Yémen : Enquête après la mort de dizaines d'enfants dans une frappe

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Yemen: les houthis saluent la demande d'enquete independante[reuters.com]
(Crédits : Khaled Abdullah)

SANAA/DUBAI/GENEVE (Reuters) - La coalition militaire de pays arabes menée par l'Arabie saoudite a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête sur la frappe aérienne qui a tué des dizaines d'enfants jeudi au Yémen, alors que Ryad avait dans un premier temps qualifié ce bombardement d'un acte légitime contre ses ennemis houthis.

D'après les rebelles houthis qui contrôlent une grande partie du Yémen, ce bombardement qui a touché jeudi matin un autocar transportant des enfants alors qu'il traversait un marché à Dahyan, une commune de la province houthie de Saada, dans le nord du Yémen, a tué au moins 40 enfants.

Sur son compte Twitter, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Yémen, Johannes Bruwer, reprend les informations fournies par les autorités de Saada: "Sur un nombre total de 130 victimes, 51 morts, dont 40 enfants, et 79 blessés, dont 56 sont des enfants", écrit-il. "Ces chiffres parlent d'eux-mêmes", ajoute-t-il.

La veille, citant les chiffres recueillis dans le seul hôpital de Saada où opèrent ses équipes, le CICR avait fait état de 29 enfants tués, tous âgés de moins de quinze ans.

Cette frappe a suscité une condamnation internationale.

La directrice générale de l'Unicef, Henrietta Fore, a estimé dans un communiqué que cette attaque "terrifiante" marquait "un plancher dans la guerre brutale" au Yémen.

A Saada, la population a commencé à creuser des tombes pour préparer les funérailles qui doivent se tenir samedi.

"Que Dieu nous donne la patience", commente Hussein Hussein Tayeb, qui a perdu trois fils. Il effectuaient un voyage scolaire pour visiter une mosquée et des tombes.

Ahmed avait 11 ans. Ses frères Youssef et Ali 14 et neuf ans.

Sur les images de Reuters TV, on voit les garçons qui ont survécu alités à l'hôpital de Dahyan. Beaucoup ont la tête enveloppée de bandes.

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a condamné la frappe et demandé "une enquête indépendante et rapide".

NOUVELLES FRAPPES

Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont été informés et ont appelé à une enquête "fiable et transparente".

Annonçant l'enquête sur la frappe contre l'autocar, l'agence de presse saoudienne a cité un responsable de l'alliance.

"La coalition est fermement déterminée à enquêter sur toutes les allégations relatives à des erreurs ou des violations du droit international, à sanctionner ceux qui en sont à l'origine et à fournir une assistance aux victimes", a déclaré ce responsable.

Les Etats arabes avaient d'abord affirmé que les frappes aériennes contre l'autocar relevaient d'une "action militaire légitime" contre des lanceurs de missiles utilisés contre l'Arabie saoudite, menées conformément au droit international humanitaire.

Les Etats arabes ont procédé à de nouvelles frappes aériennes vendredi, dans la province de Marib, à l'est de la capitale, Sanaa, a rapporté la chaîne de télévision houthie al Massirah. Une fillette a été tuée. Plusieurs personnes dont la maison était visée ont été blessées.

Al Massirah a par ailleurs rapporté que les Houthis avaient tiré un certain nombre de missiles balistiques contre l'Arabie saoudite, sur les provinces de Djizan et Assir, à la frontière. L'Arabie saoudite a intercepté deux missiles tirés sur Djizan, selon la chaîne de télévision al Arabiya.

La coalition constituée par l'Arabie saoudite est intervenue dans la guerre civile au Yémen en mars 2015 pour chasser les Houthis chiites soutenus par l'Iran, qui contrôlent une grande partie du nord du Yémen, et notamment sa capitale Sanaa, et rendre le pouvoir au gouvernement yéménite en exil.

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a condamné vendredi cette frappe aérienne et apporté son soutien à l'ouverture d'une enquête.

"La France rappelle également sa condamnation des attaques houthies contre le territoire saoudien, qui ont fait un mort et des blessés parmi les civils dans la nuit du 7 au 8 août, selon la coalition", poursuit le communiqué du Quai d'Orsay, qui appelle toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et insiste sur l'urgence qu'il y a à mettre un terme au conflit.

(Maher Chmaytelli à Dubaï et Stephanie Nebehay à Genève, avec Sudip Kar-Gupt à Paris; Pierre Sérisier, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)