SAP relève ses prévisions mais peine à convaincre

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Sap releve son objectif face a l'acceleration dans le cloud[reuters.com]
(Crédits : Tatyana Makeyeva)

par Douglas Busvine

FRANCFORT (Reuters) - SAP a publié jeudi des résultats trimestriels meilleurs que prévu et relevé ses objectifs annuels face à l'accélération de la croissance du revenu dans l'informatique dématérialisée (cloud) mais le titre recule, le marché se focalisant sur la faiblesse du revenu des licences classiques.

La réaction des investisseurs contraste avec l'optimisme affiché par le président du directoire, Bill McDermott, sur la capacité du groupe allemand de logiciels professionnels à se développer sur le marché des logiciels de relation clients.

A 10h42 GMT, le titre perdait 1,7% après avoir cédé jusqu'à 3,7%.

Le numéro un européen du logiciel a aussi relevé son objectif à moyen terme du revenu de l'activité dans le cloud, en hausse de 40% au deuxième trimestre à taux de changes constants.

"SAP présente une stratégie claire, ses clients sont déjà en train de la valider au deuxième trimestre et nous relevons notre objectif pour signaler qu'une nouvelle vague de croissance s'est déclenchée", a dit Bill McDermott.

Cet enthousiasme n'a toutefois pas été immédiatement partagé par les investisseurs qui s'inquiètent des performances de l'activité classique de licences sur la période.

Les analystes de Goldman Sachs se disent désagréablement surpris par la faiblesse des revenus des licences de logiciels, tout en conservant leur recommandation à l'achat sur le titre.

"Les investisseurs se détermineront, entre d'un côté la croissance plus faible que prévu des ventes de licences et la stagnation des marges sous-jacentes et, de l'autre, la poursuite du dynamisme dans le cloud", écrivent-ils, en prédisant un repli du titre après une période de bonne performance boursière.

TRANSITION EN PROFONDEUR

Knut Woller, analyste de Baader Helvea, juge en revanche que les investissements importants mis en oeuvre par SAP commencent à porter leurs fruits et que le groupe aborde une phase d'accélération de la croissance de ses profits.

La société basée à Walldorf a engagé une transition en profondeur pour basculer vers l'informatique dématérialisée, avec le lancement de la suite de logiciels S/4HANA pour les opérations de "back-office", puis de C/4HANA en juin pour la gestion de la relation clients pour concurrencer le leader Salesforce.

Bill McDermott a annoncé que C/4HANA serait disponible dans sa version totalement intégrée d'ici neuf mois. Il a dit prévoir une croissance à trois chiffres de l'activité gestion des clients.

"Nous prenons d'assaut le marché", a-t-il dit jeudi.

Selon le cabinet Gartner Research, le marché des logiciels de gestion des relations clients (CRM) va croître à un rythme annuel de 13,5% pour atteindre 82 milliards de dollars (70,7 milliards d'euros) d'ici 2022, une croissance deux fois plus rapide que celle des logiciels de planification des ressources d'entreprise (ERP), qui sont jusqu'à présent au coeur des activités de SAP et dont le marché devrait atteindre 48 milliards de dollars d'ici-là.

OBJECTIFS RELEVÉS

SAP a annoncé pour le deuxième trimestre un bénéfice opérationnel en hausse de 12% à taux de changes constants, à 1,640 milliard d'euros, alors que les analystes interrogés par Reuters attendaient 1,635 milliard, et un bénéfice par action de 0,98 euro (consensus 0,99 euro).

Son chiffre d'affaires a progressé de 10% à taux de changes constants à 6,014 milliards d'euros (consensus 5,921 milliards).

Le groupe a relevé les limites basses de ses fourchettes de prévisions de croissance du chiffre d'affaires à devises constantes et de bénéfice opérationnel, qui sont désormais à respectivement 6,0%-7,5% et 9%-11% pour l'ensemble de l'année.

Il table maintenant sur une croissance sur l'ensemble de l'année de 34% à 38% du revenu issu des abonnements et du support client dans le cloud, principal soutien à la croissance de SAP, contre 31% à 36,5% auparavant.

Pour l'année 2020, SAP s'attend à un revenu sur ce dernier segment de marché situé entre 8,2 milliards et 8,7 milliards d'euros, contre 8,0 à 8,5 milliards précédemment. La société a laissé ses autres objectifs à moyen terme inchangés.

(Avec Helen Reid; Juliette Rouillon pour le service français, édité par Bertrand Boucey)