Le gouvernement britannique livre sa vision du Brexit

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Le gouvernement britannique livre sa vision du brexit[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

par Elizabeth Piper et Andrew MacAskill

LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a publié jeudi le plan du gouvernement pour le Brexit, un "livre blanc" qui prévoit notamment une "zone de libre-échange des biens" avec l'Union européenne et qui suscite la colère des plus farouches partisans de la rupture avec Bruxelles.

La stratégie de sortie de l'UE, annoncée en fin de semaine dernière par Theresa May à l'issue d'un séminaire gouvernemental, a provoqué lundi les démissions du ministre chargé du Brexit, David Davis, et du secrétaire au Foreign Office, Boris Johnson, ainsi que des critiques de parlementaires du Parti conservateur s'estimant trahis par la volonté de la Première ministre de maintenir des relations commerciales aussi étroites que possible avec l'Union.

Malgré ces remous, Theresa May a gardé le cap et a dévoilé, comme prévu, ce "livre blanc" qui vise à établir les futures relations entre la Grande-Bretagne et le bloc européen.

Adopté après des heures de négociations vendredi dernier, le projet prévoit la fin de la libre circulation des personnes et signale que le secteur britannique des services n'aura pas les niveaux actuels d'accès aux marchés de l'UE.

Selon le document de 98 pages qui présente la position du gouvernement, il a été convenu de négocier une "zone de libre-échange pour les marchandises" qui permettrait au Royaume-Uni d'avoir un "règlement commun pour tous les biens" dans un territoire douanier commun. Cela permettrait au Royaume-Uni de fixer ses propres droits de douane et de conclure de nouveaux accords de libre-échange.

MICHEL BARNIER IMPATIENT DE NÉGOCIER AVEC LONDRES

Il est également prévu que le Parlement aura le pouvoir de décider si le Royaume-Uni continue ou non de suivre la législation de l'UE à l'avenir.

Les Britanniques font également part de leur intention de poursuivre leur participation au sein des agences de l'Union européenne qui fournissent des autorisations pour les marchandises, comme celles des produits chimiques, de la sécurité aérienne et des médicaments.

Ils accepteront leurs règles et contribueront au budget, précise le document, tout en reconnaissant que le Royaume-Uni n'est plus un Etat membre.

Reste à savoir si l'UE acceptera le projet britannique, vu par certains responsables de Bruxelles comme une simple base de travail.

Dominic Raab, nommé lundi ministre du Brexit en remplacement de David Davis, attend désormais une réponse de l'UE.

"Nous abordons ces négociations avec un esprit pragmatique, de compromis et, bien sûr, amical. J'espère que l'UE va étudier nos propositions avec le même esprit", a-t-il déclaré devant le Parlement britannique.

Michel Barnier, le négociateur européen pour le Brexit, a dit pour sa part qu'il allait étudier les propositions britanniques avec les Etats membres et le Parlement européen.

"Impatient de négocier avec le Royaume-Uni la semaine prochaine", écrit-il sur Twitter.

"BONNE APPROCHE"

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a salué la publication du "livre blanc" qui semble conforme au projet de compromis de Chequers. Il ajoute que cette semaine a été "bonne" pour le Brexit.

Dans la préface du livre blanc, Dominic Raab note que "quitter l'Union européenne implique des défis et des opportunités. Nous devons relever les défis et saisir les opportunités".

"C'est la bonne approche, à la fois pour le Royaume-Uni et pour l'UE", a-t-il ajouté. "Le livre blanc explique dans les détails comment cela fonctionnera."

Theresa May cherche à satisfaire à la fois les demandes des entreprises, des partisans du Brexit, des électeurs favorables à l'UE et celles de Bruxelles.

"Le Brexit devait être une opportunité et un espoir", a écrit Boris Johnson dans la lettre de démission adressée à Theresa May. "Ce rêve est en train de mourir, étouffé par un déficit injustifié de confiance en nous", poursuit-il, dénonçant un "demi-Brexit" qui conduira selon lui la Grande-Bretagne au statut de "colonie" de l'UE.

Des députés favorables à la rupture avec l'UE ont estimé que le plan de Theresa May n'avait de Brexit que le nom et qu'il constituait une véritable trahison pour les électeurs qui ont voté pour le départ de l'UE en juin 2016.

Jeremy Hunt, qui a remplacé Boris Johnson à la tête du Foreign Office, a dit s'attendre à des "débats très vifs" au Parlement, tout en disant, à l'instar de Dominic Raab, que le texte permettait d'aller de l'avant dans les négociations avec Bruxelles.

(Jean Terzian, Benoît Van Overstraeten et Arthur Connan pour le service français)