Europe : L'Azerbaïdjan accepte de révéler l’état de ses prisons

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STRASBOURG (Reuters) - Dix-sept ans après son adhésion au Conseil de l'Europe, l'Azerbaïdjan autorise la publication inconditionnelle de tous les rapports du Comité de prévention de la torture (CPT) sur ses lieux de détention tels que prisons, commissariats et hôpitaux psychiatriques.

Les six rapports relatifs à des visites effectuées entre 2004 et 2017, qui doivent être publiés mercredi à Strasbourg, révèlent une situation alarmante, selon le CPT.

"Le recours à la torture et à d'autres formes de mauvais traitements physiques par la police, par d'autres services appartenant aux forces de l'ordre et par l'armée, la corruption au sein de l'ensemble du système d'application des lois et l"impunité restent systémiques, répandues et endémiques", affirme dans un communiqué ce comité d'experts issus des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe.

"Les constatations faites pendant la visite ad hoc de 2017 laissent penser qu'il existe une culture de la violence généralisée au sein du personnel de divers services rattachés aux forces de l'ordre", ajoute-t-il.

"Malgré les réformes législatives et les efforts en vue de rénover les anciennes prisons et d'en construire de nouvelles, il existe un problème constant de surpopulation carcérale, de conditions matérielles médiocres, de manque d'activités", soulignent encore les experts.

Si le CPT bénéficie d'un droit d'accès inconditionnel aux lieux de détention au sein de tous les Etats membres, ceux-ci doivent donner leur autorisation pour la publication des rapports.

L'Azerbaïdjan était l'un des deux seuls à ne donner son feu vert qu'au cas par cas. La Russie, qui n'a laissé publier que trois rapports sur 27 depuis son adhésion au Conseil de l'Europe en 1996, devient le dernier.

"La décision de l'Azerbaïdjan de publier l'ensemble des rapports jusque-là restés confidentiels représente une avancée majeure ; cela laisse présager une nouvelle ère en ce qui concerne notre coopération et constitue un indice manifeste que les autorités sont prêtes à (...) répondre aux graves problèmes évoqués dans ses rapports de manière effective", estime, dans le communiqué, Mykola Gnatovskyy, président du CPT.

Ancien Etat membre de l'URSS, l'Azerbaïdjan n'a connu que deux présidents depuis 1993, Heydar Aliyev, puis son fils Ilham, élus à l'issue de scrutins généralement critiqués par les observateurs.

Il a été récemment mis en cause, au sein du Conseil de l'Europe, pour corruption active au sein de l'Assemblée parlementaire et refus d'exécution d'un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme.

(Gilbert Reilhac, édité par Simon Carraud)