May propose à Trump de bâtir un avenir commun plus prospère

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May veut renforcer les liens entre londres et washington[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

par William James et Jeff Mason

BLENHEIM PALACE, Angleterre (Reuters) - Theresa May s'est efforcée jeudi de préparer le terrain à la conclusion d'un accord commercial avec les Etats-Unis après la rupture avec l'Union européenne, à l'occasion de la première visite de Donald Trump en Grande-Bretagne.

La Première ministre, qui a reçu le président américain au palais de Blenheim, la demeure des Churchill, près d'Oxford, pour un dîner de gala en présence d'une centaine de chefs d'entreprises, n'a pas relevé les remarques de son hôte, qui a dit arriver dans un lieu "assez sensible", après les démissions de deux poids-lourds du gouvernement hostiles au plan de sortie de l'UE adopté la semaine dernière, sur lequel il s'est lui aussi interrogé.

"Monsieur le Président, Sir Winston Churchill a dit un jour: Avoir les Etats-Unis à nos côtés était, pour moi, la plus grande joie', devait déclarer Theresa May, selon les extraits de son discours diffusés au préalable.

"L'esprit d'amitié et de coopération entre nos pays, nos dirigeants et notre peuple, qui est la plus forte des relations, a une longue et fière histoire. Maintenant, pour le bien de nos peuples, travaillons ensemble pour bâtir un avenir plus prospère", a-t-elle poursuivi, ajoutant qu'Etats-Unis et Grande-Bretagne n'étaient "pas seulement les alliés les plus proches, mais les amis les plus sincères".

Dans un entretien accordé au Sun, Donald Trump a estimé que le plan de sortie de l'Union européenne de Theresa May, qui prévoit le maintien des liens commerciaux étroits avec les Etats-membres, "tuerait" probablement toute perspective d'accord commercial avec les Etats-Unis.

"S'ils concluent un accord comme celui-ci, nous traiterons avec l'Union européenne plutôt qu'avec le Royaume-Uni, ce qui va probablement tuer l'accord", a déclaré le président des Etats-Unis, selon des extraits de l'entretien diffusés en toute fin de soirée jeudi avant sa publication.

Quelques milliers de manifestants s'étaient rassemblés dans la journée à l'extérieur du palais de Blenheim pour huer Donald Trump à son passage. Une centaine d'autres manifestations sont prévues pendant sa visite, qui doit s'étaler sur quatre jours.

"JE SUIS TRÈS FORT SUR L'IMMIGRATION"

Elle intervient à un moment délicat pour Theresa May, après la démission des ministres des Affaires étrangères et du Brexit, Boris Johnson et David Davis, mécontents du plan de sortie de l'UE mis au point vendredi dernier, qui prévoit le maintien de liens commerciaux à leurs yeux trop étroits avec l'UE.

Donald Trump, qui a évoqué la "tourmente" que connaît la Grande-Bretagne, est de longue date favorable au divorce entre Londres et Bruxelles et a fait part de son enthousiasme quant à un accord commercial de grande envergure avec la Grande-Bretagne une fois la rupture consommée.

"Je vais dans un endroit assez sensible, n'est-ce pas ? Où il y a eu de nombreuses démissions", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au sommet de l'Otan.

"Les gens ont voté pour la rupture, alors j'imagine que c'est ce qu'ils vont faire, mais peut-être prennent-ils un chemin un peu différent, donc je ne sais pas si c'est pour cela qu'ils ont voté", a-t-il ajouté.

Interrogée sur ces propos, Theresa May s'est contentée d'assurer qu'elle exhausserait les vœux du peuple britannique.

Le président américain et la Première ministre britannique s'entretiendront vendredi à sa résidence de campagne de Chequers, à 60 km de Londres, sur le commerce, le Brexit, la Russie et le Moyen-Orient, a-t-on précisé au 10, Downing Street.

Plus tard, Donald Trump prendra le thé avec la reine Elizabeth II au château de Windsor.

Il quittera le Royaume-Uni dimanche, après une escale en Ecosse, où il possède deux parcours de golf, pour se rendre à Helsinki où il doit rencontrer lundi le président russe Vladimir Poutine.

De nombreux Britanniques s'opposent à cette visite de Trump. D'après un sondage YouGov publié mercredi, 77% d'entre eux ont une opinion négative du président américain et 50% seulement pensent que cette visite doit avoir lieu.

"Je pense qu'on m'aime beaucoup au Royaume-Uni", a dit Donald Trump à Bruxelles. "Je crois qu'ils sont d'accord avec moi sur l'immigration. Je suis très fort sur l'immigration".

(avec Elizabeth Piper, Alistair Smout et David Milliken; Jean Terzian, Arthur Connan et Jean-Philippe Lefief pour le service français)