passé 12 ans à la Cour d'appel de Washington, la plus influente des Etats-Unis, le président républicain vise à renforcer le contrôle des conservateurs sur la plus haute instance judiciaire du pays, qui compte neuf membres.

Il s'agit de la deuxième nomination effectuée par le président à la Cour suprême depuis 18 mois qu'il est au pouvoir après le choix l'an dernier de Neil Gorsuch, qui était déjà l'un des juges les plus conservateurs.

Si le Sénat confirme sa nomination, Brett Kavanaugh, 53 ans, remplacera Anthony Kennedy, 81 ans, qui a annoncé fin juin qu'il souhaitait prendre sa retraite.

Le processus de confirmation s'annonce long. Les républicains de Trump ne disposent que d'une courte majorité au Sénat (51-49) et certains démocrates ont fait savoir qu'ils allaient s'efforcer de bloquer la nomination de Brett Kavanaugh.

Brett Kavanaugh est une personnalité bien connue à Washington. Il a été partie prenante dans certaines des plus grandes controverses des deux dernières décennies.

Il a aidé à enquêter sur l'ancien président démocrate Bill Clinton dans les années 1990 en travaillant pour le procureur indépendant Kenneth Starr dans l'affaire du Monicagate.

Il a fait partie de l'équipe républicaine de George W. Bush dans l'épineuse affaire du recomptage des voix en Floride lors de l'élection présidentielle de 2000. Il a ensuite servi comme haut responsable à la Maison blanche sous George W. Bush.

"Dans les cercles juridiques, il est considéré (...) comme un véritable leader d'opinion parmi ses pairs", a déclaré Donald Trump, sous les applaudissements à la Maison blanche.

INTERPRÉTER LA LOI

"C'est un brillant juriste avec un style d'écriture clair et efficace, universellement considéré comme l'un des esprits juridiques les plus fins et les plus vifs de notre temps, et, tout comme le juge Gorsuch, il a excellé en tant qu'employé juridique du juge Kennedy", a ajouté Trump.

Brett Kavanaugh "mérite une confirmation rapide et un soutien bipartisan robuste", a ajouté le président.

Sa nomination ne change pas l'orientation idéologique de la Cour suprême, dont cinq des neufs juges sont déjà de sensibilité conservatrice. Mais il pourrait faire pencher l'institution encore un peu plus vers la droite. Alors qu'Antony Kennedy rejoignait parfois les juges "progressistes" lors de la prise de décision sur les questions sociales comme l'avortement et les droits des homosexuels. Il n'est pas sûr que son remplaçant fasse de même.

Brett Kavanaugh affiche un bilan judiciaire solidement conservateur depuis 2006 sur l'influente Cour d'appel des États-Unis pour le circuit du District de Columbia, la même instance judiciaire où trois juges actuels, y compris le juge en chef John Roberts, ont déjà servi.

Comme Neil Gorsuch, qui est âgé de 50 ans, Brett Kavanaugh pourrait potentiellement servir à la Cour suprême pendant des décennies. Les magistrats sont en effet nommés à vie.

Les autres candidats principaux de Donald Trump à ce poste étaient les juges d'appel fédéraux Thomas Hardiman, Raymond Kethledge et Amy Coney Barrett.

"Ma philosophie judiciaire est simple: un juge doit être indépendant et doit interpréter la loi, et non faire la loi. Un juge doit interpréter les lois telles qu'elles sont écrites et un juge doit interpréter la Constitution comme étant écrite, informé par l'histoire, la tradition et les précédents", a déclaré Brett Kavanaugh lors de la cérémonie, lors de laquelle il a mit l'accent sur sa famille et sa foi catholique.

Pour sa nomination par George Bush à la Cour d'appel en 2003, Brett Kavanaugh a survécu à un processus de confirmation très âpre. Certains démocrates l'ont accusé d'être excessivement partisan. Il a fallu trois ans avant que le Sénat vote sa confirmation.

(Eric Beech et Lawrence Hurley; Danielle Rouquié pour le service français)